Le Déconfinement de Navet Confit

Entrevue réalisée par Patrick Baillargeon

Navet Confit est allé fouiller dans ses archives. La récolte a été bonne car ce n’est pas un disque qu’il vient de lancer, ni deux ni trois, mais dix simultanément ! Le polyvalent artiste, qui présente aussi un concert virtuel inusité, nous parle de ce projet un peu fou et dresse le portrait de chacun des albums.

Genres et styles : expérimental

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Crédit photo : VonPleid

PAN M 360 : D’où et comment est née cette idée de projet aussi ambitieux ?

Navet Confit : C’est un projet que j’avais depuis longtemps. Ça prend évidemment beaucoup de temps pour passer à travers 20 ans d’enregistrements de toutes sortes. J’en faisais des petits bouts ici et là quand j’avais le temps dans les dernières années, quand je m’adonnais à passer sur un vieux disque dur pour retrouver un fichier perdu d’une session, mais je ne m’y étais jamais plongé aussi profondément que pendant le confinement. Le studio où je travaille habituellement a fermé pendant deux mois; je me suis installé chez moi avec quelques instruments pour créer, mais le moral n’y était pas. Avoir soudainement autant de temps devant moi m’a permis d’avoir une vue d’ensemble de mes archives, et ça a facilité la fin du travail de recensement et de compilation. Depuis 2000, j’ai enregistré beaucoup, vraiment beaucoup ! Je n’écris pas la musique, ma façon de me souvenir de ce que je crée, c’est d’en faire une maquette. Il y a eu des périodes où je pouvais composer de deux à trois chansons par jour, tout ça en ayant une job à temps plein ! Même durant cette période-là, qui remonte à il y a quinze ans, je débutais un enregistrement avec l’idée que telle nouvelle pièce pourrait sortir un jour sous cette forme, parce qu’on ne sait jamais où vont se retrouver les enregistrements. J’ai donc toujours pris soin d’enregistrer dans une qualité « semi-broadcast » (selon mes standards de preneur de son et de mixeur de l’époque, bien sûr), alors je crois que ce projet existe depuis que je fais de la musique. Et le Navet de vingt ans est très heureux que ça sorte enfin, tout ça.

PAN M 360 : On parle de combien de chansons en tout ? La plus vieille date de quand ? Et la plus récente ? 

NC : Je crois que ça fait 103 chansons en tout. J’aurais pu me forcer pour faire un chiffre rond. Désolé ! Les plus vieilles pistes datent de 2000, quand j’avais fait un genre de démo homonyme pour mes ami.e.s à Noël, gravé maison. Les pièces Moi aussi, Cancel = Skip et Sans titre encore en sont tirées et sont toutes sur les volumes 1 et 2 de la série Nostalgie Incubateur. La pièce Moi aussi est le premier morceau de Navet Confit avec des paroles (c’était déjà très minimal). Le matériel le plus récent se retrouve sur le volume 3 de la même série : il s’agit de b-sides et maquettes de mon dernier « vrai » album en date, Engagement, lutte, clan et respect (2019). Plusieurs chansons restaient incomplètes, j’ai donc entre autres ajouté une voix sur Morts pendant le confinement. J’ai fait la même chose avec le cover d’Elton John, Daniel (sur Covers de rêves), dont j’ai fini la traduction et enregistré les voix (avec Émilie Proulx, à distance) pendant le confinement. La pièce en version instrumentale existait depuis quelques années, enregistrée pour un show de théâtre mais n’ayant jamais servi.

PAN M 360 : Y avait-il des choses que tu n’avais pas réécoutées depuis longtemps ? As-tu redécouvert des trucs que tu avais jadis sous-estimés, où tu t’es dit « mais pourquoi n’ai-je pas fait paraître ceci ou cela » ? Ça t’a fait quoi de retourner dans ces chansons ou musiques laissées pour compte ?

NC : C’est fou parce que la musique, c’est une vraie machine à voyager dans le temps et l’espace. J’ai retrouvé des trucs que je ne me souvenais même pas avoir enregistrés. J’ai aussi pu observer mes réflexes en tant que compositeur, des formes d’accords, des types de mélodies qui reviennent à travers les années. Mais surtout, ça m’a replongé dans l’état dans lequel j’étais au moment d’enregistrer ces pièces, dans quel appartement, dans quel studio… Les compils de musiques de théâtre m’ont aussi remis dans le contexte des créations pour lesquelles elles ont été faites, m’ont fait repenser aux gens avec qui j’ai travaillé, aux metteur.e.s en scène qui m’ont dirigé, etc. J’ai redécouvert aussi des trucs plus juvéniles que je vais garder pour moi; et à travers tout ça, des souvenirs drôles autant que brise-coeur. Mais mes choix ont toujours été clairs pour mes albums, alors pas de « j’aurais dû ».

PAN M 360 : Pourquoi toutes ces chansons ne se sont-elles jamais retrouvées sur disque (ou un autre support) ?

NC : J’ai tendance à assumer mes choix et à lâcher prise assez facilement. Je sors beaucoup d’albums et de EP. J’ai beaucoup de liberté dans mon son et dans mes sorties, entre autres grâce à mon label Lazy at Work (Galaxie, Fuudge, Zouz). Si ce matériel n’était pas sorti avant, c’était pour une bonne raison et il n’y avait aucune crise existentielle reliée à ces décisions… haha! Ce n’est pas un répertoire facile qui se retrouve sur ces dix albums. C’est vraiment très éclectique et ça peut devenir exigeant, comme écoute. C’est pourquoi je suggère la modération… Ce sont des univers complémentaires qui, un peu à la façon de mes nombreux EP, viennent jeter un éclairage différent sur les albums officiels. Il ne faut pas appuyer sur play en s’attendant à être renversé. Mais je trouve qu’elles vont bien ensemble, ces pièces, et je suis heureux de les sortir toutes en même temps plutôt que séparément sur des albums officiels. Dans le cas des compils de musiques de théâtre, la réponse est plus évidente : ces pièces n’étaient pas destinées à être sur des albums, à la base. Le fait de les sortir ainsi donne un regard (ou une ouïe) sur mon côté « ambient » qui est très peu présent dans mes autres productions. C’est un style de musique que j’aime beaucoup et qui se prête bien à la scène, son côté très minimal se fondant parfaitement à un rôle de soutien, derrière le texte et le jeu des acteurs et actrices.

PAN M 360 : Ça t’a demandé combien de temps pour réécouter, faire un choix et monter tout ça ? Les choix ont été difficiles ? Tu as eu de l’aide ? 

NC : Comme dans plusieurs de mes projets, je n’ai pas calculé mon temps, mais je pourrais simplement dire : beaucoup. C’est un travail que j’ai fait pas mal seul, mais avec les années, j’avais souvent fait des compilations sur des disques gravés pour mes ami.e.s; ça m’avait déjà orienté sur ce qui sortait le mieux. Le plus difficile était de compiler les chansons ensemble, de faire des pacings qui se tenaient. Pour ce qui est des choix, c’était assez simple : ce qui m’énervait à l’époque (musicalement, dans la voix ou dans le mix) m’énerve toujours aujourd’hui. Dès que je n’étais pas fier, dès qu’un truc accrochait et que ça ne servait pas à la compréhension globale de l’exercice, c’était rejeté. On change beaucoup avec les années et le monde change aussi. Dans ce que j’ai rejeté, il y a des textes qui ont mal vieilli, entre autres, ou il y a des chansons où je n’avais pas encore trouvé ma voix ou ma façon de chanter en français.

PAN M 360 : As-tu retravaillé/remixé/remastérisé certains morceaux ? 

NC : Comme je le disais plus haut, j’ai parfois terminé l’enregistrement de certaines pièces pendant le confinement. Je n’avais pas accès à toutes les sessions multipistes (j’enregistrais jadis avec un vieux PC beige et des programmes piratés), donc dans certains cas, je ne pouvais pas remixer. Dans d’autres cas, j’ai ajouté une basse ici, enregistré une voix là, etc. Pour les compils de théâtre, j’ai dû remixer pas mal tout, le rapport au son en salle étant très différent de celui sur album (Nyotaimori, par exemple, était à l’origine en quadraphonie lorsque présenté au CTD’A). Jean-Philippe Villemure a fait un travail colossal à masteriser le tout ! Il ne me le dira pas, mais je crois que je l’ai un peu rendu fou.

PAN M 360 : T’en reste-t-il d’autres ? Aurais-tu pu faire plus de dix albums si tu l’avais voulu ?

NC : Je crois que j’aurais pu faire au moins cinq autres albums avec ce qu’il me reste ! Il faut savoir s’arrêter dans la vie, non ? Par contre, je prévois continuer les séries Monsieur Confit au théâtre (je fais deux à trois productions de théâtre par année, ça fait beaucoup de musique enregistrée) et Nostalgie Incubateur.

PAN M 360 : Parle-nous de ce show virtuel que tu présenteras le 13 juillet.

NC : Il s’agit d’un faux live Facebook d’environ 25 minutes réalisé en compagnie de mon amoureux Von Pleid (caméra, motion design et montage) et de mon super ami Martin Lachapelle (motion design et montage). J’ai été inspiré par ce que je voyais sur Internet au début de la pandémie, les live, les fameux apéros Zoom dont la fraîcheur a duré un gros max de deux semaines… Comme les gens de théâtre, je crois que « passer au numérique » ou « se réinventer » ne veut pas dire mettre une caméra fixe dans la salle et jouer. Ce n’est pas comme ça que je vois l’adaptation des arts vivants au format numérique. Si notre contenu est artistique, il faut parallèlement que le contenant le soit aussi, selon moi. J’ai donc résisté à faire des live en direct de mon salon avec ma guitare acoustique (sincèrement, ça ne me tentait pas du tout) et j’ai plutôt réfléchi à une façon de rendre le spectacle sans spectateurs plus stimulant. Je ne dénigre pas les artistes qui se sont prêtés au jeu du live Facebook, au contraire. Je les trouve très courageux de s’être présentés comme ça, sans artifices et dans des conditions rudimentaires. Mais je crois que c’était une solution temporaire qui répondait à une urgence, et non pas une nouvelle voie à prendre à long terme. Ce show est donc très bizarre, très « traité » visuellement et à l’audio, et j’y ai mis une bonne dose de mon humour douteux. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs qui comprennent cet humour (et qui en rajoutent); Von Pleid a fait la pochette du Justin Trudeau Kinda Party, entre autres, et Martin a fait mes projections vidéo en concert. J’y interprète sept à huit chansons. Il y a des bouts plus littéraires, en narration, et des moments visuels vraiment intenses (dans le sens de limite gossants, haha !). On a beaucoup travaillé avec les écrans verts et les images saturées. C’est ma première réalisation vidéo. À l’équipe s’ajoute un caméo de Martine G, présidente de Lazy at Work, mon label. Je trouve ça vraiment cool de travailler avec un label qui m’encourage dans mes niaiseries plutôt que de les réprimer. C’est aussi vrai pour les nombreuses sorties atypiques que j’ai faites avec Martine depuis 2013. 

PAN M 360 : Peux-tu nous décrire en quelques lignes l’histoire de chacun des dix albums et comment ils ont été subdivisés ?

NC : À travers tout ça, il y a entre autres deux séries : Monsieur Confit au théâtre (volumes 1, 2 et 3) qui compile la musique des pièces Nyotaimori, Yukonstyle et La femme la plus dangereuse du Québec, et Nostalgie Incubateur (volumes 1, 2 et 3) qui compile des B-sides, maquettes, chutes de studio et autres expérimentations (beaucoup de trucs datant du début de 2000, instrumentaux et assez expérimentaux). Sinon, il y a l’album-concept Aquaforme, qui est constitué principalement de samples de sons de toilettes, de lavabos et de guitares. J’ai compilé de nombreuses reprises accumulées avec les années sur Covers de rêves. Il y a aussi un « show de salon » qui s’appelle Bruit de fond, enregistré entre deux albums (LP1 et LP2). Et finalement, un EP dance (!) : le Skydancer EP (si vous êtes capable de l’écouter au complet, je vous paie un dédommagement).

PAN M 360 : Si tu avais à choisir une chanson/musique par album pour une playlist, ce serait lesquelles et pourquoi ?

M. Confit au théâtre vol. 1 / Nyotaimori : Yoga
C’est une piste qui n’a pas servi dans le show mais que j’aimais beaucoup. C’est un peu un hommage au son fondant de Boards of Canada, et c’est une très longue pièce méditative, hypnotique.

M. Confit au théâtre vol. 2 / Yukonstyle : Raven Requiem
Une pièce très solennelle et très imagée construite autour d’un mellotron composé d’échantillons de la voix d’une des actrices du show, Jasmine Chen. C’est vraiment deep. Haha !

M. Confit au théâtre vol. 3 / La femme la plus dangereuse du Québec : Vulgaires siamois / Freakshow
David Lynch rencontre Sonic Youth ? J’ai découvert la poésie de Josée Yvon avec ce show (lisez-la, c’est un ordre !). C’était hyper inspirant. Et trash. D’une grande beauté croche. Les pièces de cet album ont été construites en genre de jam avec moi-même, on l’entend bien sur cette piste.

Nostalgie Incubateur vol. 1 : Moi aussi
C’est la première vraie « chanson » de Navet Confit, c’est-à-dire la première fois que je mettais une voix sur une de mes trames musicales, en 2000. Ça donne le ton pour la suite.

Nostalgie Incubateur vol. 2 : JP fait de la musique
J’aime beaucoup l’ambiance confortable/inconfortable de cette pièce (qui a aussi sa relecture plus tard sur le même album). Je crois que ce sont mes premiers vrais balbutiements dans l’électro-tapisserie de salon.

Nostalgie Incubateur vol. 3 / Engagement, lutte, clan et rejets : Blues plate
… juste pour que vous imaginiez Émilie Proulx qui joue du drum là-dessus ! Haha !

Aquaforme : Aquaforme Part I
C’est un bizarre d’album-concept fait principalement en une soirée/nuit. La suite des pièces Aquaforme (Part I à V) s’écoute bien en rentrant tard un peu éméché d’une soirée.

Covers de rêves : Le monde est fou
Je ne pensais jamais chanter du Plamondon un jour ! C’est ce qu’on m’a invité à faire quand j’étais sur scène pour accompagner les auteur.e.s à la soirée anniversaire des 50 ans de poésie des Herbes Rouges (un super éditeur). Reprise de Renée Claude, cette chanson est inspirée de la poète Huguette Gaulin (lisez-la, c’est un ordre !).

Bruit de fond : Ambulances
Embryon d’une pièce qui sortira par la suite sur LP2, il y a une certaine fragilité dans cette version, et un petit côté écorché dans l’interprétation qui lui sert bien.

Skydancer EP : Combien je veux être avec toi
Je pense que c’est officiellement la chanson la plus merveilleusement dégueulasse que j’aie eu à enregistrer de toute ma vie ! Ça faisait partie du show Javotte de Simon Boulerice et j’ai la chance d’être accompagné par Larche en mode Auto-Tune et Erik Evans (Canailles) au rap.

Crédit photo : Von Pleid

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