James Ehnes est, à l’instar de sa compatriote Angela Hewitt (elle, pianiste), un hyperactif de l’enregistrement. En plus de cette sortie romantique, voyez l’intégrale des concertos pour violon qui vient elle aussi de paraître chez Analekta, et dont j’ai parlé dans cet article à lire ICI. C’est sans compter les deux ou trois sorties annuelles de l’artiste, sous divers labels, un rythme qu’il maintient depuis plusieurs années. C’est presque incroyable de constater que ce Romantique si efficace n’avait jamais auparavant capturé pour la postérité l’incontournable Symphonie espagnole de Lalo et le splendide Troisième concerto de Saint-Saëns. Ben coudonc, c’est chose faite, et c’est entièrement réussi.
La Symphonie espagnole de Lalo danse ici merveilleusement bien et est illuminée par l’éclat solaire du jeu du Manitobain, appuyé par le kaléidoscope resplendissant du BBC Phil. Un plaisir saisissant qui se répète encore dans une lecture très vivante de la Fantaisie sur Carmen de Sarasate, où les espagnoleries retentissent avec authenticité et le violon virevolte comme un foulard de la célèbre tentatrice autour du cou de ses amants.
Au milieu de ces deux chefs-d’œuvre hispanisants se trouve un Troisième concerto de Saint-Saëns, une réussite d’ordre et de beauté naturelle, nourrie par des mélodies amples et riches. Ehnes lui donne un souffle emballant sans l’ébouriffer inutilement, ainsi qu’un panache impressionnant. Juanjo Mena est au diapason du violoniste et transforme le BBC Phil en canevas large et rayonnant de couleurs florissantes.
La combinaison parfaite de musique irrésistible et d’interprétation remarquablement juste.