La toujours très pertinente étiquette londonienne Soul Jazz Records continue son travail d’exploration du continent africain avec une deuxième parution de musique fuji. Alhaji Chief Kollington Ayinla & His Fuji ’78 Organization sont à l’honneur avec la réédition de leur classique oublié, pressé uniquement au Nigéria en 1978. Artiste infatigable ayant une cinquantaine de parutions à son actif, Kollington Ayinla a été une figure de proue du genre durant les années 80, décennie au cours de laquelle le fuji est devenu un incontournable de la scène lagosienne.
Peu connue en dehors de la région du Yoruba où se trouve la capitale nigériane, cette musique s’articule autour de chants improvisés nés du ajisãrì, réveil musical destiné aux fidèles du ramadan pour entamer la préparation du suhur, premier repas de la journée. Peu à peu au cours du XXe siècle, le fuji s’est transformé, passant de musique sacrée à musique de rue récupérée par les quartiers populaires musulmans. Sa sonorité crue et polyrythmique met à l’avant-plan les talents d’improvisation d’un chanteur hâbleur. Le genre entretient de ce fait des similarités étroites avec le dancehall ou le hip-hop. Le chanteur-parolier fait part à travers un gospel lyrique de ses confessions et commentaires sociaux politiques. Ces chants sont devenus l’occasion de compétitions entre les différents paroliers de la communauté, créant son lot de rivalités auxquelles Kollington Ayinla n’a pas échappé.
L’éloquente piste d’ouverture, E Ye Ika Se, qui s’appuie sur des lignes contagieuses de synthétiseurs, n’est pas sans rappeler la flamboyance du funaná numérique cap-verdien. Pas très éloignés de leurs cousins ghanéens du highlife, des percussions jùjú de King Sunny Adé ou de l’afrobeat de Fela Anikulapo Kuti, les dix morceaux suivants de Blessing s’étagent de tambours batá, de synthétiseurs bon marché et de guitares soutenues par un choeur mélodique omniprésent. L’âme de l’œuvre demeure la voix impériale de Kollington Ayinla qui nous guide avec charisme sur chaque pièce. L’effet général est assez corrosif et développe une chimie proche de l’état fiévreux. Fortement recommandé aux adeptes d’Olatunji et d’Aby Ngana Diop.
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