autochtone / électronique

Centre PHI / Habitat sonore | Après-midi Totalement sublime avec Moe Clark et Pursuit Grooves

par Léa Dieghi

Un bain sonore qui nous envahit complètement. Une vague de sonorités qui caresse notre esprit : plongés dans l’habitat sonore, une des uniques salles d’écoute spatialisée de Montréal, au Centre PHI.

C’était un jeudi après-midi ensoleillé. Entre mes deux cours du matin et de la fin d’après-midi, en plein milieu de semaine. Un peu comme tout le monde, c’est la frénésie du quotidien: école, boulot, rencontres, métro. Les mouvements de l’habituel au cœur de l’agitation citadine. On y pense rarement, aux tumultes de la ville, à tous nos sens en exergue, constamment.
Puis, un jour, on fait le choix: inconsciemment, ou consciemment. On s’arrête. Et aujourd’hui, cette interruption du banal s’est déroulée au Centre PHI.
J’y ai ainsi découvert une de leurs nouvelles expériences interactives: Habitat Sonore.
Dans cette salle d’écoute intimiste, où nos corps se déposent sur des coussins à billes dans une quasi-obscurité, on est projeté dans un nouvel univers. Le quotidien se transmute en une réalité uniquement composée de musique. Ici, pas de téléphone, de conversation, de lumières, de mouvements, pas de distraction extérieure aucune.
Seules demeurent les compositions musicales, et les quelques lueurs colorées et tamisées des néons. C’était la première fois que je faisais l’expérience de me plonger au sein d’une telle salle d’écoute. Avec cet « orchestre » de 16 haut-parleurs dispersés dans la salle, la musique semblait venir de nulle part. Et de partout à la fois. Elle était un peu en moi, et un peu hors de moi, aussi. Une véritable maîtrise de la spatialisation sonore.
Bien sûr, cette écoute active offerte par le Centre PHI n’aurait pu être possible sans le travail de différents artistes, qui pendant plusieurs mois, ont eu l’opportunité de retravailler certaines de leurs productions musicales. Accompagnés par les techniciens du centre, Totalement sublime, Moe Clarke et Pursuit Grooves ont aussi pu maîtriser la production spatialisée musicale, créant leurs propres décors auditifs.
Après quelques minutes d’attente, et seulement trois personnes autour de moi (un cadre plutôt intimiste) , la programmation 2 démarre. C’est Totalement Sublime, avec des reprises de l’album Albedo, qui ouvre la danse. La performance est sûrement la plus longue des trois, et la plus progressive. Elle démarre tout en douceur, avec des sonorités éparses de synthétiseurs et de petits glitchs analogiques. Je reconnais leur musique 760KM, qui pourtant s’étire bien plus longtemps que dans mes souvenirs.
Une ouverture en légèreté, qui nous ancre dans nos coussins, et qui est pourtant bientôt brisée par des bruits cassants de cordes de guitares. Leur composition suit une trajectoire linéaire, bien que parfois chaotique, avec les différents bruits et notes qui se déplacent d’une part et d’autres de la pièce.
Si Totalement Sublime nous a offert un voyage glitch dans la matière sonore, Moe Clark, de son côté, nous fait circuler dans les tréfonds des montagnes canadiennes et des mythes autochtones. Entre l’utilisation de paysages sonores (des arbres au vent, le courant d’une rivière, des feuilles et branches qui crépitent sous le poids des pas d’un animal…), et ses “spoken words” – sa poésie -, on s’envole au rythme du battement des ailes d’un colibri, des tambours d’eau, des crécelles en corne et en courge, des chants de gorge.
Sa voix qui chante en crée est perçante dans piyêsiwak ahkohtowin, et Montréal me semble soudainement bien loin.
La programmation se termine avec une dernière composition de l’artiste productrice ontarienne Pursuit Grooves. Elle nous offre ainsi une composition expérimentale, entre le downtempo et l’abstract, pour nous faire redescendre en douceur de ce voyage sonore d’une heure.

INFOS et BILLETS

Tout le contenu 360

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Pascale Picard replonge dans la création

Pascale Picard replonge dans la création

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

Shreez – ON FRAP II

Shreez – ON FRAP II

clipping. – Dead Channel Sky

clipping. – Dead Channel Sky

Sacré Gilles Vigneault | Entre Natashquan et Buenos Aires

Sacré Gilles Vigneault | Entre Natashquan et Buenos Aires

Luan Larobina – Casa

Luan Larobina – Casa

Les Violons du Roy et Antoine Tamestit | Une performance saisissante et profonde

Les Violons du Roy et Antoine Tamestit | Une performance saisissante et profonde

Ensemble Caprice | Une belle soirée sous le signe de la Passion

Ensemble Caprice | Une belle soirée sous le signe de la Passion

Arianne Moffatt, Airs de Jeux, idée de jouer, désir de jouer, nécessité de jouer…

Arianne Moffatt, Airs de Jeux, idée de jouer, désir de jouer, nécessité de jouer…

Arion Orchestre Baroque et l’univers de Thomas Dunford… du 16e au 20e siècle!

Arion Orchestre Baroque et l’univers de Thomas Dunford… du 16e au 20e siècle!

Nouvel Ensemble Moderne |Des airs nouveaux pour une nouvelle ère

Nouvel Ensemble Moderne |Des airs nouveaux pour une nouvelle ère

La Passion selon saint Jean de Bach : Un opéra sacré pour conclure la saison de l’Ensemble Caprice

La Passion selon saint Jean de Bach : Un opéra sacré pour conclure la saison de l’Ensemble Caprice

Shreez « frap » encore ! 3e album studio

Shreez « frap » encore ! 3e album studio

Centre PHI / Habitat sonore | Après-midi Totalement sublime avec Moe Clark et Pursuit Grooves

Centre PHI / Habitat sonore | Après-midi Totalement sublime avec Moe Clark et Pursuit Grooves

Marie Nadeau-Tremblay | Quand le baroque devient obsession

Marie Nadeau-Tremblay | Quand le baroque devient obsession

Inscrivez-vous à l'infolettre