La soirée du jeudi 26 juin fut marquée par une empreinte indienne et transculturelle. On s’excite beaucoup pour Arooj Aftab, qui a fait salle comble au Club Soda, mais tout mélomane d’ici doit aussi voir rutiler notre joyau sud-asiatique: la Montréalaise Thanya Iyer séduit depuis quelques années, on pouvait dire jeudi que la pierre avait été ciselée.
Cette multi-instrumentiste montréalaise (violon, alto, claviers, synthés, électroniques) fait effectivement preuve d’un goût excellent pour ses hybridations parfaitement dosées dans lesquelles elle couche les mélodies qui portent les mots de son intériorité.
Ondulations microtonales de la musique classique indienne (carnatique), pop indie, pop de chambre, jazz contemporain, musique classique occidentale moderne ou contemporaine, ethereal wave, minimalisme américain… et cette voix douce et aérienne qui chevauche ces styles, influences, époques.
Harpe, cordes, chœur, claviers, guitare, basse. Cette instrumentation étoffée implique des arrangements fins, déclinés dans une diversité de propositions pour un orchestre de chambre actuel. Les arrangements ont aussi été conçus par Thanya Iyer, un talent d’exception. La matière au programme se trouve dans l’album Tide/Tied, paru ce printemps. Ne boudez pas votre plaisir !

Ce tout premier concert de mon FIJM 2025 fut suivi de la très attendue Arooj Aftab, autrice, compositrice et chanteuse pakistanaise transplantée à New York et fréquentant des artistes de grande qualité. En 2023, on avait pu l’entendre aux côtés de Vijay Iyer et Shahzad Ismaily pour la matière de l’excellent album Love in Exile.
Cet album est plus exploratoire que le récent Night Reign, plus proche des formes chansons, plus consonant à l’occidentale, un peu moins marqué par l’Asie méridionale. L’approche se veut donc un peu plus lisse, plus consensuelle, avec de la harpe, des claviers, des guitares, du vibraphone, etc.
Il n’y a pas lieu de s’étonner d’un plus gros impact indie pop en Occident avec l’album Night Reign, les repères sont très majoritairement évidents. Et la patte de cette artiste est contagieuse, c’est le moins qu’on puisse dire ! Superbe voix centrée, autodérision, posture farouche face à la morale traditionnelle, cynisme rieur, bref cette femme est libre et prend ce qu’elle veut de son passé. Et c’est pourquoi elle s’est produite dans Club Soda bien rempli, devant un public ravi.
Photo Julien Jaffré