Ce fut un samedi 3 août tout simplement parfait au Festival international de Lanaudière, avec l’OSM et son chef Rafael Payare. L’amĥithéâtre Fernand-Lindsay y accueillait l’exécution exemplaire de la Symphonie no 7 en mi mineur de Gustav Mahler, seule œuvre au programme.
Fidèle à lui-même, le chef principal de l’orchestre montréalais a insufflé beaucoup d’éclat et de ferveur à cette œuvre magistrale, mettant en lumière tous les éléments de son orchestre essentiels à la réussite de son exécution. Entre autres ravissements, on aura remarqué l’excellence des cuivres et des bois, respectivement dans le premier et le deuxième mouvement.
D’une durée de 77 minutes, cette immense symphonie déclinée en 5 mouvements, aussi nommée Chant de la nuit, fut composée de 1904 è 1905. Intitulés Nachtmusik I et II, les mouvements 2 et 4 avaient été imaginés avant les autres et en constituent le corps thématique, empreint de mystère et de clairs-obscurs.
Mais… le premier (Langsam-Adagio) et le dernier mouvement (Rondo- Finale) expriment au moins autant de génie. Le sombre thème d’introduction et de conclusion du premier mouvement donne le ton à cette œuvre fantastique qui passe aisément de l’onirisme joyeux aux ambiances spectrales, ce qui semble dépeindre avec justesse le for intérieur du compositeur.
Chaque mesure de cette œuvre colossale comporte des procédés compositionnels extrêmement raffinés et complexes, on se dit en temps réel que son concepteur disposait d’une palette hallucinante. Les amateurs de musique moderne y détectent l’actualité criante du propos mahlérien, soit une réelle transition entre les périodes romantiques et modernes.
Autre caractéristique importante, l’insertion de musiques populaires (marches, valses, etc.) dans une œuvre aux formes visionnaires et cérébrales, ce qui produit une étrange impression d’entrée de jeu. Mais on finit par admettre ce trait de la personnalité créatrice de Mahler, on se rappelle qu’il a maintes fois procédé de cette manière au long de son parcours.
Voilà certes une des symphonies annonciatrices de cette première phase de la modernité, clairement démarquée par ses innovations harmoniques et orchestrales. Sous la direction de Payare, l’OSM en proposait une version éloquente où les séquences introspectives ont été transmises avec justesse et les moments les plus intenses sont soulignés à grands traits.
L’ovation de la foule fut assez puissante pour Payare revienne sur scène afin d’y récolter l’amour des mélomanes et de le partager avec ses interprètes. Lorsqu’il quitta définitivement, le tonnerre gronda et l’orage éclata un peu plus tard, lorsque nous étions à bord de la voiture. Samedi par-fait, disions-nous.
crédit photo: Annie Bigras pour le Festival de Lanaudière