avant-garde / avant-rock / expérimental / improvisation libre / indie rock / jazz / jazz contemporain / post-rock

Anti-Jazz Police Festival – Jour 3

par Frédéric Cardin

Troisième journée de l’Anti-Jazz Police Festival chez Ursa, hier. On en ressort moins satisfait que les soirées précédentes, pas tant pour des raisons de qualité musicale, mais plutôt de cohérence d’ensemble et de préparation dues à des absences de dernière minute. J’y reviendrai. Cela dit, ce ne fut pas dépourvu de moments assez extatiques merci.

Écoutez l’entrevue que j’ai réalisée avec Martha Wainwright à propos du Montreal Anti-Jazz Police Festival

C’est l’excellence artistique du bassiste Rémi-Jean Leblanc qui a lancé ce troisième opus du nouveau festival. Ce dernier, en grande forme et soutenu par Jonathan Cayer aux claviers, Nicolas Perron à la guitare, Kevin Warren à la batterie, nous a entraîné dans des aventures sonores tendance rock, tant prog que post dans certains détails rythmico-harmoniques, ou encore fusion genre McLaughlin ailleurs. Aussi, invités à la fête stylistique, quelques déhanchements funk et même une courte extravagance que j’ai ressentie comme un clin d’œil punk. Par-dessus tout cela, Erika Angell, magistrale, s’est permise une série d’élans vocaux comme elle sait les propulser, à la fois modernes, étonnants et lyriques. Ça commençait bien, devant une salle plus clairsemée que les soirs d’avant. Dommage, car RJ Leblanc est l’un des grands musiciens de sa génération.

Bellbird au Ursa – crédit photo : Pierre Langlois

Le deuxième acte de ce Jour 3 nous a montré les surprenantes velléités expérimentales de Liam O’Neil (de Suuns) à la batterie (et autres percus). Liam a manifestement été appelé à la dernière seconde pour couvrir celui qui devait être là, Parker Shper (malade?). Voilà qui explique probablement le set très court, et peut-être aussi (mais comment?) le fait qu’il a débuté quelque part en même temps que le soundcheck se terminait. La frontière entre les deux s’étant révélée inexistante, et surtout très imprécise, la performance était déjà peut-être à moitié terminée quand nous avons réalisé qu’il jouait pour vrai! On s’est senti un peu largués. On se souviendra tout de même que O’Neil crée des coloris inédits en tapochant de toutes les manières ses outils, et qu’il ose même le faire avec un micro, grâce auquel il recueille les résonances créées pour créer des feedback qu’il transforme live en autant de nouvelles couleurs et atmosphères. De l’avant-garde de haut niveau.

Suivait, lors de ce même deuxième acte, le quartette montréalais de jazz moderne/free jazz/musique contemporaine savante/minimalisme étatsunien, Bellbird. J’avais hâte de les entendre live. Ce fut malheureusement un trio qui se présenta, la saxophoniste (spectaculaire) Allison Burik étant restée cloîtrée à la maison pour maladie. Una utre absence. Ça arrive, bien sûr, et on ne leur en voudra pas (ni au festival bien entendu), mais le résultat, bien qu’excellent, n’atteignait pas les hauts niveaux polyphoniques constatés ailleurs, et aussi dans leur album Root in Tandem, sorti en 2023 (lisez ma critique ICI). Chapeau quand même à Claire (Devlin) au saxo ténor, Eli (Davidovici) à la contrebasse et Mili (Hong) à la batterie, pour avoir assuré autant que possible, et pour nous avoir donné un set de qualité qui ferait l’envie, même diminué, de n’importe quel autre band. 

Simon Angell au Ursa – crédit photo : Pierre Langlois

Le troisième acte était réservé à un duo qu’on espérait depuis longtemps, celui de Simon Angell à la guitare (et multiples tripatouillages) et de Tommy Crane à la batterie. On nous avait promis des invités et, après une belle lancée en duo, faites d’espiègleries atonales, d’abstractions contemplatives et de poussées d’énergie rythmiques réjouissantes, Greg Bryant de Concurrence (en spectacle ce soir pour le Jour 4) est arrivé sur scène avec sa basse ronronnante. Soudainement, tout le set a été comme pimpé. Puis, l’autre mec de Concurence, le pianiste Paul Horton, vient en rajouter un couche. Le type pianote bien, oui, mais il joue aussi du mélodica en même temps! Ayoye. Là, ça décoche solide et la salle est soulevée par une énergie foudroyante et dopée par une adrénaline explosive. Mais attendez, ce n’était pas fini : comme sur un coups de tête, le saxophoniste David Binney et la chanteuse Sarah Rossy viennent transformer ce trip à quatre en orgie extatique à six. Ça ne dure pas assez longtemps, mais on est tout de même bien repus. 

Une soirée inégale, certes, mais qui se termine dans une très grande satisfaction. Si l’important est de bien commencer et de bien finir, ce Jour 3 a prouvé que l’Anti Jazz Police festival sait très bien enligner les vraies priorités. 

À ce soir pour la finale.

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