Top 20 des rééditions de 2020

par Rédaction PAN M 360

De toutes les rééditions parues cette année qui nous sont passées entre les mains, nous en avons retenu vingt couvrant un peu tous les styles et aux horizons variés. À vous maintenant de les (re)découvrir.

On ne réédite pas un album mauvais ou moyen, non, on réédite les albums magiques, classiques, mythiques, sous-estimés, les albums clés, ceux qui ont marqué leur époque pour les bonnes ou les mauvaises raisons… C’est donc pour dire qu’une réédition, c’est toujours une fête puisqu’on y retrouve presque chaque fois une version bonifiée d’un album qu’on a aimé, avec parfois des chansons (et infos et photos) inédites, différents mixes, chutes de studio, ou alors des morceaux oubliés, disparus, introuvables que des passionnés ont compilé pour notre plus grand bonheur. – Patrick Baillargeon

Beverly Glenn-Copeland – Keyboard Fantasies

Pays : Canada / États-Unis
Label :
Transgressive
Genres et styles :
électronique / folk / gospel / new age / ambient / dream pop expérimentale
Date de sortie :
25 septembre

Keyboard Fantasies est un chef-d’œuvre de 1986 écrit pour et interprété sur un Yamaha DX-7 et un Roland TR-707. Il n’avait jamais été largement diffusé et constituait une sorte de Graal à redécouvrir pour les véritables mélomanes. C’est désormais chose faite, et vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas connaître cette merveille de zénitude légère, bienveillante et parfois doucement pimpante. Les geeks de Glenn-Copeland qualifient souvent Keyboard Fantasies de bijou New Age. En ce qui me concerne, s’il s’agit de New Age, c’est dans sa frange expérimentale que cet album se situe. – Frédéric Cardin

Yanti Berasaudra – Yanti Berasaudra

Pays : Indonésie
Label : La Munai
Genres et styles : asiatique du Sud-Est / pop psychédélique
Date de sortie : 7 juillet

Paru en 1971 sous étiquette Polydor Singapour et ressuscité par le label La Munia de Jakarta, ce dernier album éponyme du trio vocal Sundanais des sœurs Yani, Tina et Parlina Hardjakusumah n’a rien perdu de son charme un demi-siècle plus tard. Toute impression de désorientation pouvant être ressentie par un Occidental en raison de la langue ou de l’échelle heptatonique du pelog de cette région de l’Indonésie est très vite balayée par ce mélange luxuriant de guitare, d’orgue, de vibraphone et de chant céleste qui fait se demander comment on a pu s’en passer tout ce temps. – Rupert Bottenberg


Nails – Unsilent Death (10th Anniversary Edition)

Pays : États-Unis
Label :
Southern Lord Records
Genres et styles :
grindcore / death metal / hardcore
Date de sortie :
27 novembre

Parlez-moi d’une réédition qui en met plein les oreilles ! Au premier disque du groupe grindcore ‘n’ roll californien on a ajouté les trois chansons du 45 tours Obscene Humanity (2012) et deux morceaux enregistrés en même temps qu’Unsilent Death. Ça décape, c’est dansant et ça met de bonne humeur. – Christine Fortier

Jeremiah Sand – Lift It Down

Pays : États-Unis
Label : Sacred Bones
Genres et styles : folk / alternatif / psychédélique
Date de sortie : 30 octobre

L’histoire derrière cet album est peu commune. Jeremiah Sand, pseudo prophète hippie à l’égo démesuré, décide d’élire domicile dans un studio proche de la ville de Redding pour « réaliser sa vision » avec sa communauté The Children of The New Dawn. Après plusieurs années de squat, les choses tournent évidemment mal entre la drogue et des histoires de disparition et même de meurtre, ce qui les oblige à quitter le studio sans jamais terminer l’album. Sacred Bones ressort cet artefact incongru d’un homme soi-disant éveillé, très certainement allumé, voire dérangé. – Louise Jaunet


Lil Peep Hellboy

Pays : États-Unis
Label :
AUTNMY
Genres et styles :
hip-hop / emo rap / alternatif
Date de sortie :
25 septembre

La réédition à titre posthume de Hellboy (2016) par la succession de Lil Peep permet à la première mixtape de l’artiste d’être vendue sur les plateformes numériques. Celui qui a pratiquement inventé le emo rap (du moins, il en a été l’une des icônes les plus proéminentes) est également devenu l’un des artistes les plus en vogue sur SoundCloud grâce à cette mixtape enregistrée dans un loft à Skid Row. Témoignant de ses luttes internes avec des paroles nihilistes et cyniques, elle est la plus complète de sa jeune carrière. – Roxane Labonté 

Pauline Oliveros, Stuart Dempster, Panaiotis – Deep Listening

Pays : États-Unis
Label : Important Records
Genres et styles : ambient / improvisation / contemporain
Date de sortie : 31 janvier

Enregistré dans une citerne aux propriétés acoustiques prodigieuses, ce disque propose une expérience immersive à nulle autre pareille. Imaginez, la réverbération y dure près de 45 secondes ! Les instruments à l’honneur sont l’accordéon, le trombone, le didjeridoo, la voix, le sifflement ainsi que la conque, quelques bouts de tuyau et de métal en guise de percussion et un tronçon de boyau d’arrosage. Un véritable classique du genre qui vient d’être réédité pour la première fois depuis sa parution en 1989, dans une version vinyle rematricée avec trois pièces supplémentaires, enregistrées au même endroit mais avec une clarinette en plus, tirées d’un album du Deep Listening Band de 1991. – Michel Rondeau


Edikanfo The Pace Setters

Pays : Ghana
Label :
Glitterbeat
Genres et styles :
afrobeat / disco / funk / highlife
Date de sortie :
8 mai

Parmi les explorations africaines de l’emblématique magicien du son Brian Eno au tournant des années 80 figure la production de ce premier (et malheureusement dernier) album de l’octuor ghanéen Edikanfo. L’épisode que traversait le Ghana à cette époque ajoute une note tragique à ce vestige d’une carrière écourtée. La palette panafricaine d’Edikanfo réunit le bouillonnant highlife et l’irrésistible rythmique de l’afrobeat avec un soupçon d’ethio-jazz et de disco. Entre les choix inspirés de la formation et les habiles manipulations d’Eno, The Pace Setters est une capsule témoin indispensable d’un groupe qui aurait pu connaître un très grand succès. – Rupert Bottenberg

Paul Tortelier: RIAS Recordings – Paul Tortelier, Lothar Broddack, Klaus Billing

Pays : France
Label : Audite
Genres et styles : classique / baroque / romantique
Date de sortie : 7 février


Tortelier était un violoncelliste d’exception. Cette réédition nous le présente sous son meilleur jour, bien entendu, avec de superbes lectures de chefs-d’œuvre (Bach, Fauré, Schumann, Kodaly…). Beaucoup de musique de chambre ici, avec des prises de son qui étaient déjà très bonnes à l’époque. On ne peut demander mieux. – Frédéric Cardin


Global Communication Transmissions

Pays : Royaume-Uni
Label :
Evolution
Genres et styles :
ambient / downtempo / électonique / house / IDM
Date de sortie :
20 octobre

Au début des années quatre-vingt-dix, le duo britannique Global Communication opérait une petite révolution en amalgamant l’ambient, la techno et la IDM alors naissante. Le coffret Transmissions regroupe le désormais classique 76:14, Pentamerous Metamorphosis qui est une reconstruction du Blood Music de Chapterhouse ainsi qu’une collection de simples et de pièces remixées. Un essentiel pour tout fanatique d’électro. – Steve Naud

Jon Hassell – Vernal Equinox

Pays : États-Unis
Label : Ndeya
Genres et styles : jazz / avant-garde / expérimental / râga
Date de sortie : 20 mars


Enregistré d’octobre 1976 à octobre 1977, en partie dans un studio de l’Université York à Toronto, et paru l’année suivante, Vernal Equinox est l’occasion d’entendre Hassell à ses tout débuts. Bien qu’on sente l’influence du Miles Davis des années 70, Hassell a déjà sa façon bien à lui de trafiquer le son de sa trompette et surtout de développer ses pièces méditatives à la manière des râgas indiens. C’est ce disque qui attira l’attention de Brian Eno, avec lequel il réalisera ensuite Fourth World Vol. 1 – Possible Musics.  – Michel Rondeau


Moon Duo Escape (Expanded Edition)

Pays : États-Unis
Label :
Sacred Bones
Genres et styles :
psychédélique / krautrock
Date de sortie :
12 juin

Pour souligner les dix ans du premier album de Moon Duo, Sacred Bones offre une réédition à laquelle s’ajoutent trois morceaux inédits. Le premier, Motorcycle, I Love You, résume à lui seul la discographie du groupe. Soutenu par un rythme motorique, le vaisseau spatial Moon Duo nous propulse dans ce tourbillon infernal de guitare colorée et fuzzée qui nous transporte immanquablement dans une exploration cosmique enivrante bien à eux. – Louise Jaunet

The Staple Singers – Come Go With Me: The Stax Collection

Pays : États-Unis
Label : Craft
Genres et styles : gospel / soul
Date de sortie : 21 février

La musique soul tire son inépuisable force de la collision entre le samedi soir et le dimanche matin, les anges et les démons… le blues et le gospel. Avec leurs puissantes exhortations pop-gospel de la fin des années 60, Roebuck « Pops » Staples et ses enfants (dont Mavis, qui plus tard deviendra elle-même une grande star) ont magnifiquement exprimé un sentiment pressant à cette époque tumultueuse de bouleversements sociaux, le tout tonifié par un optimisme frondeur. Comme l’étiquette sur la boîte indique « Stax », vous savez que ce qu’il y a à l’intérieur peut faire se trémousser sérieusement. Avec ce coffret de sept disques et son livret de notes détaillées et bien documentées, la famille Staple a enfin obtenu ce qui lui était dû, et en grand. – Rupert Bottenberg


Wilco – summerteeth (Deluxe Edition)

Pays : États-Unis
Label :
Rhino
Genres et styles :
pop / rock / pop de chambre / garage rock / rock baroque
Date de sortie :
6 novembre

Pour Jeff Tweedy et sa troupe post-Uncle Tupelo, summerteeth est l’album où l’alt-country céda le pas au rock néo-baroque de garage. Rappelons la contribution cruciale de feu Jay Bennett à cette réussite. Vingt et un ans plus tard, on nous en sert une foisonnante Deluxe Edition en quatre volets : 1) contenu du bon vieux CD, 2) fricassée de démos, prises de rechange et chutes de studio, puis 3) et 4), concert râpeux en diable enregistré à Boulder, Colorado, en novembre 1999 où l’on entend, outre les pièces de summerteeth, quelques-unes des reprises de Woody Guthrie de Mermaid Avenue, ainsi que des extraits d’A.M. et de Being There. Vous vous souvenez de Scanners, le film de Cronenberg où les têtes éclatent comme des pastèques gonflées de méthane ? C’est ce que craint le wilcologue confronté à tant de félicité. – Luc Marchessault

Artistes variés – The Blue Coxsone Box Set

Pays : Jamaïque / Royaume-Uni
Label : Soul Jazz
Genres et styles : ska / rocksteady / reggae
Date de sortie : 10 juillet

All Stars, C&N Productions, D Darling, Downbeat, Muzik City, N.D. Records, Supreme, Worldisc, Coxsone ou encore Studio One, de toutes les étiquettes de disques fondées par le légendaire producteur Clement « Coxsone » Dodd, la fameuse étiquette bleue (Blue Coxsone), parue à la fin de 1967, sera sûrement celle qui passionnera le plus le cercle des collectionneurs. Cette année, Studio One a fait paraître un coffret en édition limitée de six de ses 45 tours ska les plus rares et leur version CD, incluant des artistes tels Joe Higgs, Winston Jarrett, The Soul Vendors et The Melodians, avec en prime des chansons obscures et même inédites. Il est quand même incroyable que ces archives mythiques livrent encore, plus de 50 ans plus tard, autant de petits trésors inédits. Du bonbon ! – Richard Lafrance


Artistes variés – Nome Noma

Pays : Canada (Québec)
Label :
Trésor National
Genres et styles :
new wave / post-punk / power-pop / punk / synth-wave
Date de sortie :
29 août

Si la moitié de la planète a succombé à la new wave vers la fin des années 70 et début 80, le Québec n’a certes pas été en reste. Cependant, hormis le succès d’artistes tels que Men Without Hats et Rational Youth, il en est qui sont toujours demeurés dans l’ombre. Cette compilation leur rend enfin justice. Agrémenté d’un livret de 16 pages, Nome Noma présente 13 titres obscurs en anglais ou en français, aux couleurs power-pop, punk, glam, cold wave et synthpop; une compilation essentielle qui témoigne de l’originalité et surtout de l’effervescence de cette petite scène encore aujourd’hui trop méconnue. – Patrick Baillargeon

Hiroshi Yoshimura – Green

Pays : Japon
Label : Light in the Attic
Genres et styles : ambient / électronique / new age
Date de sortie : 20 mars


Grâce aux chercheurs de trésors du label Light in the Attic, le public occidental peut enfin découvrir la musique environnementale japonaise. Paru initialement en 1986, Green de Hiroshi Yoshimura (1940-2003) est l’un des albums clés du genre. Les paysages zen épurés qu’y ont dessiné les synthétiseurs du musicien apaisent les oreilles, le cœur et l’âme. – Steve Naud


Wormwood – Ghostlands: Wounds From a Bleeding Earth

Pays : Suède
Label :
Non Serviam
Genres et styles :
black metal / folk metal
Date de sortie :
28 février

Le groupe black metal mélodique suédois est sur mon écran radar depuis l’écoute de Nattarvet (2019). Black Lodge Records a eu la bonne idée de rééditer son premier album paru en 2017. Les influences folk et viking sont plus présentes et les douze chansons sont empreintes d’une mélancolie qui les rend mémorables. – Christine Fortier

Mort Garson – Music from Patch Cord Productions

Pays : États-Unis
Label : Sacred Bones
Genres et styles : expérimental / ambient
Date de sortie : 6 novembre

Pionnier de la musique électronique des années 60 et 70, Mort Garson est l’un des premiers magiciens du son à composer de la musique avec des synthétiseurs Moog. Sacred Bones lui rend hommage en rééditant ses étranges morceaux proto-new age intemporels, ludiques et hypnotisants, qui pourraient aussi bien servir de trame sonore pour un jeu vidéo Pokémon que pour un film d’animation comme La Planète sauvage. – Louise Jaunet


George Szell – The Warner Recordings 1934-1970

Pays : Hongrie
Label :
Warner Classics
Genres et styles :
classique / romantique
Date de sortie :
30 octobre

Szell est le chef d’orchestre que vous devriez connaître, encore mieux que Karajan ou Klemperer. Oui, ces derniers sont extraordinaires, mais Szell était différent. Pensez au mouvement de la musique baroque qui a ramené le goût de l’authenticité dans les interprétations. Bien avant cela, Szell faisait sonner ses orchestres comme cela, alors que les autres restaient encore fidèles au gigantisme la plupart du temps. De 1934 à 1970, il y a beaucoup de musique, dont les fameux concertos pour piano de Beethoven avec Gilels comme soliste. En prime, des perles inédites. – Frédéric Cardin

Coil – Musick to Play in the Dark

Pays : Royaume-Uni
Label : Dais Records
Genres et styles : industriel / expérimental / dark ambient
Date de sortie : 27 novembre

Sous la supervision de deux anciens membres du groupe, Drew McDowall, qui y signe ses derniers albums, ainsi que Thighpaulsandra, Dais Records a mené à bon port la réédition de cet album originellement paru en 1999. Il s’agit assurément de l’un des meilleurs du groupe, emblématique de sa période de « musique lunaire » (moon musick). Notons une panoplie de vinyles aux éditions toutes plus limitées les unes que les autres, incluant les versions complètes et inédites de chaque pièce. – Geneviève Gendreau

PAN M 360 au temps des TOPS ! (5e partie – de septembre à décembre)

par Rédaction PAN M 360

Voici venu le temps des Tops ! PAN M 360 conclut l’année 2020 par une liste de 100 albums choisis par nos contributeurs.trices. Régalez-vous !

Notre communauté de passionné.e.s vous propose une sélection de 100 albums ayant marqué 2020. Tous styles, toutes expressions, toutes générations artistiques, toutes parts du globe, tous recoins de notre culture locale confondus. 

Sauf exceptions, tous les mélomanes raffolent des listes de fin d’année, c’est l’occasion d’un retour sur tous ces mois passés en bulle. Malgré le confinement de plus en plus exaspérant, néanmoins nécessaire, cette période de l’année demeure l’occasion de s’échanger ses meilleures trouvailles, en toute intimité ou virtuellement.

La production de ce TOP 100 de 2020 est aussi l’occasion de se rappeler que la plateforme PAN M 360 est devenue publique il y a exactement un an, soit lors de la parution de notre Top 360 albums de la décennie 2010-2019. Ce fut notre premier grand effort de production, pas mal du tout dans les circonstances ! Malgré les imperfections, ce fut pour PAN M 360 une gigantesque carte postale adressée à ses premiers usagers. 

Fin février 2020, nous lancions la vraie production qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Fin 2020, nous sommes très fiers de nos réalisations malgré les énormes contraintes financières et physiques causées par la pandémie. Nous avons dépassé largement le millier de recensions d’albums, nous avons réalisé près de 150 interviews écrites ou audiovisuelles, trois clips tournés en plein confinement, des dizaines d’articles de fond sur l’écosystème musical et on en passe. Nous nous réjouissons d’avoir quadruplé notre circulation depuis le premier trimestre de notre mise en ligne. C’est encore modeste mais ça ne fait que commencer… Si vous êtes passionné.e de musique, joignez la communauté de PAN M 360.

Alors régalez-vous en ce temps propice, malgré tout, à l’écoute des meilleures musiques de partout. Joyeuses Fêtes ! – Alain Brunet

Machine Gun Kelly – Tickets to my Downfall

Pays : États-Unis
Label :
Bad Boy / Interscope Records
Genres et styles :
pop-punk / rock / hip-hop
Date de sortie :
25 septembre

Mélangeant le pop-punk et le hip-hop, cet album dépeint deuils et épreuves sur fond de couleurs pastel, avec des pièces légères, pour la plupart énergiques. Véritables chansons-antithèses conçues avec Travis Barker (Blink-182), elles montrent le rappeur de Cleveland sous un nouveau jour. – Roxane Labonté

Toots & The Maytals – Got To Be Tough

Pays : Jamaïque
Label : Trojan Jamaica
Genres et styles : reggae
Date de sortie : 28 août

Ce monument du reggae sortait à peine du studio avec ce bébé sous le bras quand il a été foudroyé par vous-savez-quoi. On lui souhaite le Grammy reggae de manière posthume en janvier pour un album solide, mais plus particulièrement pour couronner une carrière inégalée. – Richard Lafrance


John Luther Adams – The Become Trilogy

Pays : États-Unis
Label :
Cantaloupe Music
Genres et styles :
avant-garde / musique contemporaine
Date de sortie :
25 septembre

Superbe idée que de réunir en un coffret la trilogie orchestrale inspirée au compositeur par ses observations de la nature. Become Ocean est certes la plus connue, l’œuvre ayant remporté en 2014 le prix Pulitzer de la musique et le Grammy de la meilleure « composition classique contemporaine ». – Réjean Beaucage

The Ocean – Phanerozoic II: Mesozoic | Cenozoic

Pays : Allemagne
Label : Pelagic Records
Genres et styles : metal progressif
Date de sortie : 25 septembre

J’aime bien la formation allemande et je prends toujours le temps d’écouter leurs nouveaux disques pour le côté immersif de leur metal progressif. Leur huitième album a surpassé toutes mes attentes. Il est introspectif, inventif et bien calibré. – Christine Fortier


Tricky – Fall to Pieces

Pays : Royaume-Uni
Label :
Liberator
Genres et styles :
dub / électronique / hip-hop / trip-hop
Date de sortie :
4 septembre

Tricky fidèle à lui-même. Avec cet album dans la même veine que les précédents, le pionnier anglo-saxon du trip-hop nous embarque dans son univers bien personnel, sombre, au fort potentiel émotionnel. Un écorché vif au cœur meurtri qui, musicalement, réussit à faire des merveilles et nous émouvoir chaque fois. – Yohann Goyat

Ichon – Pour de vrai

Pays : France
Label : 911
Genres et styles : hip-hop
Date de sortie : 11 septembre

Ichon dévoile quinze pistes parfois difficilement classables, souvent à la croisée des genres, toutes plus originales les unes que les autres, effleurant la bass music, le funk, le R&B et la neo soul. Le Montreuillois chante, parle, clame, rappe, surprend par son jeu de diction et la souplesse de son flow. Une proposition qui vient du cœur et qui mérite le titre de meilleur album de l’année. – Elsa Fortant


Artistes variés – Montreal Dances Accross Borders

Pays : Canada (Québec)
Label :
Montreal Dances Accross Borders
Genres et styles :
dub / électronique / hip-hop / trip-hop
Date de sortie :
18 septembre

Dix artistes de la scène électronique montréalaise underground unissent leurs forces pour publier une première compilation dont les profits seront versés en totalité à l’OBNL Solidarité sans frontières. Si les couleurs de l’album sont froides, elles font pourtant monter la température. Les spectres sonores réveillent des souvenirs de cages thoraciques qui vibrent au rythme du kick, de plafonds dégoulinants et de pistes de danse qui sentent la bière. – Elsa Fortant

Lomelda – Hannah

Pays : États-Unis
Label : Double Double Whammy
Genres et styles : folk-rock / indie folk / indie rock
Date de sortie : 4 septembre

Hannah, quatrième album complet de Hannah Read, alias Lomelda, démarre délicatement, s’électrifie, puis passe en territoire lo-fi amplifié. Quatorze chansons réussies – dont un clin d’œil au Misunderstood de Wilco –, une offrande à la fois touffue, touchante et rugueuse là où il faut, qui constitue l’un des meilleurs albums folk-rock de 2020. – Luc Marchessault


GhostemaneAnti-Icon

Pays : États-Unis
Label :
Blackmage
Genres et styles :
bruitiste / électronique / hip-hop / industriel / metal / trap
Date de sortie :
21 octobre

Anti-Icon s’enfonce dans la mémoire comme des épines dans la chair. Ghostemane fusionne le trap au métal, l’industriel au hip-hop, mélange les styles et brouille les pistes, mais il ne fait pas que ça. Il est un artiste à part entière et ça se sent dans son esthétique générale et ses costumes extravagants. – Roxane Labonté 

Secret Sun – Winter Love

Pays : Canada (Québec)
Label : Double Double Whammy
Genres et styles : dream-pop / électro-pop / indie pop / trip-hop
Date de sortie : 30 octobre

Ce deuxième album du duo montréalais se démarque par sa dream-pop ∕ indie pop qui sort des sentiers battus grâce à ses arrangements rétro, soul et funk. Selon la pièce, Anne-Marie Campbell chante avec désinvolture ou mélancolie les nombreuses déclinaisons du sentiment amoureux et des relations humaines qui habitent nos espaces d’intimité et de créativité. Winter Love invite aux réécoutes introspectives pour y saisir toute l’ivresse de ses rêves éveillés. – Isabelle Marceau


Benediction – Scriptures

Pays : Royaume-Uni
Label :
Nuclear Blast
Genres et styles :
death metal
Date de sortie :
16 octobre

Le retour du chanteur Dave Ingram (il a quitté le groupe britannique en 1998 et est revenu en 2019) y est pour beaucoup, mais écouter Scriptures, c’est un peu comme se réveiller au début des années 1990, à l’apogée de ce qu’on appelle aujourd’hui le old school death metal. Du bonbon pour les nostalgiques. – Christine Fortier

Hélène Grimaud, Camerata Salzburg – The Messenger

Pays : Autriche / France
Label :
Deutsche Grammophon
Genres et styles :
classique / néoclassique / contemporain
Date de sortie :
2 octobre

On ne peut le dire autrement : la pianiste Hélène Grimaud a pris un risque pour son dernier album, The Messenger. Qu’il s’agisse de la coda manquante de la Fantaisie en mineur de Mozart, qui mène directement à une version très animée du Concerto en mineur du même compositeur, tout de l’interprétation de Grimaud nous éloigne des grands enregistrements d’Ushida ou Schiff. Pourtant, cette approche très directe des œuvres de Mozart leur apporte une impressionnante énergie et un sentiment d’avancement qui vient parfaitement contrebalancer l’atmosphère calme des œuvres de l’Ukrainien Valentin Silvestrov. C’est ainsi que Grimaud parvient à réussir ce curieux mariage Mozart-Silvestrov. – Sarah-Ann Larouche


Quartom – Rendez-vous

Pays : Canada (Québec)
Label :
Productions PVB
Genres et styles :
classique
Date de sortie :
2 octobre

Fort de son dernier disque, Renaissance, lauréat du prix Opus 2018-2019 dans la catégorie Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque, le fameux quatuor vocal récidive avec ce nouvel album, un rendez-vous à contre-courant de l’histoire de la musique. Avec leur finesse vocale habituelle Julien Patenaude, Benoît Le Blanc et Philippe Martel, accompagné de leur nouvelle recrue Philippe Gagné, passent du baroque au classique et du modernisme à la Renaissance avec aisance, proposant un voyage musical coloré, apaisant et dynamique. – Alexandre Villemaire

Shreez – On Frap

Pays : Canada (Québec)
Label : Canicule
Genres et styles : drill / hip-hop / rap keb
Date de sortie : 9 octobre

On Frap est une œuvre légère bourrée de traits désopilants et de clins d’œil à la culture québécoise qui s’écoute facilement, le sourire aux lèvres. Un sentiment de fraternité palpable permet à ses nombreux collaborateurs invités de s’y exprimer avec aisance. Le rappeur reprend et perfectionne sa recette gagnante : l’adaptation du drill et de la trap américaine à la culture québécoise. – Félix Desjardins


The Spits – VI

Pays : États-Unis
Label :
Thrifstore
Genres et styles :
garage-punk / punk-rock
Date de sortie :
30 octobre

Il aura fallu neuf longues années pour que la formation de Kalamazoo arrive avec ce volume VI. Neuf ans pour 10 chansons courtes, punchées, fun et incroyablement accrocheuses, le tout ne dépassant pas les 17 minutes. Réalisé par Erik Nervous sur 4 pistes dans les sous-sols de Kalamazoo, ce mini-album nous replonge dans l’univers lo-fi du groupe, son sens de l’ironie, ses mélodies aussi collantes que de la gomme à mâcher et son punk-rock découpé à la tronçonneuse. L’attente en aura valu la peine. – Patrick Baillargeon

Antoine Corriveau – Pissenlit

Pays : Canada (Québec)
Label : Secret City
Genres et styles : art-rock / folk / folk-rock / punk / rock
Date de sortie : 9 octobre

Avec Pissenlit, la voix grave et ténébreuse d’Antoine Corriveau trouve une charpente plus colorée sur laquelle s’appuyer. À la manière d’un Beck des années 1990 (et un peu de celui de Sea Change pour les moments plus mélancoliques), l’auteur-compositeur-interprète déploie son folk avec une imagination fertile et une virulence rock à tout casser, qu’il accompagne de saisissantes réflexions sur le territoire et le sort de l’humanité.– Olivier Boisvert-Magnen


Jahari Massamba Unit – Pardon My French

Pays : États-Unis
Label :
Madlib Invazion
Genres et styles :
free jazz / hip-hop instrumental / jazz contemporain / jazz électro / jazz-funk / jazz-fusion
Date de sortie :
28 novembre

Le batteur Karriem Riggins et le beatmaker, rapper, remixeur et multi-instrumentiste Madlib réconcilient des sous-genres jazzistiques apparemment irréconciliables lorsqu’ils furent mis au point dans les années 60 et 70 : fusion, funk, groove mais aussi jazz modal, free jazz et jazz contemporain. Dans une approche numérique où le collage, la citation, la transformation et le fondu enchaîné sont permis et valorisés, cet album est une plongée dans un univers rétro-nuevo des plus fascinants. – Alain Brunet

The Ed Palermo Big Band – The Great Un-American Songbook Vol. 3: Run for Your Life

Pays : États-Unis
Label : Sky Cat
Genres et styles : jazz / rock / rock prog
Date de sortie : 6 novembre

Le chef d’orchestre et arrangeur hors pair Ed Palermo dirige son big band de 16 musicien-ne-s avec sa précision habituelle pour nous servir un kaléidoscope de mashups dans lequel une kyrielle de hits anglais se tamponnent avec des petits bouts (et des grands) sortis du catalogue de Frank Zappa. – Réjean Beaucage


Beethova Obas – Bon Bagay

Pays : Belgique / Haïti
Label :
Aztec / Indépendant
Genres et styles :
jazz / kompa
Date de sortie :
16 octobre

Le gentleman troubadour de la Caraïbe francophone est de retour après un long silence mais dans une forme vraiment splendide. Le titre emblématique Bon bagay affranchit les Haïtiens. De la grande chanson créole, populaire et raffinée, afro-cubaine et jazzée avec des cuivres en plus. Excellent ! – Ralph Boncy

DVS1 – Beta Sensory Motor Rhythm

Pays : États-Unis
Label : Axis Records
Genres et styles : électronique / techno
Date de sortie : 1er décembre

Connu pour jouer de la techno hypnotique et mentale, autrement dit basée sur l’agencement de sonorités par stratification, DVS1, actif depuis 1996, sort son premier album sur le label du vétéran de la techno Jeff Mills. Les huit pistes prouvent que le Minnésotain, artisan du son, excelle autant derrière une station audionumérique qu’aux platines. – Elsa Fortant

PAN M 360 au temps des TOPS ! (4e partie – de juin à août)

par Rédaction PAN M 360

Voici venu le temps des Tops ! PAN M 360 conclut l’année 2020 par une liste de 100 albums choisis par nos contributeurs.trices. Régalez-vous !

Notre communauté de passionné.e.s vous propose une sélection de 100 albums ayant marqué 2020. Tous styles, toutes expressions, toutes générations artistiques, toutes parts du globe, tous recoins de notre culture locale confondus. 

Sauf exceptions, tous les mélomanes raffolent des listes de fin d’année, c’est l’occasion d’un retour sur tous ces mois passés en bulle. Malgré le confinement de plus en plus exaspérant, néanmoins nécessaire, cette période de l’année demeure l’occasion de s’échanger ses meilleures trouvailles, en toute intimité ou virtuellement.

La production de ce TOP 100 de 2020 est aussi l’occasion de se rappeler que la plateforme PAN M 360 est devenue publique il y a exactement un an, soit lors de la parution de notre Top 360 albums de la décennie 2010-2019. Ce fut notre premier grand effort de production, pas mal du tout dans les circonstances ! Malgré les imperfections, ce fut pour PAN M 360 une gigantesque carte postale adressée à ses premiers usagers. 

Fin février 2020, nous lancions la vraie production qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Fin 2020, nous sommes très fiers de nos réalisations malgré les énormes contraintes financières et physiques causées par la pandémie. Nous avons dépassé largement le millier de recensions d’albums, nous avons réalisé près de 150 interviews écrites ou audiovisuelles, trois clips tournés en plein confinement, des dizaines d’articles de fond sur l’écosystème musical et on en passe. Nous nous réjouissons d’avoir quadruplé notre circulation depuis le premier trimestre de notre mise en ligne. C’est encore modeste mais ça ne fait que commencer… Si vous êtes passionné.e de musique, joignez la communauté de PAN M 360.

Alors régalez-vous en ce temps propice, malgré tout, à l’écoute des meilleures musiques de partout. Joyeuses Fêtes ! – Alain Brunet

Benjamin BiolayGrand Prix

Pays : France
Label :
Universal
Genres et styles :
chanson française / pop
Date de sortie :
26 juin

Figure de proue de la pop française sophistiquée, Biolay nous offrait sur cet album l’une des plus belles chansons de l’année : Comment est ta peine ? L’ensemble est délectable et sa réédition dite Deluxe contient cinq inédits dont un savoureux duo avec Adé (Parc fermé) et une reprise de Tous les cris les S.O.S. À la fois dansant, classieux et nostalgique. PS: Nombreuses reprises en versions acoustiques sur sa page Facebook. – Claude André

Buju Banton Upside Down 2000

Pays : Jamaïque
Label : Gargamel / Roc Nation
Genres et styles : dancehall / reggae
Date de sortie : 26 juin

Un album tant attendu, même dans une année « sens dessus dessous », ne peut que décevoir. Après neuf ans de détention, le grand dread a effectué un retour avec un album éclaté, fourre-tout, mais qui proposait quand même trois ou quatre bons extraits pour marquer le coup. Événementiel. – Richard Lafrance


Special InterestThe Passion Of

Pays : États-Unis
Label :
Thrilling Living / Night School
Genres et styles :
synthpunk / no wave
Date de sortie :
19 juin

Le cœur de la vie nocturne underground des villes gronde à travers le monde pour tenter de résister tant bien que mal au phénomène généralisé d’embourgeoisement, lequel menace présentement La Nouvelle-Orléans. La chanteuse et réalisatrice Alli Logout de Special Interest profère sa frustration face à cette oppression sur des rythmes industriels no wave sauvages et effrénés. Aussi poignante et charismatique que l’icône engagée Nina Simone, aussi sombre et anarcho-glam que la reine de Siam Lydia Lunch et aussi enragée que les pionniers du hardcore punk, les Bad Brains, elle possède à coup sûr les tripes pour devenir l’une des nouvelles figures de la résistance de la scène punk actuelle.  – Louise Jaunet 

Phoebe Bridgers Punisher

Pays : États-Unis
Label : Dead Oceans
Genres et styles : folk / rock / emo
Date de sortie : 18 juin

Le défi du deuxième album est l’un des plus difficiles à relever pour n’importe quel artiste porté aux nues dans la foulée d’un honorable premier effort. À cet égard, Phoebe Bridgers s’est surpassée avec un album à la fois envoûtant et poignant, d’une rare beauté. Entre folk, rock et emo, Punisher témoigne d’une crise identitaire et sentimentale dont on ressort ébranlé, mais surtout ébloui. – Olivier Boisvert-Magnen


Asher GamedzeDialectic Soul

Pays : Afrique du Sud
Label :
On the Corner
Genres et styles :
jazz contemporain / free jazz / musique traditionnelle sud-africaine
Date de sortie :
10 juillet

Le fantôme d’Ornette Coleman a élu domicile à Cape Town, sur le continent de ses lointains ancêtres qui lui offrent leurs traditions méridionales. Le batteur Asher Gamedze le fréquente, comme c’est le cas de ses collègues. Saxo, trompette, contrebasse, chant à l’occasion se joignent au leader pour relancer le jazz sud-africain sans en oublier le legs des pionniers qui, eux aussi, intégraient les chants zoulous, xhosa et shangaan à leurs musiques criantes de modernité. – Alain Brunet

Jon Hassell Seeing Through Sound (Pentimento Volume Two)

Pays : États-Unis
Label : Ndeya
Genres et styles : ambient / électronique / expérimental / jazz contemporain
Date de sortie : 24 juillet

En réécoutant les pièces de ce second volume, enregistrées à la même époque que le premier, Hassell n’était pas satisfait et il les a retravaillées. Résultat, on voit encore mieux « à travers le son » les niveaux à l’arrière-plan, les éléments au premier plan se détachent plus nettement et les textures sont à la fois mieux définies, plus variées et plus foisonnantes. – Michel Rondeau


Lou CanonAudomatic Body

Pays : Canada
Label :
Paper Bag
Genres et styles :
électronique / indie pop
Date de sortie :
10 juillet

Lou Canon nous fait signe de nous approcher. De sa voix délicate, elle nous chuchote un monde intime sur fond de paysages et pulsations nocturnes. Audomatic Body pourrait être une invitation à un tête-à-tête si ce n’était de la multiplicité des voix qui l’accompagnent. Une indie pop électronique envoûtante qui nous révèle la sensualité de forces cachées. – Isabelle Marceau

Minyo Crusaders & Frente Cumbiero Minyo Cumbiero: From Tokyo to Bogota

Pays : Japon / Colombie
Label : Mais Um
Genres et styles : asiatique du Nord-Est / cumbia / dub / minyoc
Date de sortie : 24 juillet

Cette fringante petite bombe d’amour est arrivée au beau milieu de l’année, de sa pandémie et de ses mesures de confinement et de distanciation. Il s’agit d’un mini-album de quatre chansons que les révisionnistes du folklore japonais ont enregistré lors de leur passage en Colombie chez les gardiens de la flamme de la cumbia classique. Leur complicité et le plaisir qu’ils ont à jouer ensemble sont aussi communicatifs qu’énergisants. – Rupert Bottenberg


Ian Bostridge, Antonio Pappano, Vilde Frang, Nicolas Altstaedt Beethoven: Songs and Folksongs

Pays : Allemagne / Royaume-Uni / Norvège
Label :
Warner Classics
Genres et styles :
classique
Date de sortie :
24 juillet

Laissez-vous transporter par cet excellent album qui regroupe arrangements de chansons folkloriques et lieder de Beethoven. Au piano, le jeu délicat et bien balancé (mais tout de même puissant) d’Antonio Pappano complémente parfaitement la voix du ténor Ian Bostridge qui, lui, brille par la sensibilité de son interprétation. Soulignons également la contribution de la violoniste Vilde Frang et du violoncelliste Nicolas Altstaedt qui complètent admirablement l’équipe le temps de quelques pièces. – Sarah-Ann Larouche

Beaver Sheppard Downtown

Pays : Canada (Québec)
Label : Joyful Noise Recordings
Genres et styles : avant-pop / pop expérimentale / avant-folk
Date de sortie : 13 juillet

Artiste touche-à-tout hyperprolifique, Beaver Sheppard dévoile ici son album le plus éclectique et diversifié. Downtown est un disque épatant où le natif de Saint John’s nous propose un canevas sonore sur lequel il mélange habilement les couleurs. Que ce soit l’irrésistible No One Knows, chanson synthwave aux tonalités 80s qui a tout pour devenir un hit, la très jolie ballade folk Full Moon, l’étrange pièce-titre qui débute l’album ou la groovy Chameleon qui le clôt, Downtown, marqué par l’étonnante voix de l’auteur, ne manque pas de vers d’oreilles. – Patrick Baillargeon


Mike Shabb Life Is Short

Pays : Canada (Québec)
Label :
Make It Rain
Genres et styles :
chillwave / hip-hop / trap
Date de sortie :
31 juillet

Alors que la plupart de ses comparses se contentent de copier les dernières mouvances du trap américain, Mike Shabb, lui, se redéfinit complètement avec Life Is Short, un brillant EP qui indique la voie à suivre pour le rap d’ici. Avec un flow à la fois percutant et mélodieux, capable de croiser les époques, le rappeur montréalais montre qu’on peut respecter les traditions tout en proposant un projet audacieux et avant-gardiste. Un tour de force réalisé en compagnie des producteurs Danny Ill et Vnce.Carter. – Olivier Boisvert-Magnen

Courtney Marie Andrews Old Flowers

Pays : États-Unis
Label : Fat Possum
Genres et styles : americana / country / folk
Date de sortie : 24 juillet

Album de rupture bouleversant de Courtney Marie Andrews. Naguère musicienne-accompagnatrice, dame Andrews œuvre à son compte depuis une dizaine d’années et a déjà un corpus giboyeux. Elle s’inspire de la mère Mitchell, comme des centaines d’autres folkies. Elle en est une digne héritière, et ça, il n’y en a pas tant. – Luc Marchessault


Fontaines D.C. A Hero’s Death

Pays : Irlande
Label :
Partisan Records
Genres et styles :
pop-rock / post-punk / alternatif
Date de sortie :
31 juillet

Bien qu’il respecte l’ADN post-punk de la bande de Dublin, A Hero’s Death est nettement plus « calme » que la production précédente (le respecté et mordant Dogrel, paru en 2019). Mélodique, nostalgique et un tantinet sombre, ce disque n’est toutefois pas plus dépressif ou conformiste que le premier. Chose certaine, A Hero’s Death confirme que ce jeune quintette, qui rappelle parfois le travail de la formation américaine Parquet Courts, est bourré de talent… et qu’il est capable de se renouveler. – Jean-François Cyr

Creeper Sex, Death & the Infinite Void

Pays : Royaume-Uni
Label : Roadrunner Records
Genres et styles : pop-rock / rock gothique / punk / alternatif
Date de sortie : 31 juillet

Sex, Death & the Infinite Void détonne des propositions générales dans le monde du rock en 2020. Sans se trahir, le groupe anglais Creeper – fondé en 2014 – a joué d’audace pour son second album. Le groupe de Southampton a offert un disque ambitieux et franchement étonnant. Rempli d’atmosphères savoureusement macabres, il est livré comme un récit. Et ça marche assez bien. Sex, Death & the Infinite Void est une œuvre épique et théâtrale qui respire la passion pour la musique, l’art et le « péché ». Le chanteur, Will Gould, l’a d’ailleurs qualifiée de romance apocalyptique. – Jean-François Cyr 


Rebecca Delle Piane Lode

Pays : Italie
Label :
Symbolism
Genres et styles :
électronique / techno
Date de sortie :
17 juillet

La compositrice démontre une fine compréhension des rouages de la techno hypnotique. Les cinq pistes étourdissent, la panoramisation du son joue des tours à l’esprit. L’Italienne peut se targuer de rivaliser avec des pairs bien plus expérimentés. Pour preuve, son dernier essai, soutenu par DVS1 ou Luke Slater, est sorti sur Symbolism, le label de l’Anglais Ben Sims, un des maîtres du genre. – Elsa Fortant

Ulver Flowers Of Evil

Pays : Norvège
Label : House of Mythology
Genres et styles : rock électronique / expérimental / avant-pop / avant-garde
Date de sortie : 28 août

Opus attendu de pied ferme, Flowers of Evil s’avère une véritable anthologie d’histoires, petites et grandes, à laquelle on adhère sans plus attendre, captivé par un indéniable sens du récit. Ulver nous offre un albumaux pièces savamment composées, témoignant de son extraordinaire maîtrise tout comme de son aura tragique. – Geneviève Gendreau


Aminé – Limbo

Pays : États-Unis
Label :
CLBN / Republic Records
Genres et styles :
hip-hop
Date de sortie :
7 août

Voilà l’un des projets de rap parus en 2020 qui se consomme le plus facilement en boucle. Il n’y a rien de vraiment novateur sur Limbo, c’est tout simplement un album de hip-hop particulièrement bien ficelé. Aminé parvient à mélanger des influences kanyéennes, trap et old school en un tout homogène, sans défaut apparent. – Félix Desjardins

Meridian Brothers Cumbia Siglo XXI

Pays : Colombie
Label : Bongo Joe
Genres et styles : électro-cumbia / expérimental / avant-garde
Date de sortie : 21 août

Les Meridian Brothers, menés par l’excentrique Eblis Álvarez, distillent une cumbia expérimentale pimentée de toutes sortes de saveurs. Pour ce 9e album, Álvarez a pris un virage plus électronique, se servant de plusieurs boîtes à rythmes, guitares, claviers et logiciels auxquels il ajoute divers beats urbains, grooves de synthés et glitches mélangés à différents gros mots et jurons colombiens. Avec Cumbia Siglo XXI, les Meridian Brothers propulsent la cumbia de manière unique et ludique dans le futur. – Patrick Baillargeon


Tarrus Riley Healing

Pays : Jamaïque
Label : Juke Boxx Productions
Genres et styles : dancehall / reggae / roots reggae
Date de sortie : 20 août

Il semble que Tarrus Riley n’a jamais eu un album complet à la hauteur de son potentiel. Healing s’en rapproche, tout en s’éloignant un peu du son roots-reggae qui l’a fait connaître. Or, l’impressionnante Lighter, à saveur dancehall-pop avec la jeune interprète montante Shenseea, ne décolle plus des ondes jamaïcaines depuis juin dernier. Pari réussi. – Richard Lafrance

Fleet Foxes Shore

Pays : États-Unis
Label : Anti_
Genres et styles : indie folk / pop de chambre
Date de sortie : 22 septembre

Mené par le très brillant Robin Pecknold, Fleet Foxes demeure le vaisseau amiral du renouveau folk aux USA, un groupe de la trempe des CSNY et autres Byrds, assorti d’une approche musicale plus vaste et plus contemporaine. Trois ans après l’éblouissant Crack-up, l’album Shore assoit l’autorité de la formation américaine avec une proposition un tantinet plus sobre, mais profondément inspirée par les recherches chorales et orchestrales de son compositeur central. – Alain Brunet

*

Lisez la 5e partie (septembre à décembre) de notre Top 100 ici ! >>

PAN M 360 au temps des TOPS ! (3e partie – mai et juin)

par Rédaction PAN M 360

Voici venu le temps des Tops ! PAN M 360 conclut l’année 2020 par une liste de 100 albums choisis par nos contributeurs.trices. Régalez-vous !

Notre communauté de passionné.e.s vous propose une sélection de 100 albums ayant marqué 2020. Tous styles, toutes expressions, toutes générations artistiques, toutes parts du globe, tous recoins de notre culture locale confondus. 

Sauf exceptions, tous les mélomanes raffolent des listes de fin d’année, c’est l’occasion d’un retour sur tous ces mois passés en bulle. Malgré le confinement de plus en plus exaspérant, néanmoins nécessaire, cette période de l’année demeure l’occasion de s’échanger ses meilleures trouvailles, en toute intimité ou virtuellement.

La production de ce TOP 100 de 2020 est aussi l’occasion de se rappeler que la plateforme PAN M 360 est devenue publique il y a exactement un an, soit lors de la parution de notre Top 360 albums de la décennie 2010-2019. Ce fut notre premier grand effort de production, pas mal du tout dans les circonstances ! Malgré les imperfections, ce fut pour PAN M 360 une gigantesque carte postale adressée à ses premiers usagers. 

Fin février 2020, nous lancions la vraie production qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Fin 2020, nous sommes très fiers de nos réalisations malgré les énormes contraintes financières et physiques causées par la pandémie. Nous avons dépassé largement le millier de recensions d’albums, nous avons réalisé près de 150 interviews écrites ou audiovisuelles, trois clips tournés en plein confinement, des dizaines d’articles de fond sur l’écosystème musical et on en passe. Nous nous réjouissons d’avoir quadruplé notre circulation depuis le premier trimestre de notre mise en ligne. C’est encore modeste mais ça ne fait que commencer… Si vous êtes passionné.e de musique, joignez la communauté de PAN M 360.

Alors régalez-vous en ce temps propice, malgré tout, à l’écoute des meilleures musiques de partout. Joyeuses Fêtes ! – Alain Brunet

PantayoPantayo

Pays : Canada
Label : Telephone Explosion
Genres et styles : asiatique du Sud-Est / électronique / R&B
Date de sortie : 8 mai

Partout dans le monde, des artistes féminines d’origine asiatique ont pris la musique pop d’assaut pour remettre les choses en question et faire valoir de nouvelles priorités, vitales. Le « R&B gong punk lo-fi » contre-patriarcal de cette formation philippo-canadienne participe à ce mouvement et procure une expérience d’écoute signifiante et profondément enrichissante. – Rupert Bottenberg

Moses Sumney Grae

Pays : États-Unis
Label : Jagjaguwar
Genres et styles : art-pop / électronique / future-soul
Date de sortie : 15 mai

Un double album sorti à deux dates distinctes. Deux facettes de l’artiste qui à notre grande surprise se complètent très bien. Un ambitieux projet dont le premier album suffisait à lui seul à se retrouver dans le top des albums. Un disque très personnel, introspectif et émouvant. – Yohann Goyat


Freddie Gibbs & the AlchemistAlfredo

Pays : États-Unis
Label : ALC / Empire / ESGN
Genres et styles : hip-hop
Date de sortie : 29 mai

Seulement un an après sa collaboration avec Madlib et l’album Bandana, Freddie Gibbs revient avec un autre grand du genre : The Alchemist. Gibbs y revêt un nouvel apparat, plus brillant que jamais, tel un caméléon. La collaboration est aussi succulente que le plat de spaghetti proposé en couverture. – Yohann Goyat

Marianne Lambert Mélodies passagères

Pays : Canada (Québec)
Label : Fidelio
Genres et styles : chant lyrique / classique moderne / romantique
Date de sortie : 15 mai

Les mélodies que propose la soprano Marianne Lambert ne sont pas que de passage : elles flottent dans nos oreilles longtemps après avoir fait entendre leurs dernières notes. Pour son premier album solo, la jeune artiste lyrique, accompagnée par le jeu à la fois délicat et vif du pianiste Julien LeBlanc, entraîne l’auditeur dans un voyage musical évanescent où les mélismes exotiques de Léo Delibes, Enrique Granados et Maurice Delage côtoient les sonorités planantes et énigmatiques des mélodies de Samuel Barber. – Alexandre Villemaire


CinthieCity Lights

Pays : Allemagne
Label : Aus Music
Genres et styles : électronique / house
Date de sortie : 17 juillet

Cinthie n’y va pas par quatre chemins, autrement dit, pas de fioritures. Les onze pistes, de plus de cinq minutes, donnent le temps à l’auditeur.ice de s’imprégner d’une atmosphère festive et groovy. Le casque sur les oreilles, il suffit de fermer les yeux autant pour se croire au milieu de la piste de danse que perdu.e dans les lumières de la ville. – Elsa Fortant

Black Nail Cabaret Gods Verging On Sanity

Pays : Hongrie
Label : Dependent Records
Genres et styles : pop-noir / darkwave / synthpop
Date de sortie : 8 mai

Le duo hongrois nous a habitués à ses ballades pop-noir efficaces, à l’esthétique raffinée. L’agilité vocale et l’authenticité désarmante d’Emese Árvai-Illés trouvent ici une fois de plus son parfait complément dans l’électronique habilement façonnée par son acolyte Krisztián Árvai. Lucide et extravagant, Black Nail Cabaret met à nu les aléas de notre finitude. – Geneviève Gendreau


Charli XCXhow i’m feeling now

Pays : États-Unis / Royaume-Uni
Label : Asylum / Warner
Genres et styles : avant-pop
Date de sortie : 15 mai

Si la plupart des artistes ont souffert de la pandémie, Charli XCX s’est distinguée – une fois de plus – en transformant le vent d’instabilité collective en flux créatif prodigieux. Cet album, sur lequel elle explore encore les abîmes de la pop, est en symbiose avec son époque et on ne peut plus actuel en ces temps dystopiques. – Félix Desjardins

Oozelles Oozelles

Pays : États-Unis
Label : Org
Genres et styles : art-punk / avant-garde / no wave
Date de sortie : 2 mai

Rarement un groupe a su canaliser avec autant de justesse des références que beaucoup trouvent cool d’ajouter comme qualificatifs mais que très peu parviennent à sublimer. Pensez Birthday Party, Can, Contortions, Honeymoon Killers, Flesh Eaters, les Stooges de Fun House et vous aurez une petite idée des sphères dans lesquelles ce sextet de Los Angeles gravite. Menée par la fascinante voix du chanteur Dante White Aliano, la bande balance un sulfureux mélange d’art-punk, de no wave, d’exotica patraque, de pop bizarre et de gloubi-boulga avant-gardiste auquel il est impossible de ne pas succomber. – Patrick Baillargeon


SparksA Steady Drip, Drip, Drip

Pays : États-Unis
Label : BMG
Genres et styles : art-rock / avant-pop / pop baroque
Date de sortie : 15 mai

Après plus de 50 ans de carrière, les Sparks demeurent une de ces belles anomalies de la musique pop, toujours un peu excentriques et adroitement décalés. Composé de morceaux aux couleurs pop baroque, électro-pop, art-rock ou dans la lignée des Who des années 60, ce 24e effort offre un aperçu presque complet de ce que les frères Ron et Russell Mael ont fait de mieux depuis leurs débuts sur disque en 1972. – Patrick Baillargeon

Régina Demina Hystérie !

Pays : France
Label : Kwaidan
Genres et styles : coldwave / électro-pop / électro-punk / gothique
Date de sortie : 12 juin

La voix langoureuse de Régina Demina, entre susurrement et ahanement, nous obnubile dès le départ. Sous des dehors électro-bonbon à la Lio ou Mylène Farmer, les dix pièces que nous enfile Régina s’élèvent dans la stratosphère pop grâce à des qualités évidentes. Des chansons aussi efficaces pour la transe que pour la danse. – Luc Marchessault


Okkyung LeeYeo-Neun

Pays : France
Label : Shelter Press
Genres et styles : classique contemporain / jazz / improvisation libre / musique d’Asie de l’Est
Date de sortie : 8 mai

Dix compositions interprétées par un quatuor harpe, violoncelle, contrebasse et piano où madame Lee favorise une forme de lyrisme totalement assumé. Comme elles s’inspirent parfois de ballades pop ou folkloriques de son enfance, on y retrouve de subtiles harmonies orientales, ce qui ajoute à leur charme. – Michel Rondeau

Run the Jewels RTJ4

Pays : États-Unis
Label : BMG / Jewel Runners / RBC
Genres et styles : hip-hop
Date de sortie : 3 juin

S’il faut choisir un seul album illustrant l’ambiance interraciale aux États-Unis en 2020 dans la foulée des abus policiers ayant déclenché à la fois tant d’hostilités et tant de réconciliations, le quatrième de Run the Jewels arrive en tête. Killer Mike et El-P nous explosent la conscience en nous balançant ces bombes de rap sur fond de quasi synth-punk en phase parfaite avec la tradition hip-hop. Virulent, acerbe, mordant, d’autant plus pertinent. – Alain Brunet


Haru NemuriLovetheism

Pays : Japon
Label : Specific
Genres et styles : indie pop / J-pop / poésie / pop-punk
Date de sortie : 12 juin

Dépassant largement le cadre habituel de la J-pop, la poétesse pop-punk de Yokohama Haru Nemuri subvertit le modèle de l’idoru, un artiste libre dont le travail possède une dimension prophétique. Son singulier style vocal et ses textes à la fois hypersensibles et profondément empathiques témoignent mieux que quiconque sans doute du malaise des jeunes face aux perspectives d’un monde meilleur. – Rupert Bottenberg

Neptunian Maximalism Éons

Pays : Belgique
Label : I Voidhanger Records
Genres et styles : ambient / death-metal / doom metal / drone / free jazz / metal / metal progressif / psychédélique / stoner-rock
Date de sortie : 26 juin

Rares sont les albums qui induisent des expériences quasi mystiques. Les chamans belges de Neptunian Maximalism, œuvrant dans le drone metal, le free jazz et la musique psychédélique, explorent rien de moins que l’évolution de la race humaine à travers cet album triple, où les cuivres illuminent les abysses. – Roxane Labonté 


Bob DylanRough And Rowdy Ways

Pays : États-Unis
Label : Columbia
Genres et styles : americana / blues / folk / gospel / rock
Date de sortie : 19 juin

Livrée par cette voix inimitable de papier sablé à la mélasse, enluminée par le fidèle guitariste Charlie Sexton et ses chevronnés compagnons, la dernière fournée de poèmes de ce bon vieux Bob Zimmerman figure parmi ses plus luxuriantes comme en témoigne l’homérique Murder Most Foul. Du grand Dylan. – Steve Naud

Alva Noto Xerrox 4

Pays : Allemagne
Label : Noton
Genres et styles : ambient / drone / électronique / expérimental
Date de sortie : 19 juin

Avec ce quatrième volet de l’enthousiasmant projet Xerrox, Alva Noto reprend les choses exactement où il les avait laissées il y a cinq ans. Ces fresques électroniques sont de plus en plus dépouillées, apaisées. Comme le moindre détail de ce voyage intérieur a été travaillé avec soin, on y embarque idéalement avec un bon casque d’écoute. – Steve Naud


SubduedOver The Hills And Far Away

Pays : Royaume-Uni
Label : La Vida Es Un Mus Discos
Genres et styles : anarcho-punk / hardcore
Date de sortie : 5 juin

Le hardcore se réfère à lui-même depuis 40 ans, mais parfois, certaines formations réussissent à frapper dans le mille et à offrir une bouffée d’air frais. Malgré une inclination à piller le passé, notamment celui de l’anarcho-punk, Subdued est actuel, urgent et totalement efficace. – Francis Dugas

Céu APKÁ!

Pays : Brésil
Label : Six Degrees
Genres et styles : brazilectro / indie pop / música popular brasileira / rock alternatif
Date de sortie : 26 juin

Depuis 2006, la belle Brésilienne ne nous a jamais déçus. Sa chanson psychédélique ressemble plus à du dub ou du shoegaze qu’à de la bossa ou de la tropicalia, mais ce charme envoûtant des sonorités de São Paulo, on le déguste d’autant mieux qu’APKÀ, le  titre de l’album, est un mot inventé par le dernier bambin de la chanteuse et qui signifie pour lui contentement ou extase. – Ralph Boncy


Richie SpiceTogether We Stand

Pays : Jamaïque
Label : VP Records / 5th Element Records
Genres et styles : reggae
Date de sortie : 12 juin

Enregistré en temps de pandémie dans plusieurs studios jamaïcains dont Tuff Gong, Spice y a fait du bon boulot avec les vétérans réalisateurs Clive Hunt et Steven Stanley et poursuit sa mission de définir le son roots-reggae de 2020 pour un public contemporain. – Richard Lafrance

Zoon ᓲᓐᑭᑌᐦᐁ᙮ Bleached Wavves

Pays : Canada
Label : Paper Bag
Genres et styles : psychédélique / shoegaze / Premières Nations
Date de sortie : 19 juin

La vague de renaissance de la culture des Premières Nations à laquelle nous assistons représente bien plus qu’un retour aux traditions, elle permet de recréer ce sentiment sacré de communauté que les peuples autochtones avaient perdu depuis plusieurs générations. Témoignant ouvertement de sa réconciliation avec les enseignements traditionnels de ses ancêtres ojibwés, Daniel Monkman signe l’une des plus belles et innovantes compositions de shoegaze de l’année. – Louise Jaunet

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Lisez la 4e partie (juin à août) de notre Top 100 ici ! >>

PAN M 360 au temps des TOPS ! (2e partie – mars et avril)

par Rédaction PAN M 360

Voici venu le temps des Tops ! PAN M 360 conclut l’année 2020 par une liste de 100 albums choisis par nos contributeurs.trices. Régalez-vous !

Notre communauté de passionné.e.s vous propose une sélection de 100 albums ayant marqué 2020. Tous styles, toutes expressions, toutes générations artistiques, toutes parts du globe, tous recoins de notre culture locale confondus. 

Sauf exceptions, tous les mélomanes raffolent des listes de fin d’année, c’est l’occasion d’un retour sur tous ces mois passés en bulle. Malgré le confinement de plus en plus exaspérant, néanmoins nécessaire, cette période de l’année demeure l’occasion de s’échanger ses meilleures trouvailles, en toute intimité ou virtuellement.

La production de ce TOP 100 de 2020 est aussi l’occasion de se rappeler que la plateforme PAN M 360 est devenue publique il y a exactement un an, soit lors de la parution de notre Top 360 albums de la décennie 2010-2019. Ce fut notre premier grand effort de production, pas mal du tout dans les circonstances ! Malgré les imperfections, ce fut pour PAN M 360 une gigantesque carte postale adressée à ses premiers usagers. 

Fin février 2020, nous lancions la vraie production qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Fin 2020, nous sommes très fiers de nos réalisations malgré les énormes contraintes financières et physiques causées par la pandémie. Nous avons dépassé largement le millier de recensions d’albums, nous avons réalisé près de 150 interviews écrites ou audiovisuelles, trois clips tournés en plein confinement, des dizaines d’articles de fond sur l’écosystème musical et on en passe. Nous nous réjouissons d’avoir quadruplé notre circulation depuis le premier trimestre de notre mise en ligne. C’est encore modeste mais ça ne fait que commencer… Si vous êtes passionné.e de musique, joignez la communauté de PAN M 360.

Alors régalez-vous en ce temps propice, malgré tout, à l’écoute des meilleures musiques de partout. Joyeuses Fêtes ! – Alain Brunet

SouphLCommérageS

Pays : Canada (Québec)
Label : Indépendant
Genres et styles : post-metal
Date de sortie : 6 mars

Le collectif de Québec a pris du tonus avec cet album. Sur Commérages, Souphl ponctue encore ses chansons avec des salves métal, entre le death et l’industriel, mais accentue également ses penchants pour le post-rock et le rock expérimental. Une exploration des médisances et de leurs conséquences qui témoigne d’une profondeur qui dépasse largement le cadre des musiques dites lourdes. – Patrice Caron

Stian Westerhus Redundance

Pays : Norvège
Label : House of Mythology
Genres et styles : art-rock / expérimental
Date de sortie : 6 mars

Grâce à sa voix, surprenamment expressive et polymorphe, démultipliée, la musique du guitariste norvégien, de cérébrale est devenue touchante. Bouleversante même. Et puis il y a cette façon bien à lui de construire ses chansons, l’âpre le disputant au sublime, avec des fulgurances sonores qui font chavirer. – Michel Rondeau


Trees SpeakOHMS

Pays : États-Unis
Label : Indépendant
Genres et styles : krautrock / rock expérimental / rock psychédélique / space-rock
Date de sortie : 6 mars

Un album instrumental rétro-cosmique – chaque pièce nous faisant soit reculer ou avancer dans le temps – composé d’une explosion de sons kaléidoscopiques, de synthés brillants et saturés. On imagine aisément plusieurs des pièces accompagnant les scènes d’une série culte policière ou de science-fiction. Même en détournant la tête – ce qu’on ne voudrait faire – il s’agit d’un album à la personnalité si exubérante qu’on ne peut simplement pas l’ignorer. – Isabelle Marceau

Nine Inch Nails Ghosts V: Together

Pays : États-Unis
Label : The Null Corporation
Genres et styles : ambient
Date de sortie : 26 mars

D’une beauté inouïe, Together est un album instrumental dont les titres nous mènent à l’épicentre des charges émotives provoquées par l’amour, la séparation et l’espoir. Reznor semble vouloir nous démontrer que la joie et la douleur proviennent de la même source, comme dans les pièces Together et Apart aux mélodies quasi-symétriques si ce n’est de l’émerveillement qui émane de l’une et la tristesse de l’autre. L’émotion est tendre ou tempétueuse mais palpable de pièce en pièce jusqu’à la toute dernière, où la musique semble se déchirer et s’autodétruire pour enfin s’éveiller à une vie nouvelle. – Isabelle Marceau


Lina Allemano’s OhrenschmausRats and Mice

Pays : Allemagne / Canada
Label : Lumo
Genres et styles : expérimental / free jazz / improvisation libre / jazz
Date de sortie : 8 mars

Le travail de la trompettiste est superbement soutenu par le bassiste norvégien Dan Peter Sundland et le batteur allemand Michael Griener, deux improvisateurs chevronnés pour qui la compositrice a préparé des canevas inspirants. La palette sonore de chacun est variée à souhait et Allemano est particulièrement inspirée à ce chapitre. – Réjean Beaucage

Son Yeol Eum Schumann

Pays : Corée du Sud
Label : Onyx Classics
Genres et styles : classique / romantique
Date de sortie : 20 mars

La pianiste sud-coréenne Yeol Eum Son, bien connue pour son énergie et sa grande polyvalence, ne manque pas d’impressionner avec cet album entièrement dédié à Schumann. Ses interprétations de la Fantaisie en do majeur op. 17, et de Kreisleriana op. 16 sont marquées par un jeu brillant et des sonorités fortes en contraste et dynamisme. En guise de conclusion : l’Arabesque en do majeur op. 18. – Sarah-Ann Larouche


Víkingur ÓlafssonDebussy-Rameau

Pays : Islande
Label : Deutsche Grammophon
Genres et styles : baroque / classique / classique moderne
Date de sortie : 27 mars

Dans ce troisième album sous étiquette Deutsche Grammophon, Ólafsson propose une sélection variée d’œuvres de Debussy et Rameau. Rapidement, les pièces des deux compositeurs français se succèdent et s’entremêlent, le tout dans la sonorité et l’atmosphère proche et intime que l’on associe maintenant à Ólafsson. Notez la touche d’humour en clôture de l’album : l’hommage à Rameau, extrait des Images de Debussy. – Sarah-Ann Larouche

Yves Tumor Heaven to a Tortured Mind

Pays : États-Unis
Label : Warp
Genres et styles : krautrock / glam rock / R&B / funk
Date de sortie : 3 avril

Croire que les musiciens afro-occidentaux se limitent au hip-hop, au R&B et au jazz est un leurre depuis plusieurs décennies. À l’instar de Prince et autres Blood Orange de ce monde, le visionnaire et très doué Yves Tumor nous le rappelle en toute éloquence avec ce bouillon fumant de glam rock et de krautrock, ingrédients aussi goûteux que ses références R&B et funk. Tout y est brillamment intégré, tout coule de… plusieurs sources. – Alain Brunet


SolmestreSolmestre

Pays : Brésil
Label : Indépendant
Genres et styles : avant-folk / blues saharien / brésilien / drone / musique ancienne
Date de sortie : 6 avril

Mariant blues saharien, folk brésilien et musique médiévale européenne, l’alchimique duo brésilien Solmestre a donné vie à l’une de ces fameuses totalités plus grandes que la somme de ses parties. Un univers prenant, envoûtant, intriguant, délicieux, unique et tout simplement inoubliable. – Rupert Bottenberg

Peter Evans Being & Becoming

Pays : États-Unis
Label : More Is More
Genres et styles : jazz contemporain / jazz expérimental / improvisation libre / musique de chambre
Date de sortie : 1er avril

Un album étonnant, déconcertant même, tant par la virtuosité que par l’originalité des compositions, lesquelles rompent avec tout ce qui est formule et lieux communs, et le caractère inouï des territoires qui y sont explorés. Evans y révèle la pleine mesure de son immense talent. – Michel Rondeau


Fiona AppleFetch The Bolt Cutters

Pays : États-Unis
Label : Epic
Genres et styles : avant-folk / bruitiste / chanson
Date de sortie : 17 avril

Fiona Apple ne donne pas souvent de ses nouvelles, mais quand elle le fait, elle déballe tout ce qui se terre dans son âme hypersensible. Sur Fetch The Bolt Cutters, elle peut passer du chant aux vocalises les plus folles, noyer une mélodie finement ciselée dans un amas de bruits. Une œuvre aussi démesurée que sa géniale créatrice. – Steve Naud

yMusic Ecstatic Science

Pays : États-Unis
Label : Naxos / New Amsterdam
Genres et styles : musique contemporaine
Date de sortie : 25 avril

Un programme varié d’œuvres nouvelles qui montre bien que s’il n’y a pas de musique contemporaine à la radio, ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas, et de la bonne. De la part d’un ensemble qui compte parmi ceux qui font vibrer la new music chez nos voisins du Sud. – Réjean Beaucage


NightwishHuman. :II: Nature.

Pays : Finlande
Label : Nuclear Blast
Genres et styles : metal symphonique
Date de sortie : 10 avril

Je suis la première surprise d’avoir autant aimé le neuvième disque du groupe finlandais. C’est sans doute parce qu’il s’agit d’un retour aux sources qui nous rasomène à l’époque d’Oceanborn (1998) et Wishmaster (2000). Le seul faux pas de l’album est la chanson Harvest qui donne l’impression d’être catapulté dans Le Roi lion. – Christine Fortier

Lido Pimienta Miss Colombia

Pays : Canada / Colombie
Label : Anti_
Genres et styles : afro-colombien / art-pop / champeta / cumbia / cumbia électro / électronique / latino / pop de chambre
Date de sortie : 17 avril

L’heure a sonné pour Lido Pimienta de reprendre sa place sur le trône. Force de la nature et symbole de l’indépendance de la femme, elle a entièrement produit cet album. Une légitimité à porter de nouveau cette couronne qui lui a été ôtée bien trop tôt ! – Yohann Goyat


Oranssi PazuzuMestarin Kynsi

Pays : Finlande
Label : Nuclear Blast
Genres et styles : black metal / psychédélique / space-rock
Date de sortie : 17 avril

Black metal et psychédélisme font bon ménage et nous entraînent dans un état d’apesanteur tridimensionnel, souvent inconfortable et anxiogène. Un voyage qui nous emmène au fond des gouffres et dont on ressort ébahi. – Francis Dugas

Jean-Pierre Zanella Rio Minas

Pays : Brésil / Canada (Québec)
Label : Arte Boréal / Indépendant
Genres et styles : brésilien / jazz
Date de sortie : 3 avril

Rio Minas ? Rio est le lieu de naissance du grand Chico Buarque. Minas, c’est le diminutif qui désigne l’état du Minas Gerais, à l’intérieur des terres, où a grandi le fabuleux Milton Nascimento. C’est à ces deux icônes de la musique populaire du Brésil que le saxophoniste et flûtiste montréalais Jean-Pierre Zanella rend un vibrant hommage (c’est le cas de le dire, n’est-ce pas?) avec son solide quartette et des invités puissants dont Ron Di Lauro. – Ralph Boncy


Augustus Muller (Boy Harsher)Machine Learning Experiments (bande sonore originale)

Pays : États-Unis
Label : Nude Club
Genres et styles : drone / EBM / expérimental / darkwave / bande sonore
Date de sortie : 10 avril

En collaborant avec le collectif Four Chambers, le d’habitude timide Augustus Muller du duo Boy Harsher nous dévoile sur ce premier album solo une nouvelle facette plus intime et ésotérique de sa personnalité. Avec ses drones de velours, l’atmosphère y est feutrée, sensuelle, mystique et sulfureuse, nous invitant à participer à une quête intérieure presque métaphysique. – Louise Jaunet

Orwell Parcelle brillante

Pays : France
Label : Hot Puma
Genres et styles : électro-pop / pop de chambre
Date de sortie : 24 avril

Orwell est une formation dirigée par le maître mélodiste Jérôme Didelot, digne héritier des Bacharach, Left Banke et autres instigateurs de la pop de chambre. Au programme sur Parcelle brillante, des pièces enrichies d’arrangements soignés, du rétrofuturisme et l’un des plus beaux exemples récents de pop pénétrée par la littérature. – Luc Marchessault


Laura MarlingSong for Our Daughter

Pays : Royaume-Uni
Label : Partisan
Genres et styles : folk / rock
Date de sortie : 10 avril

La prolifique chanteuse britannique Laura Marling, dans la trentaine, a déjà publié sept albums. Le plus récent, Songs for Our Daughter, illustre une autre fois son talent certain. C’est une très belle et intime offrande, qui a une parenté évidente avec l’univers folk californien des années 1960 et 1970 : un jeu de guitare acoustique sobre, juste et mélodique qui accompagne une voix précise et douce. – Jean-François Cyr

LeeNalchi Sugungga

Pays : Corée du Sud
Label : Zanpar Inc.
Genres et styles : asiatique du Nord-Est / new wave / post-punk
Date de sortie : 29 mai

Totalement original et sacrément bien ficelé, ce premier album de LeeNalchi propose un brillant mélange de panori traditionnel coréen et de dance-punk créatif, avec des arrangements vocaux dynamiques et des mélodies hyper accrocheuses. Il n’y a pas que de la K-pop sur la scène sud-coréenne, ce disque – qui pourrait bien être le meilleur de l’année – en est la preuve éclatante. – Rupert Bottenberg

*

Lisez la 3e partie (mai et juin) de notre Top 100 ici ! >>

PAN M 360 au temps des TOPS ! (1ère partie – de janvier à mars)

par Rédaction PAN M 360

Voici venu le temps des Tops ! PAN M 360 conclut l’année 2020 par une liste de 100 albums choisis par nos contributeurs.trices. Régalez-vous !

Notre communauté de passionné.e.s vous propose une sélection de 100 albums ayant marqué 2020. Tous styles, toutes expressions, toutes générations artistiques, toutes parts du globe, tous recoins de notre culture locale confondus. 

Sauf exceptions, tous les mélomanes raffolent des listes de fin d’année, c’est l’occasion d’un retour sur tous ces mois passés en bulle. Malgré le confinement de plus en plus exaspérant, néanmoins nécessaire, cette période de l’année demeure l’occasion de s’échanger ses meilleures trouvailles, en toute intimité ou virtuellement.

La production de ce TOP 100 de 2020 est aussi l’occasion de se rappeler que la plateforme PAN M 360 est devenue publique il y a exactement un an, soit lors de la parution de notre Top 360 albums de la décennie 2010-2019. Ce fut notre premier grand effort de production, pas mal du tout dans les circonstances ! Malgré les imperfections, ce fut pour PAN M 360 une gigantesque carte postale adressée à ses premiers usagers. 

Fin février 2020, nous lancions la vraie production qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Fin 2020, nous sommes très fiers de nos réalisations malgré les énormes contraintes financières et physiques causées par la pandémie. Nous avons dépassé largement le millier de recensions d’albums, nous avons réalisé près de 150 interviews écrites ou audiovisuelles, trois clips tournés en plein confinement, des dizaines d’articles de fond sur l’écosystème musical et on en passe. Nous nous réjouissons d’avoir quadruplé notre circulation depuis le premier trimestre de notre mise en ligne. C’est encore modeste mais ça ne fait que commencer… Si vous êtes passionné.e de musique, joignez la communauté de PAN M 360.

Alors régalez-vous en ce temps propice, malgré tout, à l’écoute des meilleures musiques de partout. Joyeuses Fêtes ! – Alain Brunet

Philon TrioMax Bruch : 8 pièces pour piano, clarinette et alto, op. 83

Pays : Allemagne / Canada / Portugal / Royaume-Uni
Label : Analekta
Genres et styles : classique
Date de sortie : 24 janvier

Le répertoire de musique de chambre de Max Bruch (1838-1920), compositeur allemand connu principalement, et à regret, pour son Concerto pour violon n1 profite du jeu du Philon Trio. Ce dernier livre avec grande sensibilité et lyrisme ces huit pièces pour piano alto et clarinette d’un style postromantique brahmsien à la fois contrastant, sentimental et passionné. – Alexandre Villemaire

Gregory Privat Soley

Pays : France (Martinique)
Label : Buddham Jazz
Genres et styles : caribéen / jazz / jazz électro
Date de sortie : 31 janvier

Jusqu’où ira Gregory Privat ? Nul ne peut le dire. Une chose est sûre : il va nous éblouir encore tant il nous épate. Surtout qu’il ne refait jamais la même chose. Le pianiste antillais y va au feeling et nous présente son nouveau trio dans lequel il chante au milieu des distorsions. Dans Làs, il explique pourquoi il a abandonné une carrière en génie pour la création musicale. Sincère et stupéfiant. – Ralph Boncy


Marie-Pierre ArthurDes feux pour voir

Pays : Canada (Québec)
Label : Bonsound
Genres et styles : chanson / folk / pop / rock
Date de sortie : 24 janvier

Avec Des feux pour voir, son quatrième album, Marie-Pierre Arthur a réalisé un fantasme : jouer de la musique pour vrai avec un vrai band. Entourée de Sam Joly, Nicolas Basque et son copain François Lafontaine, la chanteuse et bassiste a trouvé l’équilibre entre l’énergie mordante et un brin punk qu’elle recherchait (palpable sur la puissante Les nuages tombent) et sa fibre pop plus mélodieuse (Tiens-moi mon cœur, Dans tes rêves). Elle signe ici son plus grand album en carrière. – Olivier Boisvert-Magnen

Hatari Neyslutrans

Pays : Islande
Label : Svikamylla ehf.
Genres et styles : électro / industriel / techno
Date de sortie : 17 janvier

Neyslutrans est d’une efficacité technoïde redo
utable, aux pièces modelées avec autant d’agressivité que de sensualité : fruit d’une improbable alliance, fonctionnant à merveille, entre érotisme, version BDSM, et martialité anti-capitaliste. Hatari se révèle, y compris dans les pièces collaboratives, dans toute sa polyvalence et sa singularité, pétri d’un sentiment d’urgence politique et érotique. – Geneviève Gendreau


Mac MillerCircles

Pays : États-Unis
Label : Warner Bros Records
Genres et styles : hip-hop / folktronica
Date de sortie : 17 janvier

Bouclant la boucle avec le dernier album paru du vivant de Mac, Swimming, cet album est l’un des meilleurs opus posthumes de hip-hop de tous les temps. Tout au long de Circles, Miller nous invite dans les recoins les plus sombres de son esprit, le tout sur des instrumentaux créatifs et enivrants. La voix cendrée et l’authenticité du natif de Pittsburgh font de cette œuvre l’une des plus lancinantes de son époque. – Félix Desjardins

Mon Doux Saigneur Horizon

Pays : Canada (Québec)
Label : Grosse Boîte
Genres et styles : americana
Date de sortie : 31 janvier

Après nous avoir habitué à des projets aux ambiances parfois sombres, le groupe québécois présente un album qui évoque le soleil des Prairies et le folklore western. Aucun hasard là puisque Mon Doux Saigneur est né lors d’un voyage dans l’Ouest canadien. La lassitude dans la voix d’Émerik St-Cyr, superposée à des mélodies simples mais efficaces, crée une atmosphère unique qui ferait une excellente bande sonore pour un road trip dans l’Alsama. – Félix Desjardins


Ted PoorYou Already Know

Pays : États-Unis
Label : Impulse!
Genres et styles : jazz / jazz contemporain
Date de sortie : 28 février

You Already Know, tout premier album du batteur Ted Poor, est un des disques les plus singulièrement personnels de l’année jazz. Ses rythmiques répétitives – mais ô combien riches – et ses arrangements subtils fascinent dès la première écoute. Épaulé par Blake Mills, Andrew Bird et Andrew D’Angelo, Poor nous livre une œuvre nocturne au charme envoûtant. – Steve Naud

Sepultura Quadra

Pays : Brésil
Label : BMG / Nuclear Blast
Genres et styles : metal / thrash-metal
Date de sortie : 7 février

Après avoir lancé plusieurs albums plus qu’ordinaires – on pense à Dante XXI (2006), A-Lex (2009) et The Mediator Between Head and Hands Must Be the Heart (2013) – les Brésiliens se sont repris en 2017 avec Machine Messiah et montrent avec Quadra que ce n’était pas juste un coup de chance. Ils en ont encore dedans ! – Christine Fortier


O LineaTripolaire

Pays : Canada (Québec)
Label : Slam Disques
Genres et styles : rock
Date de sortie : 14 février

Réaffirmation d’une direction prise avec l’album éponyme paru en 2016, cet EP voit le trio aller encore plus loin. Non seulement grâce aux compositions, avec leur solide base de punk-rock mélodique croisé au rock alternatif des années 90 et au folk-rock québécois, mais surtout grâce à la réalisation, qui sert encore mieux les chansons et les amène à un autre niveau. Mention spéciale à la pièce Éphémère. – Patrice Caron

Grimes Miss Anthropocene

Pays : États-Unis
Label : 4AD
Genres et styles : pop / électro-pop
Date de sortie : 21 février

De l’électro-pop à la fois pétillant et sombre, chanté avec une voix enfantine et boudeuse. Agréablement plus obscur que ses précédents albums, et l’on pourrait s’amuser à dire prémonitoire compte tenu des masques chirurgicaux présents dans la vidéo de la pièce Violence. Grimes s’invente un monde mythologique pour y aborder la question de l’extinction humaine à petite et grande échelle, nous offrant son meilleur album à ce jour. – Isabelle Marceau


Makaya McCraven & Gil Scott-HeronWe’re New Again – A Reimagining by Makaya McCraven

Pays : États-Unis
Label : XL Recordings
Genres et styles : future-soul / hip-hop instrumental / jazz / jazz contemporain / soul-jazz / soul / R&B
Date de sortie : 7 février

L’album original produit par le grand Gil Scott-Heron était déjà de grand standing. Le revisiter relevait quasiment de l’impossible. Pourtant Makaya McCraven a réussi à le magnifier en distillant des sonorités jazz hip-hop à juste dose. Du très grand art ! – Yohann Goyat

Sightless PitGrave of a Dog

Pays : États-Unis
Label : Thrill Jockey
Genres et styles : expérimental / industriel / hardcore
Date de sortie : 21 février

Issu de la rencontre au sommet de trois grands esprits des scènes hard américaines, Lee Buford, batteur de The Body, Kristin Hayter, alias Lingua Ignota, et Dylan Walker, chanteur de Full of Hell, Grave of a Dog est une splendide réussite. Des formes musicales diverses sont transcendées dans une même vision eschatologique, se dévoilant à nous dans ces pièces d’une grande inventivité stylistique et d’une puissance émotive indéniable. -Geneviève Gendreau


Against All Logic 2017-2019

Pays : États-Unis
Label : Other People
Genres et styles : downtempo / électronique / house / IDM / techno
Date de sortie : 7 février

Une house sombre de laquelle surgissent des attaques de distorsion, des percussions métalliques et des pointes d’industriel. Parfait pour faire la fête dans un réacteur nucléaire non décontaminé. – Francis Dugas

Cindy LeeWhat’s Tonight To Eternity

Pays : Canada
Label : W.25TH
Genres et styles : lo-fi / pop expérimentale / noise-pop
Date de sortie : 14 février

Sur ce quatrième album de Cindy Lee (l’ex-Women Pat Flegel), les dérives bruitistes sont davantage maîtrisées, l’ensemble mieux orchestré et le niveau de production nettement plus élevé. La sombre mélancolie de Flegel, son penchant pour le romantisme tragique de la pop Motown ou les productions sixties de Richard Gottehrer nous ramène un peu à l’univers de Badalamenti, d’Ela Orleans ou de Suicide. What’s Tonight To Eternity est une œuvre riche et touffue où le chaos s’imbrique à merveille dans la lumière. – Patrick Baillargeon


Pomme Les Failles cachées

Pays : France
Label : Universal
Genres et styles : chanson française / folk
Date de sortie : 14 février

2020 a été l’année de la consécration pour cette jeune artiste de 24 ans qui s’inscrit tout droit dans le courant de la grande chanson française. Voix chaleureuse et mélancolique, sens de la mélodie enveloppante, Claire Pommet chante la vie, l’amour, la maternité ou la mort dans une ambiance auréolée de lumière endimanchée. – Claude André

Jasper Høiby Planet B

Pays : Danemark
Label : Edition
Genres et styles : jazz / jazz contemporain
Date de sortie : 6 mars

Projet à vocation écologique du contrebassiste de Phronesis, Planet B allie la ferveur du jazz à la conscientisation. Des extraits de discours suscitant la réflexion ponctuent la musique du trio alors que le jeu dynamique de Høiby attise les éruptions passionnées du saxophoniste Josh Arcoleo et les polyrythmies imaginatives du batteur Marc Michel. Un coup de maître ! – Steve Naud


Orchestre symphonique de Laval, Alain Trudel, Jean-Philippe SylvestreJacques Hétu : Concertos

Pays : Canada (Québec)
Label : ATMA Classique
Genres et styles : classique
Date de sortie : 6 mars

En cette année qui marque le dixième anniversaire du décès du compositeur Jacques Hétu (1938-2010), l’Orchestre symphonique de Laval, sous la baguette d’Alain Trudel et accompagné par le pianiste Jean-Philippe Sylvestre, rend hommage à ce Trifluvien d’origine. Des paysages sonores évoquant la rivière Saint-Maurice aux claironnants sons de trombone de l’homme-orchestre Trudel, les œuvres de cet album font ressortir l’expressivité du langage sonore coloré et imagé de Jacques Hétu. – Alexandre Villemaire

Bantü Salsa Kessaï

Pays : Cameroun / Canada (Québec)
Label : Miss-Meuré
Genres et styles : afro-cubain / afro-pop / jazz africain / salsa
Date de sortie : 11 mars

La surprise dans le domaine des musiques du monde au Québec cette année, c’est bien Bantü Salsa ! Avec une section de cuivres et surtout une kora miraculeuse jouée par Djeli Mory Kontuara, cela donne une salsa mandingue qui revient chez elle en Afrique, complétant un circuit Bamako-San Juan-NY-Montréal. Bravo ! – Ralph Boncy


P’tit BelliveauGreatest Hits Vol. 1

Pays : Canada
Label : Bonsound
Genres et styles : folk / country
Date de sortie : 27 mars

D’abord connu sous le pseudonyme de Jonah Meltwave, son alter-ego hip-hop, P’tit Belliveau a gardé son groove originel et lui a donné une toute nouvelle saveur en la saupoudrant de guitare électrique, de rythmes disco et d’une bonne dose de banjo. En résulte Greatest Hits Vol. 1, un album libre, rafraîchissant, unique. – Olivier Boisvert-Magnen

Julien Dumont Constance perdue

Pays : Canada (Québec)
Label : Indépendant
Genres et styles : new wave / post-punk / rock
Date de sortie : 27 mars

Le musicophile perçoit des échos de Wire, de Malajube et d’Indochine sur Constance perdue, un opus melancholium de type new wave et post-punk, avec touches de musique planante rétro, créé par un jeune vétéran (Moussette et Bateau Noir). Vingt-huit minutes, c’est court, mais ça n’empêche pas Constance perdue d’être un fort substantiel album. – Luc Marchessault

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Lisez la 2e partie (mars et avril) de notre Top 100 ici ! >>

Top 20 des pochettes d’albums de 2020

par Rédaction PAN M 360

Pour la touche de style essentielle qu’elles ajoutent à la musique, PAN M 360 salue les plus belles pochettes de l’année.

L’art des belles pochettes de disque n’est pas mort à l’arrivée du numérique, loin de là ! Surtout avec le retour en force du vinyle. Photo, collage, magie de l’ordinateur ou bons vieux dessins, tous les moyens sont bons pour ajouter cette touche, comme en témoigne nos choix des pochettes les plus remarquables de 2020.

Ko Shin MoonMiniatures 1 EP (Indépendant)

Le premier des quatre EP de la série Miniatures du duo français Ko Shin Moon a récemment vu le jour et propose quatre voyages en Orient sur des tapis volants tissés de space disco aérien et d’électro-folk groovy. Ce volet est passablement arabisant, peut-être les suivants nous emmèneront-ils en Turquie, en Inde, ou même, qui sait, en Indonésie. À propos, la pochette, gracieusement étrange, qu’on retrouve sous une forme plus élaborée dans la somptueuse vidéo du premier simple, Antelias, est l’œuvre de la célèbre Ardneks de Jakarta – voir notre profil de l’artiste ici. – Rupert Bottenberg

Double Date with DeathL’Au-Delà (Howlin Banana/Sexy Sloth/Resurrection)

Le choix du groupe montréalais d’avoir recours à l’artiste belge Elzo Durt pour illustrer son album fut judicieux. Dès la parution du premier simple, notre curiosité était piquée et la suite a été à la hauteur. On reconnaît le style de Durt, sa technique, mais le sujet est différent de ceux qu’on lui connaît et donne à cette œuvre une aura particulière. Et que dire de ses déclinaisons ! Une pochette qui donne autant le goût de découvrir Elzo Durt que Double Date with Death. – Patrice Caron


The Gaslamp KillerHeart Math (Cuss)

Soutenu par des groupes comme The Heliocentrics et l’omniprésent Miguel Atwood-Ferguson, l’Angelino Gaslamp Killer – héritier présomptif de DJ Shadow – a lancé cette année un troisième album de downtempo à fort penchant instrumental à la puissance redoutable. L’illustration ésotérique de TANT, l’un des quatre membres de la formidable bande de street-art israélienne Broken Fingaz, ajoute à l’ambiance curieuse et inquiétante du disque par son symbolisme sorcier. – Rupert Bottenberg

ArcaKiCk i (XL Recordings)

La pochette de KiCk i de Arca, alias Alejandra Ghersi, se veut une saisissante extrapolation queero-futuriste de l’humanité sur la voie du transhumanisme. Non seulement l’artiste électronique illustre-t-elle sa propre transformation du masculin au féminin mais encore évoque-t-elle artistiquement les mutations à venir en s’affublant de prothèses stylisées assorties de griffes en acier inoxydable et d’échasses. On ne ressemblera probablement pas à ça au siècle prochain mais… il y a fort à parier que nous ne serons plus exclusivement constitués de matière organique. – Alain Brunet


Denzel Curry & Kenny BeatsUNLOCKED EP (Loma Vista)

Les images que crée l’artiste Chris M. Wilson s’inspirent autant de l’univers des bandes dessinées que des esthétiques hip-hop et punk hardcore. Pour la pochette du mini-album UNLOCKED de Denzel Curry et Kenny Beats, il a imaginé un monde post-apocalyptique qui correspond à merveille à la musique explosive concoctée par le duo. Dans une ville défigurée par une détonation, le DJ cyborg échafaude un plan sur son portable, tandis que le MC mutant brandit une poignée d’énergie fluorescente, pour délivrer des coups de poing radioactifs à quiconque tente de lui barrer la route. – Steve Naud

InventionsContinuous Portrait (Temporary Residence)

Lorsque nous dormons, méditons ou écoutons le dernier album hypnotisant du groupe Inventions, nous produisons différents types d’ondes cérébrales invisibles à l’œil nu. La pochette illustre ce propos avec un dessin tiré du livre The Principles of Light and Colors, un trésor occulte de pseudoscience écrit par Edwin D. Babbitt et tombé dans l’oubli depuis sa parution en 1878. – Louise Jaunet


Thesis SahibSpinch (Original Game Soundtrack) (Materia Collective)

La dernière fournée de pièces de chiptune de qualité supérieure et de dream-pop électronique enjouée mais substantielle de Thesis Sahib constitue un excellent accompagnement au jeu vidéo indépendant, conçu au Canada, Spinch. Celui-ci donne vie à un « écosystème » imaginé par Jesse Jacobs, graphiste et créateur de bandes dessinées primé de Hamilton, Ontario, et l’illustration totémique de la pochette de la bande son est un parfait exemple de son style, avec ses spaghettis fluos flottant dans l’espace. – Rupert Bottenberg

Idris Ackamoor & PyramidsShaman! (Strut)

Au premier coup d’œil, on pourrait croire que la pochette de l’épatante excursion free jazz du saxophoniste franciscanais Idris Ackamoor est l’œuvre du grand et regretté Mati Klarwein, dont les exquises peintures ornent les pochettes de nombreux classiques de Miles Davis, Santana, The Last Poets et bien d’autres. Non, il s’agit en fait de l’œuvre du peintre et muraliste japonais Tokio Aoyama, dont les toiles visionnaires vibrent d’un amour pour la musique afro-américaine (vous souvenez-vous du magnifique Umsindo de Georgia Anne Muldrow ?). – Rupert Bottenberg


Drew McDowallAgalma (Dais)

Fidèle à son habitude de s’entourer de talents, le chevronné Drew McDowall a ici fait appel à l’artiste américaine multimédia Caroline Schub, dont l’œuvre compose la pochette. Fascinante à elle seule, celle-ci figure de brillante façon la dichotomie entre élévation et profondeurs traversant l’album. – Geneviève Gendreau

Artistes variésGuide to the Birdsong of Mexico, Central America & the Caribbean (Shika Shika)

La deuxième compilation de ce type supervisée par Robin Perkins, alias El Búho, de Shika Shika (la première, en 2015, portait sur les espèces d’oiseaux menacées d’Amérique du Sud), est une grande réussite. Elle présente, pour une bonne cause, un tout homogène avec d’excellents morceaux et, pour le relier le tout, une superbe et audacieuse œuvre du designer Scott Partridge. Retrouvez son univers visuel dans la vidéo de Black Catbird du Garifuna Collective, le meilleur morceau du lot. – Rupert Bottenberg


Dany PlacardJ’connais rien à l’astronomie (Simone)

Artiste qui compte plusieurs couvertures d’album dans son portfolio, Sarah Marcotte-Boislard collabore pour la deuxième fois avec Dany Placard (elle avait réalisé la couverture de Démon Vert de 2012). Elle a su parfaitement illustrer le penchant psychédélique de cette proposition de Placard, avec une utilisation des couleurs au final quasi hypnotique. Dans le mille. – Patrice Caron

Dengue Dengue DengueFiebre (NAAFI)

Comme la musique du duo péruvien installé à Berlin, le fascinant visuel de la pochette de Fiebre évoque quelque chose d’à la fois abstrait et algorithmique, tout en étant résolument organique. Il s’agit en fait d’un détail d’une sculpture de la série Termite Economies de l’artiste australien Nicholas Magnan qui établit des liens entre écologie, technologie et société humaine. – Rupert Bottenberg


The Vacant LotsInterzone (Fuzz Club)

Pour son troisième album, l’excellent duo synthpunk new-yorkais The Vacant Lots a de nouveau fait appel à l’artiste Ivan Liechti, qui crée des pochettes d’op art minimalistes avec une distorsion visuelle maximale. Attention de ne pas la fixer trop longtemps, il se pourrait que vous tombiez dans une zone hallucinogène sans retour possible… – Louise Jaunet

JonqueraDARKOS LP (Bamboo Shows)

Par le biais d’une approche dark ambient improbable mais efficace, aux rythmes appuyés, le producteur lyonnais Jonquera s’intéresse à un conte moral iconoclaste du Moyen Age sur son nouvel album DARKOS LP. Le tout est rendu par l’illustration de style gravure sur bois de l’artiste toulousaine Alison Flora – laquelle enquête sur des énigmes ésotériques, des mystères anciens et des tabous brisés… – qu’elle a peinte de son propre sang. Admirablement sombre, n’est-ce pas ? – Rupert Bottenberg


Papi ChuloRitmo de lo Habitual (Indépendent)

L’artiste serbe Mihailo Kalabić crée des organismes cybernétiques très inventifs dans un style quasi-soviétique inquiétant. Pour la pochette de son deuxième album de futurisme tropical à la fois sombre et flamboyant, le Montréalais Mariano « Papi Chulo » Franco a raconté un de ses trips de champignon magique particulièrement révélateur à Kalabic, qui en a donné une illustration s’en rapprochant, semble-t-il, de façon étonnante. – Rupert Bottenberg

Erik HallMusic For 18 Musicians (Steve Reich) (Indépendent)

La minutieuse reconstitution par Erik Hall en solo du magistral chef-d’œuvre du minimalisme américain de 1978 de Steve Reich méritait une pochette à l’avenant. L’interprétation qu’en fait Aaron Lowell Denton lui rend justice. Elle s’écarte légèrement du style habituel de l’artiste du Midwest (voir aussi sa pochette pour le mini-album Texas Sun de Khruangbin et Leon Bridges), mais comme toujours, elle est exécutée de façon simple et soignée. – Rupert Bottenberg


The GruesomesSomeone Told a Lie / Make Up Your Mind (KOTJ)

Les Gruesomes, les « tyrans du teen trash » de Montréal, règnent sur la scène mondiale du garage-rock depuis les années 80. Heureusement, ils n’ont pas montré de signes significatifs de maturité au cours des décennies et ont fêté leurs 35 ans avec un 45 tours. Mieux encore, celui-ci était accompagné en prime d’une bande dessinée racontant en espagnol deux histoires sinistres dans lesquelles le groupe se retrouve empêtré. Le tout dans un style d’horreur rétro impeccable, bien sûr, grâce aux bons soins des artistes espagnols Furillo et Jorge Rueda, tandem derrière l’imprimerie Palmeras Y Puros. – Rupert Bottenberg

Uniform«Awakening» (Sacred Bones)

« I have no use for God. God has no use for me. When there’s nothing to lose, then you’re finally free. » Album après album, le chanteur Michael Berdan semble toujours à la recherche d’une révélation salutaire, voire d’une rédemption christique, illustrée sur ce simple par un montage réalisé à partir d’une photo morbide et poétique datant de l’ère victorienne. – Louise Jaunet


Artistes variésFairytale of Megabiodiversity (La Munia)

Important producteur de musiques indonésiennes, anciennes et nouvelles, le label jakartais La Munai a assemblé cette intrigante compilation de pop psychédélique actuelle et de rock de toutes sortes venant de l’archipel du sud-est asiatique. La designer Satria Nurzaman a opté pour une palette de couleurs intenses et une touche d’op art pour ce foisonnant collage numérique de flore, de faune et de trucs bizarres qui accompagne parfaitement la musique imaginative du disque. – Rupert Bottenberg 

Vinyl WilliamsAzure (Requiem Pour Un Twister)

Au moyen d’un collage de 25 œuvres différentes, Lionel Williams nous plonge dans son univers visuel transcendantal, céleste et paradisiaque qui prend vie dans une installation numérique immersive, disponible sur son site officiel. L’artiste nous invite à fouiller les différents paysages pour suivre un mystérieux symbole spiralé qui nous fait voyager d’un tableau virtuel 3D à un autre. – Louise Jaunet

Les prix Lucien 2020

par Alain Brunet

Le 15e Gala alternatif de la musique indépendante du Québec, mieux connu sous son acronyme GAMIQ, a été présenté dimanche, en direct sur le web. Vous l’avez loupé ? Vous y avez accès jusqu’au 6 janvier 2021 sur les sites du GAMIQ et de PAN M 360.

Voici la liste des lauréats 2020 des prix Lucien :

Artiste de l’annéeLes Deuxluxes
Révélation de l’annéeP’tit Belliveau
Choix du publicSouldia
Vidéoclip  – Corridor : Topographe
Album Rock – Ex-aequo — Bon Enfant : Bon Enfant et Les Deuxluxes : Lighter Fluid
Album Indie RockCorridor : Junior
Album Folk Mon Doux Saigneur : Horizon
Album Rap/Hip HopLaF : Citadelle
Album PopMara Tremblay : Uniquement pour toi
Album Electro  – Boskorgï : Jazz Pranksters
Album ou Ep MétalAnonymus : La Bestia
Album ou EP PunkBloodskin Atopic : Exzéma
Album ou EP Post-Rock ou Post-PunkNüshu : Sexe étranger
Album ou EP ExpérimentalFlore Laurentienne : Volume 1
Album ou EP Musique du mondeIlam : Néné
Album ou EP Trad É.T.É. : Les quatre roses
Album ou EP JazzThe Liquor Store : Night Drive
Album ou EP Country Veranda : Yodel Bleu
Album ou EP Hors-QuébecP’tit Belliveau : Greatest hits vol.1
EP Rock – Nobro : Sick Hustle
EP Indie RockNavet Confit : EP8 (Il fait très froid)
EP FolkPhilémon Cimon : Philédouche
EP Rap/Hip hop Vendou : Trèdou
EP ElectroBeige-à-coeur : Moonshine
EP PopClay & Friends : Grouillades
Salle de spectacle de l’annéeL’ANTI, bar et spectacles
Festival de l’annéeLe Phoque Off
Radio de l’annéeCHYZ
Média numérique de l’annéeLe Canal Auditif
Étiquette de disques de l’annéeLes disques 7ième Ciel
Relations de presse de l’annéeMauvaise Influence
Gérance et Production de l’annéeAmbiances Ambiguës
Piggy 2020Anonymus

Rappelons que le guitariste Sunny Duval, premier « chef d’orchestre » de l’histoire du GAMIQ, a servi la première prestation de l’événement, suivi des Deuxluxes, Anonymus, Beat Sexu, Philémon Cimon & Kanen, Les Mains Sales, Tremblay 73, Claude L’Anthrope, Navet Confit, Véranda et Les Martyrs de Marde.

Pas moins de 33 présentateurs représentatifs de différentes entreprises du milieu musical québécois ont attribué autant de prix Lucien, enrobés des environnements créés par DJ Horg.

Pour le 15e anniversaire, et en raison de la situation que vit actuellement le milieu de la musique au Québec, des catégories ont été ajoutées et on a profité de l’occasion pour renommer « Piggy » le prix hommage en mémoire de Denis D’Amour, le créatif guitariste de Voivod disparu en 2005. 

Des 32 catégories mises en relief durant l’émission, Les Deuxluxes, P’tit Belliveau et Corridor se sont démarqués avec chacun deux Luciens, dont notamment celui d’Artiste de l’année pour le duo formé d’Anna Frances Meyer et Étienne Barry.

GAMIQ 2020 from Patrice Caron on Vimeo.

classique occidental

Bach contre-attaque ! La musique classique organise sa résistance face à la crise

par Frédéric Cardin

Le milieu québécois de la musique classique réplique avec force et détermination à la crise qui frappe les arts de la scène : Québec Baroque, une nouvelle plateforme de diffusion de concerts en ligne est née !

Discussion avec Paolo Corciulo, directeur exécutif associé du Festival Bach Montréal, initiateur du projet.

PAN M 360 : Bonjour M. Corciulo, qu’est-ce que Québec Baroque ?

PAOLO CORCIULO : Québec Baroque est une plateforme de diffusion de concerts en ligne liée à la musique classique (pas seulement baroque). C’est une idée qui nous trottait dans la tête depuis un certain temps, et quand la pandémie est arrivée, nous avons conclu que c’était le temps de la réaliser.

PAN M 360 : Quand vous dites « nous », de qui parlez-vous ?

PAOLO CORCIULO : Il s’agit de l’équipe du Festival Bach Montréal et de la Bach-Académie. Nous sommes une seule et grande famille !

PAN M 360 : Quel est l’objectif de cette nouvelle plateforme : faire connaître les artistes d’ici au monde ou faire découvrir la musique baroque (et classique en général) aux gens d’ici ?

PAOLO CORCIULO : L’objectif principal est d’offrir aux artistes d’ici des occasions supplémentaires de faire valoir leur talent. Bien entendu, et en même temps, rendre la musique, aussi bien baroque que classique ou romantique, mieux connue du public est un but que nous souhaitons atteindre avec la même ferveur !

PAN M 360 : Mettre sur pieds ce type d’infrastructure ne doit pas être facile, quel est l’avantage de le faire ?

PAOLO CORCIULO : D’abord, en ces temps de pandémie et de restrictions visant les sorties culturelles, cette plateforme nous offre la possibilité de mettre en valeur les concerts du Festival Bach qui, de toute façon, auraient dû être offerts en captation numérique. Tant qu’à le faire, faisons-le en nous démarquant ! Il y a également un autre avantage, pour les artistes celui-là : avec les concerts que nous mettrons en ligne, ils auront une très belle carte de visite à soumettre lorsque viendra le temps d’être engagés pour donner des concerts ailleurs dans le monde. Nous avons une liste de décideurs aux États-Unis et en Europe à qui nous faisons parvenir un accès à nos captations. Considérant la qualité exceptionnelle de ces dernières, tant au niveau visuel que sonore (ça, c’est la priorité !), ça ne pourra que servir nos musiciens et musiciennes dans l’avenir.

PAN M 360 : La pandémie force tout le monde à s’ajuster et les concerts en ligne sont devenus une nécessité, mais cette situation ne durera pas éternellement. Quelle pertinence aura cette plateforme dans l’après-COVID ? Ne risquez-vous pas de nuire au retour du public dans les salles ?

PAOLO CORCIULO : C’est une question que nous nous sommes évidemment posée. La conclusion est que cela ne nuira pas, au contraire. Premièrement, les gens auront besoin de retourner dans les salles et de vivre l’expérience du concert pour vrai, ce partage d’un moment intime entre des centaines de personnes. La diffusion en ligne n’a pas remplacé et ne remplacera pas le concert vivant, c’est une nouvelle offre. Qui plus est, des études démontrent que les offres en ligne ne nuisent pas aux organismes de concert et qu’elles leur donnent même plus de rayonnement. Bref, nous sommes confiants.

Deuxièmement, il n’est pas clair encore comment le retour s’effectuera, ni quand exactement. Certaines personnes âgées auront peut-être peur de retourner en salle, ils pourront alors utiliser la plateforme. 

Troisièmement, Québec Baroque nous offrira la possibilité d’élargir notre public. Actuellement, des gens nous écoutent d’ailleurs au Québec ou au Canada (ailleurs que Montréal, je veux dire). Auparavant, la plupart d’entre eux ne seraient pas venus dans la métropole pour écouter un concert au centre-ville ! Ça, c’est une évolution intéressante de nos opportunités de développement de public. Et pour les Montréalais, la géolocalisation demeure une option si nous jugeons que la plateforme les garde un peu trop à la maison par rapport aux salles de concert.

Finalement, Québec Baroque nous offre des possibilités de commandites nouvelles. Certains commanditaires ne sont pas intéressés à appuyer un événement qui ne réunira que 300 ou 400 personnes maximum. Mais sur le web, il n’y a pas vraiment de maximum. Cela nous ouvre des portes que nous ne connaissions pas avant. 

PAN M 360 : Financièrement, quels objectifs avez-vous ?

PAOLO CORCIULO : Nous aimerions faire nos frais, peut-être réaliser quelques profits d’ici une année. Mais nous savons bien que ce genre de produit en musique classique n’est pas destiné à amasser de l’argent ! Nos véritables objectifs, comme je l’ai dit plus tôt, sont ailleurs. C’est un peu comme ouvrir une nouvelle boutique en ville. Nous avons déjà la boutique mère au centre-ville et elle constitue notre vaisseau amiral. Une succursale dans un autre quartier ne générera probablement pas de profits faramineux, mais elle nous offrira tout de même plus de visibilité, tout en réalisant au mieux quelques avantages financiers ou, sinon, un équilibre budgétaire. C’est ce que nous envisageons.

PAN M 360 : En termes de modèle d’affaires, comment fonctionnez-vous ? Qui engage les techniciens, loue le matériel audio vidéo, etc. ?

PAOLO CORCIULO : Il y a différentes possibilités : les organismes participants peuvent s’en charger ou nous pouvons le faire. Par exemple, le concert de Clavecin en concert présent sur la plateforme nous a été offert clé en mains. Ils ont engagé les techniciens, géré toute la logistique, nous ont même fourni le lien de diffusion. Nous nous chargeons d’offrir la visibilité. Dans d’autres cas, nous organiserons tout, ou une partie, avec l’aide d’une compagnie de captation avec qui nous faisons affaires.

PAN M 360 : Êtes-vous optimistes pour l’année 2021 et pour la prochaine édition du Festival Bach ?

PAOLO CORCIULO : Oui, mais en faisant preuve de réalisme. Pour nous, l’édition 2021 est déjà prévue en mode virtuel. Parce que, quand exactement cette situation se sera-t-elle résorbée ? C’est difficile à dire. Nous annonçons habituellement notre programmation en avril. Mais le vaccin sera-t-il disponible pour tous à ce moment-là ? Quelle sera la nature des restrictions dans la période intermédiaire et combien de temps celle-ci durera-t-elle ? Nous ne pouvons pas attendre jusqu’à la dernière minute pour nous décider ! Il faut réserver les musiciens d’avance. Alors, voilà, nous ne prenons aucune chance.

Et puis, il y a plus inquiétant : la véritable crise des subventions à la culture est à venir, en 2021, et peut-être après. Tourisme Québec et Montréal, qui contribuent à notre financement, fonctionnent essentiellement avec la taxe de séjour, payée par les touristes. En 2020, nous avons pu compter sur celle de 2019, qui était excellente, mais en 2021, ce sera celle de 2020 qui servira de guide. Or, celle-ci s’élèvera à… zéro ! Les gouvernements nous aident en ce moment et on doit les remercier. Mais une fois le vaccin offert, se diront-ils « voilà, tout est réglé », alors que les répercussions de la crise, elles, ne feront que continuer à nous frapper. Et puis qu’arrivera-t-il quand viendra le temps de résorber les déficits astronomiques et le fardeau accru de la dette pour nos États ? Nous devons être prêts et nous armer de courage et d’ingéniosité pour longtemps encore, même s’il faut demeurer optimistes. Les gens auront envie de beauté, nous devrons nous organiser pour leur en offrir !

PAN M 360 : M. Corciulo, ce fut un plaisir. Nous vous souhaitons le meilleur des succès avec Québec Baroque, mais également avec le Festival Bach Montréal, qui se poursuit actuellement jusqu’au 6 décembre !

PAOLO CORCIULO : Merci !

classique occidental / musique contemporaine

Concours de composition de l’OM : le carré d’as (quatrième partie)

par Frédéric Cardin

Le premier concours de composition de l’Orchestre métropolitain consacre quatre créateurs, voilà l’occasion de les découvrir sur PAN M 360. Voici Nicholas Ryan.

L’Orchestre Métropolitain a choisi quatre lauréats pour son premier Concours de composition, inspiré par l’œuvre de Beethoven : Marie-Pierre Brasset, Cristina Garcias Islas, Francis Battah et Nicholas Ryan. Lancée en mars dernier, cette compétition vise à commémorer le 250e anniversaire du fameux compositeur allemand. L’an prochain, les œuvres des lauréats seront créées par l’Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le présent dossier vise à vous faire découvrir ces compositeurs et leurs œuvres, interviews de PAN M 360 à l’appui.

Place à Nicholas Ryan, jeune compositeur d’à peine 30 ans natif de Montréal. Avant d’être compositeur, Nicholas est un interprète de la guitare électrique, pour laquelle il a déjà écrit plusieurs pièces de chambre. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait étudié avec Tim Brady, l’un des meilleurs interprètes et compositeurs contemporains pour cet instrument. Il a également été formé par Sandeep Bhagwati et Georges Dimitrov à l’Université Concordia, deux grands défenseurs de l’interdisciplinarité et de l’ouverture de la musique contemporaine sur les traditions non classiques telles que l’électro, le bruitisme, le rock underground, le punk, le post-punk, etc. C’est une vision artistique que partage pleinement Nicholas.

PAN M 360 : Où as-tu grandi et qu’est-ce qui t’a amené à devenir musicien ?

NICHOLAS RYAN : J’ai grandi à Montréal. Difficile de dire ce qui m’a amené à la musique. J’imagine que ce sont de bons amis et de bons professeurs. Ça et la découverte de Xenakis !

PAN M 360 : T’identifies-tu à une tradition compositionnelle ?

NICHOLAS RYAN : Non, pas vraiment. Mais si l’artiste interdisciplinaire Ragnar Kjartansson ouvre une école de musiques nouvelles, je serai son premier étudiant.

PAN M 360 : Dans quelle esthétique t’inscris-tu ?

NICHOLAS RYAN : Une bonne partie de ce que je fais comme compositeur consiste à chercher à traduire en sons des idées tirées des arts visuels ou de la littérature. Parallèlement, l’essentiel de ce que je fais comme artiste visuel consiste à chercher à traduire en images ou en installations des idées venues de la composition.

PAN M 360 : Quels sont les traits principaux de ton travail ? 

NICHOLAS RYAN : Son. Silence. Something

PAN M 360 : Selon toi, y a-t-il une différence entre les compositeurs formés académiquement aujourd’hui et ceux du passé ?

NICHOLAS RYAN : Difficile à dire, parce que je ne crois pas que ma formation universitaire en composition ait été très conventionnelle.

PAN M 360 : Quels sont tes goûts musicaux en tant que mélomane ?

NICHOLAS RYAN : Je suis arrivé à la musique par la guitare électrique qui, pour moi, est un instrument éclectique. Donc, oui, j’écoute de tout, même si ça peut paraître cliché.

PAN M 360 : Quelles sont tes œuvres principales, celles dont tu es le plus fier ?

NICHOLAS RYAN : 

Something for James Tenney’s Spectral Canon for Conlon Nancarrow :

Poème Symphonique 2.0 ( BETA) :

Quintet (For 5 Electric Guitars and Audience) :

Elles sont toutes disponibles sur ma nouvelle page YouTube N.M. Ryan. Je publie aussi des micro-pièces sur mon compte Instagram (@n_m_ryan).

PAN M 360 :  Y a-t-il un projet global à long terme qui t’anime en tant que compositeur, un héritage que tu aimerais laisser ?

NICHOLAS RYAN : On dit que les musiciens du Titanic ont continué à jouer pendant que le navire sombrait. Si je pouvais trouver le moyen de recréer cette scène, mais dans un avion qui tombe du ciel au lieu d’un navire qui sombre, sans que ni les artistes ni le public ne se blessent, alors je pourrais probablement prendre ma retraite des arts le lendemain matin.

PAN M 360 : Décris-nous la pièce qui sera jouée par l’Orchestre Métropolitain ?

NICHOLAS RYAN : C’est une sorte de mariage entre The Unanswered Question de Charles Ives et Four Organs de Steve Reich. Ce n’était même pas voulu, mais ça s’est présenté comme ça ! Pour l’instant, le titre est Eroisca, mais ça pourrait changer.

La structure a été inspirée par le texte Easter Pome de bpNichol, un artiste pluridisciplinaire canadien né en 1944 et mort en 1988, mais aussi, de toute évidence, par mes réflexions sur la pertinence de Beethoven au 21e siècle. 

Avant de conclure, j’aimerais dire à quel point je suis honoré par l’opportunité qui m’est offerte par l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin. J’ai très hâte de voir (et entendre) le résultat !

classique occidental

Concours de composition de l’OM : le carré d’as (troisième partie)

par Frédéric Cardin

Le premier concours de composition de l’Orchestre Métropolitain consacre quatre créateurs, voilà l’occasion de les découvrir sur PAN M 360. Voici Francis Battah.

 Crédit photo : Denis Cloutier

L’Orchestre Métropolitain a choisi quatre lauréats pour son premier Concours de composition, inspiré par l’œuvre de Beethoven : Marie-Pierre Brasset, Cristina Garcias Islas, Francis Battah et Nicholas Ryan. Lancée en mars dernier, cette compétition vise à commémorer le 250e anniversaire du fameux compositeur allemand. L’an prochain, les œuvres des lauréats seront créées par l’Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le présent dossier vise à vous faire découvrir ces compositeurs et leurs œuvres, interviews de PAN M 360 à l’appui.

Rencontre avec Francis Battah, jeune compositeur montréalais né en 1995. C’est sa pièce intitulée Prélude aux paysages urbains qui lui a permis d’être choisi parmi les lauréats du concours de composition.

Francis a étudié avec Alan Belkin, Ana Sokolovic et Denis Gougeon, et poursuit en ce moment sa maîtrise à McGill avec Denys Bouliane. Il a déjà quelques honneurs prestigieux à son actif, entre autres au Concours de composition Antonin Dvorak à Prague, à la Société de concerts de Montréal, des compositions interprétées par Serhiy Salov, Nicolas Ellis et l’Orchestre de l’Agora, une collaboration avec l’actrice Monique Miller et plusieurs résidences de composition (dont une avec l’Orchestre de la Francophonie canadienne).

PAN M 360 : Salut Francis ! Comment as-tu réagi quand tu as reçu la nouvelle de ta nomination ?

FRANCIS BATTAH : Disons que ce fut assez excitant car c’est Yannick Nézet-Séguin qui m’a appelé pour me le dire. Ça ne pouvait pas être annoncé d’une meilleure manière !

PAN M 360 : Comment vois-tu ce défi dans les prochains mois, jusqu’à la création en mai ou juin 2021 ?

FRANCIS BATTAH : En vérité, la pièce est déjà toute écrite ! Ce sera moins stressant qu’une commande où l’on part de zéro. Disons que le gros du travail est derrière moi.

PAN M 360 : Reste-t-il tout de même quelques détails à régler ?

FRANCIS BATTAH : Assurément, mais assez mineurs. Ce sont des détails qui seront abordés directement avec Yannick quand il aura la partition complète. Il s’agit surtout de questions de tempos, des corrections d’erreurs, etc. Mais quand l’orchestre aura la musique, nous n’aurons qu’une seule répétition de 40 minutes pour tout placer. C’est tout ! Nous n’aurons pas le temps de changer des éléments trop précis comme des rythmes ou des notes. Et les erreurs techniques, ou de typogaphie, mettons, sont à proscrire absolument. Si un musicien lève la main parce qu’il bute sur quelque chose d’imprécis, ce sont de précieuses minutes perdues, et dans ce cas, elles sont rares !

PAN M 360 : Retournons au tout début si tu le veux bien. Comment es-tu devenu compositeur ?

FRANCIS BATTAH : Quand j’ai reçu un clavier électronique à l’âge d’environ six ans, la première chose que j’ai faite avec, c’est une petite composition ! Ensuite, j’ai suivi des cours de piano, mais j’ai fini par me rendre compte que j’avais de meilleures chances de me démarquer en étant compositeur plutôt que pianiste.

PAN M 360 : Ton parcours a-t-il toujours été classique ?

FRANCIS BATTAH : Non, j’ai fait pas mal de jazz aussi. C’est une musique qui colore assurément mon langage musical.

PAN M 360 : T’identifies-tu à une tradition musicale ? 

FRANCIS BATTAH : Je m’identifie comme indépendant. Bien sûr, si on veut faire la généalogie des sources fondamentales qui m’abreuvent, on doit parler de la tradition classique « traditionnelle » (Rires, c’est un pléonasme, mais bon), comme Mozart, Beethoven et la suite habituelle. Mais il y a aussi le jazz et un peu de prog rock, avec la musique contemporaine pour combler le tout.

PAN M 360 : Parlant de musique contemporaine, y a-t-il une esthétique précise à laquelle tu te rattaches plus volontiers ?

FRANCIS BATTAH : Celle de Ligeti m’habite fortement. Je me reconnaît dans son intérêt pour le rythme, dans sa recherche de sonorités inusitées, dans son indépendance aussi. Il ne faisait partie d’aucune « école » précise. Pour moi, il est un modèle.

PAN M 360 : Trois termes qui décrivent bien la musique que tu aimes écrire ?

FRANCIS BATTAH : 1- Souci de l’harmonie, qu’elle soit consonante ou dissonante; 2- Utilisation de formes qui permettent à l’auditeur de bien comprendre mon message. Je ne recherche pas la complexité à tout prix. J’essaie plutôt de communiquer le plus directement et le plus simplement possible des idées qui peuvent être très complexes et raffinées; 3- Diversité. J’aime toucher à toutes sortes de choses, à exprimer des caractères très différents les uns des autres selon les œuvres. 

PAN M 360 : Pour toi, qu’est-ce qui prime : le son ou l’harmonie ?

FRANCIS BATTAH : Je pense aux notes et à leur organisation harmonique avant le son brut. C’est mon point de départ. Cela dit, après je travaille toujours la finalité sonore de l’œuvre. Et là, je reviens à Ligeti : il avait la faculté de naviguer entre les deux, entre l’harmonie et le son vierge, brut. J’aime ce type d’entre-deux, cette recherche de liens entre deux prémisses opposées.

PAN M 360 : Que préfères-tu, une musique qui exprime des idées musicales ou une musique qui exprime des émotions ?

FRANCIS BATTAH : Je tends vers les émotions, mais il faut nuancer. Je ne cherche pas à les mettre à l’avant-plan. Une fois le processus inévitablement abstrait de la composition musicale achevé, je pense qu’on doit ressentir quelque chose, malgré la complexité de la construction.

PAN M 360 : Selon toi, y a-t-il une différence entre les compositeurs formés académiquement aujourd’hui et ceux du passé ?

FRANCIS BATTAH : Oui ! Les compositeurs précédents n’avaient pas un accès aussi large et facile à tout ce qui se fait autour d’eux. Aujourd’hui, nous sommes baignés d’influences innombrables, venant du monde entier, et presque en temps réel. C’est parfois même difficile de canaliser tout le bruit ambiant. Pour certains, la solution est de se faire un cocon qui ne comprend que la lignée traditionnelle, musique classique (Renaissance, baroque, etc.) jusqu’à la musique contemporaine pure et dure.

PAN M 360 : Comment te positionnes-tu face à cela, toi ?

FRANCIS BATTAH : Je n’ai pas grandi avec la musique classique. Je l’adore, mais je ne peux renier que j’ai appris à aimer et apprécier autre chose aussi. J’ai des amis qui font du jazz, de l’électro, de la pop, ça m’inspire indirectement.

PAN M 360 : Comment vois-tu le mouvement de la musique contemporaine « accessible », dite néoclassique, comme celle de Ludovico Einaudi, pour en nommer une très évidente ?

FRANCIS BATTAH : Je ne me sens pas en guerre contre ça. Au contraire. On doit se demander « qu’est-ce qui fait que cette musique sonne contemporaine ? » car, malgré ses harmonies très simples et consonantes, elle n’aurait pas pu être écrite comme cela il y a 100 ans. Il y a clairement une manière qui est d’aujourd’hui, la construction des accords, leur relation au rythme, les arpèges, etc. Dans une pièce, j’ai eu envie de prendre ces idées ultra simples, presque primitives, et de les développer plus amplement. Je m’en suis donc inspiré.

PAN M 360 : De quelle œuvre déjà écrite es-tu le plus fier ?

FRANCIS BATTAH : Une série de six préludes, réalisée avec le pianiste Philippe Prud’homme. J’en suis très fier.

PAN M 360 : Y a-t-il un projet global, à long terme qui t’anime en tant que compositeur, un héritage que tu aimerais laisser ?

FRANCIS BATTAH : J’aimerais fonder mon propre ensemble, réunir des musiciens de divers horizons comme celui de l’improvisation, du jazz, du classique et des instruments inventés. J’aimerais mélanger tout ça, ajouter des synthétiseurs, de l’électro et essayer de faire une symphonie du 21e siècle. Car ce n’est pas avec l’orchestre symphonique traditionnel que ça pourra se faire. Il faut ajouter pleins d’instruments pour bien représenter la créativité d’aujourd’hui. Et il faut plus que 40 minutes de répétition pour être créatif là-dedans !

PAN M 360 : Décris-nous Prélude aux paysages urbains, la pièce qui sera jouée par l’Orchestre Métropolitain.

FRANCIS BATTAH : Je me suis inspiré de la 6e symphonie, la Pastorale. Mon idée a été de faire la même chose mais pour un paysage urbain. Quel caractère représente la ville moderne ? Je me sers du thème principal du premier mouvement, je le percute, je le fragmente, je lui donne un autre rythme, parfois haletant. 

PAN M 360 : J’ai hâte d’entendre ça en mai ou juin 2021 ! Merci pour cette belle rencontre et bon succès !

FRANCIS BATTAH : Merci à toi !

classique occidental / musique contemporaine

Concours de composition de l’OM : le carré d’as (deuxième partie)

par Alain Brunet

Le premier concours de composition de l’Orchestre métropolitain consacre quatre créateurs, voilà l’occasion de les découvrir sur PAN M 360. Voici Cristina García Islas.

L’Orchestre Métropolitain a choisi quatre lauréats pour son premier Concours de composition inspiré par l’oeuvre de Beethoven : Marie-Pierre Brasset, Cristina García Islas, Francis Battah et Nicholas Ryan. Lancée en mars dernier, cette compétition vise à commémorer le 250e anniversaire du fameux compositeur allemand. L’an prochain, les œuvres des lauréats seront créées par l’Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.  Le dossier qui suit vous fera découvrir ces compositeurs et leurs œuvres, interviews de PAN M 360 à l’appui.

Nous poursuivons avec Cristina García Islas, jointe à Mexico.

Compositrice, conférencière et pédagogue mexicano-canadienne, elle a participé à des festivals internationaux et des symposiums. Elle a été invitée en tant que professeur à l’IRCAM (Paris), à l’Université Laval et au Consulat général du Mexique à Montréal (Canada). García Islas est titulaire du doctorat en composition de l’Université de Montréal et d’une maîtrise et d’un baccalauréat du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec (Montréal). Elle a été animatrice de radio pour Contemporary Musique au CISM 89.3 FM à Montréal et a participé à des panels et des jurys dans le monde entier. García Islas enseigne actuellement à l’Université UNAM et à l’Université Anáhuac México.

PAN M 360 : Où avez-vous grandi et qu’est-ce qui vous a menée à la musique ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : J’ai grandi dans la ville de Mexico. Comme chacun sait, cette ville est l’une des plus grandes au monde avec une ambiance cosmopolite, reconnue pour ses échanges culturels. Ainsi, j’ai commencé à jouer du piano à l’âge de cinq ans. Quand j’avais trois ans, je prenais un bâton (crayon, etc.) et je jouais à diriger un orchestre devant mes toutous au salon. En autant que je me souvienne, j’ai toujours aimé Beethoven et Mendelssohn. Grâce à l’intérêt porté par mes parents médecins, j’ai commencé mon parcours dans la musique. Ils voulaient que je développe une forte sensibilité envers l’art. Mes premières études musicales ont commencé à l’Académie Yamaha, soit à une époque où les Japonais voyageaient à Mexico pour y rester quelques mois et nous y soumettre des examens importants. J’ai passé toute mon enfance à étudier dans ce contexte.

PAN M 360 : Quel a été votre parcours académique ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : J’ai fait l’école primaire à Mexico, tandis que mes études secondaires se sont partagées entre Ottawa et Mexico. Mes parents voulaient que j’apprenne l’anglais d’abord et de cette façon j’y suis allée plusieurs fois, et un jour je suis restée au Canada. J’ai fait des études musicales à l’Escuela Superior de Música (México) avant de partir à Montréal où j’ai fait mon baccalauréat et ma maîtrise au Conservatoire de musique de Montréal. Après quelques années, j’ai fait mon doctorat à l’Université de Montréal en échange interuniversitaire avec l’École de musique Schulich de l’Université McGill. En 2015, je suis allée à Tel Aviv pour travailler dix jours avec des musiciens de l’ensemble Meitar et de l’Ensemble Intercontemporain à l’Israel Music Conservatory. Cet échange n’a pas été seulement académique, pour cela je le considère comme un moment très important pour ma carrière musicale.

PAN M 360 : Vous identifiez-vous à une tradition compositionnelle ? 

CRISTINA GARCÍA ISLAS : Je ne suis pas très sûre d’appartenir à une tradition. Ma musique a toujours été très mélodique, je cherche l’expressivité avant l’expérimentation. La musique classique me touche beaucoup et la musique romantique encore plus, mais le chant – qui va plus loin que la tonalité ainsi que les textures – sont autant de choses primordiales pour moi. Alors, je me demande si le bruit et les textures appartiennent à la tradition dans ce siècle. Si oui, je suis totalement traditionnelle et sinon je suis probablement une espèce d’hybride musical.

PAN M 360 : Dans quelle esthétique vous inscrivez-vous ? 

CRISTINA GARCÍA ISLAS : Je considère que je n’appartiens pas à une seule esthétique. Cependant, la musique spectrale française, les musiques de l’Italien Fausto Romitelli, du Mexicain Silvestre Revueltas et du Danois Per Nørgård sont des piliers importants dans ma création.

PAN M 360 : Quels sont les traits principaux de votre travail, en musique instrumentale et en opéra ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : Ma musique exprime cette nécessité pour moi de chercher l’équilibre entre l’expression liée au chant (et la recherche d’une mélodie) et l’exploration texturale qui n’ont pas précisément à voir avec l’héritage traditionnel classique. Je suis motivée par l’exploration sonore qui va au-delà de l’harmonie et du discours musical graduel et vertical, lié à une relation de tension et détente harmoniques. Je recherche un traitement plus horizontal, guidé par des échos sonores contenus dans des mélodies chromatiques qui résultent parfois d’un mouvement libre, inspiré par des explorations coloristes, imitatives ou purement résonnantes qui cherchent à s’imposer dans des sonorités longues et pleines. Dans le monde des créateurs se reflètent toutes sortes d’émotions et cela inclut l’acceptation de soi-même. J’ai intégré la fusion de différentes cultures tout au long de mon développement en tant que compositrice et être humain, qui dans mon cas se trouve entre les influences canadiennes et mexicaines. J’aime aussi chercher une union entre l’être et la nature. 

PAN M 360 : Quelle est pour vous la différence entre un compositeur éduqué dans études supérieures en 2020 par rapport aux compositeurs issus des générations précédentes ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : Je trouve que l’éducation des générations précédentes a bénéficié d’une grande recherche et développement de l’acoustique musicale. Les compositeurs étaient plus proches des partitions sur papier et l’écriture faite à la main était beaucoup plus présente qu’aujourd’hui. Par contre je trouve que le développement de la formation auditive, les compétences théoriques et pratiques requises en composition étaient très différentes. Aujourd’hui, de nombreux compositeurs se concentrent sur l’apprentissage du mixage et du traitement sonore. Des progrès ont été réalisés dans l’étude de l’amplitude des spectres sonores artificiels et non seulement acoustiques. Il est plus nécessaire d’amalgamer la technologie avec l’acoustique et de générer principalement des mélanges électroacoustiques ou mixtes. La création des nouvelles générations se reflète principalement dans l’ordinateur et dans l’exploration de nouvelles formes d’expression, mélangeant la machine et l’interprète. En outre, il me semble que l’utilisation de la technologie a ouvert au cours de ce siècle un large éventail de possibilités pour les éditeurs de partitions.

PAN M 360 : Quels sont vos goûts musicaux en tant que mélomane ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : J’aime beaucoup la musique orchestrale de l’Europe du Nord (particulièrement Jean Sibelius et Per Nørgård), aussi la musique de Kurt Weill, et j’ai développé un goût particulier pour le swing électronique italien. Quand je suis très fatiguée, j’aime écouter Bach plutôt que Haendel. J’aime la musique du Moyen Âge pour méditer et nettoyer mes pensées, spécialement la musique de la compositrice Hildegard von Bingen. Mais, lorsque je me sens stressée ou déprimée, je préfère écouter de la musique pop des années 80. J’aime aussi les chansons francophones avec accordéon. 

PAN M 360 : Croyez-vous avoir un projet global de composition qui vous distingue de vos contemporains en tant que compositrice ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : J’espère que oui ! (haha !). Je crois que le public sera le plus pertinent à répondre à la question et pourra le constater un jour. Actuellement, je pense à la création comme l’intégration des grands cycles un peu comme Stockhausen faisait avec ses opéras. Depuis récemment, je travaille sur un projet qui me prendra trois ans, car c’est exactement un cycle pour musique orchestrale, vocale et de musique de chambre avec un seul sujet. Je veux que toutes les pièces qui résultent de ce cycle soient connectées par une sonorité très proche, un caractère semblable, et qu’elle se nourrissent entre elles, peu importe la dotation.

PAN M 360 : Quel est le projet de l’œuvre lauréate de l’Orchestre métropolitain ?

CRISTINA GARCÍA ISLAS : L’écriture d’une pièce orchestrale inspirée de la 8e Symphonie de Beethoven. Cette œuvre m’a fait penser au titre Ré-silience en considérant le mot anglais silience qui se réfère au type d’excellence ou d’un talent passé inaperçu et qui est quasi incontestablement inconnu. D’autre part, le fait d’ajouter le préfixe « ré » nous invite à penser que nous sommes de nouveau exposés au passage de l’inaperçu, inconnu ou peu compris. Aussi le mot résilience se réfère à la capacité de surmonter les moments critiques et de s’adapter après avoir vécu une situation inhabituelle ou inattendue. Personnellement, je pense que la huitième symphonie est peut-être une sorte de beau fantôme qui reprend avec honneur ses douces mélodies depuis l’arrière de la salle. Enfin, le message ou l’objectif principal que je voudrais refléter dans mon œuvre est axé sur l’intégration d’éléments plus traditionnels et d’autres plus texturaux dans la recherche d’un langage inspiré par la force expressive du grand génie de Ludwig van Beethoven. 

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