Pays : États-Unis Label : Neuma Genres et styles : électroacoustique / électronique / musique contemporaine Année : 2022

Dylan Ward – Tourmaline

· par Frédéric Cardin

La tourmaline est une pierre semi-précieuse aux reflets irisés qui semble constamment se jouer des rayons lumineux afin de les remodeler en une multitude de couleurs vibrantes. Un éclectisme naturel qui sied parfaitement à cet album éponyme de nouvelles compositions électroacoustiques pour saxophone et trame numérique.

Si les deux premières pièces de Tourmaline nous offrent un monde sonore agréable, ludique par moment, les deux suivantes nous transportent dans une dimension bien plus inquiétante, alors que la dernière se fait résolument contemplative. Le point commun entre toutes est l’approche symbiotique entre le saxo (qu’il soit soprano, alto ou ténor) et la trame électronique des compositeurs et compositrices. On est forcé de tendre l’oreille et de se concentrer pour tenter de séparer l’un et l’autre. Mais finalement, on abandonne pour se laisser empoigner par ces maelstroms sonores étranges et envoûtants.

Tourmaline d’Alexandra Gardner et Naica de Viet Cuong évoquent adéquatement l’opalescence lumineuse d’une minéralité ensorcelante. On assiste à un déploiement fascinant d’activité papillonnante, comme autant de particules élémentaires jouant à cache-cache dans un champ quantique en constant, mais léger, frémissement d’énergie.

C’est aussi beau et intellectuellement stimulant que c’est ludique et, malgré tout, accessible.

Dylan Ward – Photo tirée du site Web de l’artiste

Angelus Novus de Seth Andrew Davis nous amène ailleurs, totalement. Inspiré d’un tableau de Klee, cette diatribe intense vire au white noise, comme un récepteur télé d’antan qu’on tente d’ajuster avec une antenne qu’il suffisait d’effleurer pour vous faire passer des Arpents Verts à une agression sonore extra-terrestre. Une expérience de schizophrénie auditive qui vire au psychédélisme extrême.

Seven Steps de Kenneth Michael Florence débute avec un continuo de riff guitaristique, suivi par le saxophone qui papillonne sur des effets de couleurs pianistiques, dans un paysage quasi pastoral. Les deux moods vont et viennent, puis s’imbriquent dans un dialogue de sourds qui finit par trouver son équilibre vers la fin, bien que de façon précaire, et surtout indécise car le tout se termine… sur un bon vieux fade out!

Avec Sum of its Parts, Emma O’Halloran peint un paysage bruissant qui se révèle graduellement à nous et sert de soutien à un saxophone lyrique qui dessine des phrases amples et solennelles. L’ensemble donne l’impression d’un lever de soleil numérique sur une planète azimovienne. De l’impressionnisme 2.0 tout à fait réussi! La scène se complique vers la fin, avec l’arrivée d’un orage ou l’avancée d’un nuage de frelons (c’est selon). Étonnante et logique conclusion pour un album qui n’a cessé de nous surprendre et de nous séduire depuis le début. 

Dylan Ward est un saxophoniste de grand talent qui ose être exigeant avec les mélomanes, mais en les récompensant d’une musique au discours clair et cohérent et aux sonorités originales doublées d’une franchise émotionnelle qui communique directement ses intentions. Contemporain, avant-gardiste, mais pas abscons pour deux sous.

Tout le contenu 360

Lucy Dacus – Forever Is A Feeling

Lucy Dacus – Forever Is A Feeling

Deafheaven – Lonely People With Power

Deafheaven – Lonely People With Power

L’art de divertir selon Gang of Four

L’art de divertir selon Gang of Four

L’art martial du chant arrive au Centre des Musiciens de Monde

L’art martial du chant arrive au Centre des Musiciens de Monde

Syli d’Or 2025 | L’Amérique latine en finale avec MARZOS et MATEO

Syli d’Or 2025 | L’Amérique latine en finale avec MARZOS et MATEO

Syli d’Or 2025 | L’Ile de la Réunion en lice avec Kozé

Syli d’Or 2025 | L’Ile de la Réunion en lice avec Kozé

Roxy & Elsewhere + Apostrophe = Rox(Postroph)y: au nom du père et du fils Zappa

Roxy & Elsewhere + Apostrophe = Rox(Postroph)y: au nom du père et du fils Zappa

Jaco – Plan F

Jaco – Plan F

JACO compte bien réussir son Plan F

JACO compte bien réussir son Plan F

The TWO, un duo blues improbable

The TWO, un duo blues improbable

Soir de jazz symphonique à Laval

Soir de jazz symphonique à Laval

Erika Hagen – Pouvoirs Magiques

Erika Hagen – Pouvoirs Magiques

Big Band de l’Université de Montréal et Marcus Printup : de la grande visite et du très bon jazz

Big Band de l’Université de Montréal et Marcus Printup : de la grande visite et du très bon jazz

Jeannot Bournival, éminence pas vraiment grise de Saint-Élie-de-Caxton

Jeannot Bournival, éminence pas vraiment grise de Saint-Élie-de-Caxton

OSM | La programmation 2025-26 présentée par la direction: faites vos choix!

OSM | La programmation 2025-26 présentée par la direction: faites vos choix!

Critique Love… minerais critique dans le sous-sol montréalais

Critique Love… minerais critique dans le sous-sol montréalais

The Mars Volta – Lucro sucio; Los ojos del vacio

The Mars Volta – Lucro sucio; Los ojos del vacio

Laurence Hélie – Tendresse et bienveillance

Laurence Hélie – Tendresse et bienveillance

De Zigaz à Charlie Juste

De Zigaz à Charlie Juste

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Inscrivez-vous à l'infolettre