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Le jeune créateur de musique Samuel Gendron se lance solo avec Allô Fantôme. Cet alias n’est spectral que sur papier, car la musique d’Allô Fantôme est non seulement tangible, mais aussi raffinée, accrocheuse, théâtrale et baroque-rock. Pan M 360 a pu faire une entrevue avec Samuel environ 72 heures avant la prestation d’Allô Fantôme aux Francos, ce dimanche 12 juin à 19 h, sur la scène SiriusXM. Il sera ici notamment question d’apprentissage musical, de Van Dyke Parks – à ne pas confondre avec Van der Graaf Generator – et d’avenir.
Pan M 360 : Bonjour Samuel et bravo pour ton très goûteux microalbum, lancé tout récemment. Après avoir collaboré avec différentes formations comme Mort Rose, Efy Hecks et Blood Skin Atopic, tu étais mûr pour ton propre projet?
Allô Fantôme : Oui, je voulais faire mes tounes, arrêter d’être claviériste dans un groupe.
Pan M 360 : Toutes les musiques et tous tes textes sont de toi?
Allô Fantôme : Ouais!
Pan M 360 : Tu es multi-instrumentiste, et notamment pianiste-claviériste. Quelle est ta formation? Conservatoire, cégep Saint-Laurent? Autodidactisme?
Allô Fantôme : J’ai commencé à jouer de la guitare en troisième année du primaire, je suivais des cours avec un gars, mais j’ai arrêté assez vite. Pour le piano, j’ai appris avec des vidéos sur Youtube. Je ne connais pas vraiment ma théorie, je ne peux pas lire une partition. Je connais la musique, je sais comment ça marche, mais je ne suis pas vraiment fort en théorie.
Pan M 360 : Et quand tu composes, tu y vas à la guitare ou au piano?
Allô Fantôme : Quatre-vingt-dix pour cent du temps je fais ça au piano, ça me vient plus facilement. Sinon, à la guitare acoustique.
Pan M 360 : Les quatre pièces du microalbum sont raffinées, on entend entre autres du Wurlitzer, du glockenspiel, divers synthés, de la flûte traversière, du saxo. J’ai d’abord songé à Van Dyke Parks, qui avait fait de superbes albums pop baroque-orchestrale à la fin des années 60 et au début des années 70. Et qui a fait des arrangements et des réalisations célèbres. Et qui a bien sûr collaboré avec Brian Wilson.
Allô Fantôme : Je ne le connais pas, mais j’adore les Beach Boys. L’EP est chargé d’influences de la fin des années 60 ou des années 70, comme Supertramp.
Pan M : Ou Queen? Il y a un peu de guitares à la Brian May.
Allô Fantôme : Queen, ce n’est pas trop mon truc, mais je comprends ce que tu veux dire! Les Beatles, c’est une inspiration majeure.
Pan M 360 : De la pop mélodique, donc. Il y a aussi des éléments prog dans tes pièces, comme les changements de rythmes, les harmonies touffues, une certaine complexité, des accents théâtraux, de la somptuosité, comme à la fin de Deux p’tits rois.
Allô Fantôme : Oui, c’est aussi de la pop-prog; c’est accrocheur, mais il y a des progressions d’accords et des changements de tempo; ce n’est pas des tounes simples de trois minutes!
Pan M 360 : Du prog plus près de Yes que de Rush, disons! Il n’y a pas de passages de guitare puissante, c’est plutôt « prog de chambre ».
Allô Fantôme : Comme Supertramp… J’adore Supertramp! Quand j’ai découvert Breakfast in America, je capotais. Il y a des tounes tellement bien composées et accrocheuses là-dessus. Et les arrangements!
Pan M 360 : Ta musique comporte aussi un aspect théâtral.
Allô Fantôme : Oui, un p’tit côté théâtral, un peu grandiose « dans ta face »!
Pan M 360 : Tes textes témoignent d’une culture littéraire et théâtrale, d’un amour de la langue française et d’un souci du détail relativement rares, oserai-je dire, dans la pop actuelle.
Allô Fantôme : Ça m’étonne que tu me dises ça, parce que les textes sont ce que me vient en dernier. En fait, ça ne me vient pas facilement et ça prend beaucoup de temps. Mais pas toujours, des fois ça me prend 15 minutes. Et parfois les textes sont longs, comme celui de Sur la pointe des pieds. Il y a beaucoup d’essais et d’erreurs là-dedans.
Pan M 360 : Est-ce que tu as recours à un « conseiller en écriture »?
Allô Fantôme : Quand je travaillais sur cet EP, il y avait ma copine qui m’aidait. Je ne suis pas si bon en français. Et je n’ai pas vraiment d’influences. Je suis content quand j’aime comment ils sonnent. Je ne me soucie pas trop du sens des paroles ou de la façon dont on peut interpréter. J’essaie de faire des métaphores qui veulent dire… ce qu’elles veulent dire. J’aime beaucoup quand les textes évoquent des images.
Pan M 360 : Dans Edgar, tu chantes « Et peut-être qu’les fous vont fermer les zoos enfin – Et on dira adieu aux singes », ça pourrait être du Raymond Queneau. Ça prend du talent pour écrire des paroles évocatrices comme les tiennes. C’est l’une des forces de ta musique.
Allô Fantôme : Je ne connais pas Queneau, mais merci!
Pan M 360 : Si ce n’était pas vrai, je ne te le dirais pas! Aux Francos ce dimanche 12 juin, tu seras accompagné d’un orchestre de chambre rock? Et il y aura d’autres compos que celles du microalbum?
Allô Fantôme : On a fait trois concerts d’une demi-heure, jusqu’à maintenant, où on a joué les quatre pièces du microalbum plus deux autres. Mais là on doit jouer une heure! Heureusement que j’avais déjà d’autres compos. Donc, on a préparé un show d’une heure avec tout le groupe, c’est-à-dire huit musiciens. Ce qui n’est pas naturel, parce que d’habitude je prépare des maquettes que je montre ensuite au groupe. Mais là je n’ai pas eu le temps! Donc, on fera aussi six chansons inédites, plus une reprise.
Pan M 360 : Est-ce que le titre de la reprise est sous embargo?
Allô Fantôme : Non, je peux le dévoiler, on l’a déjà fait en show : c’est Chanson sur ma drôle de vie de Véronique Sanson.
Pan M 360 : Excellent choix. Et on aura droit à un album complet éventuellement?
Allô Fantôme : Je lancerai deux simples, cette année. Ils sont déjà enregistrés. Sinon, oui, j’aimerais passer à l’album complet ensuite. Mais je ne sais pas encore quand.
Pan M 360 : Et d’autres concerts cet été?
Allô Fantôme : Quelques-uns oui, à Baie-Saint-Paul, Québec et Montréal. Puis au FME et à Coup de cœur francophone à l’automne.
Pan M 360 : Merci beaucoup Samuel et bon concert dimanche!
Photo : Miranda Nisenson