Ce duo serbe, basé à Berlin depuis une dizaine d’années, a fait paraître en début d’année un nouvel album, près de trois ans après Virgo Rising. Trust s’avère un petit bijou de darkwave minimaliste qui ravit notamment par la recherche sonore et l’habile mélange des timbres qu’il recèle. À titre d’exemple, la magnifique pièce d’ouverture, In Dreams, fait entendre vents délicats, claves et guitare feutrée. On y retrouve également, avec bonheur, la voix olympienne de Lidija Andonov. Negde Neko, la suivante, chantée en serbe, est à la fois éthérée et majestueuse. Il faut attendre Oh Boy (et l’on ne s’en plaint même pas!) pour retrouver un son plus dansant, avec synthés et boîte à rythmes dictant la cadence. Fear of Money, d’influence nettement carpenterienne, démontre encore davantage l’étendue de la polyvalence musicale du duo, au sein d’une même esthétique sombre. La pièce éponyme de l’album, la seule où la voix de Laslo Antal est au premier plan, évoque une sorte de Fad Gadget downtempo. Chacune des pièces est à l’évidence ouvrée avec inventivité. Malgré ses sons bigarrés, l’album est traversé par le même esprit. Trust ne déclenchera pas de grandes effusions, mais cela ne l’empêche pas de rassasier et de réconforter, grâce à la retenue et à la majesté dont le tandem y fait preuve.
