Au terme du deuxième chapitre d’une carrière à peine démarrée, la détresse psychologique a mené Klô Pelgag à de difficiles introspections sur cette existence qui est la sienne et qui le sera encore longtemps. Présumons-le, car elle a le talent nécessaire et le pouvoir de déstructurer son art sans le renier, de le reconstruire, de le faire vivre une vie durant et plus encore. Ce n’est jamais acquis pour quiconque, Klô Pelgag le sait parfaitement: il faut le courage de se relever après les baffes et les grandes incertitudes, il faut lâcher prise, oublier son nombril, aller de l’avant, faire de ses douleurs un carburant de création. Notre-Dame-des-Sept-Douleurs incarne une transformation importante au troisième chapitre : Klô Pelgag devient ici compositrice, parolière, arrangeure, coréalisatrice de son œuvre, de surcroît leader d’orchestre, seule maîtresse à bord. Elle se permet même d’ambitieux arrangements pour pop de chambre, une tâche complexe confiée naguère à son frère Mathieu, éduqué et formé à ce titre. L’écoute attentive de ses trois opus mène d’ailleurs à ce constat : harmoniquement, ses arrangements pour cordes n’ont peut-être pas encore acquis la profondeur, l’étendue et la contemporanéité de ceux de ses deux premiers albums, sauf exceptions – la finale de La maison jaune, par exemple. Une écoute superficielle laisse plutôt l’impression d’une continuité, ce qui n’est pas exactement le cas, mais ce travail présente les germes d’un discours orchestral distinct, et l’on exclut ici les trois arrangements plus matures signés Owen Pallett, prix Polaris (sous le pseudo de Final Fantasy) et proche collaborateur d’Arcade Fire comme on le sait. L’organisation des sons pour grande formation (cordes, cuivres) relève de l’apprentissage concluant, la dynamique en petite formation diffère de ce qu’on a entendu auparavant chez Klô Pelgag, on sent ici une nouvelle force se déployer, un esprit parfois rock. Mais ce qui est le plus remarquable dans cet album se trouve dans le texte et la voix qui les porte. Les mots y sont organisés plus simplement, les éclats poétiques y sont mieux mis en valeur, l’autrice y ménage ses effets, émonde pour le mieux. Voilà certes un album dont l’appréciation croît avec l’usage.
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