Fondé en 2014 par la cinéaste, artiste visuelle et musicienne franciscanaise Hannah Lew, Cold Beat a établi son
esthétique dans la foulée du boom technologique de San Francisco et allie les influences post-punk et coldwave
aux expériences plus personnelles de sa fondatrice. Mais dans le cas de War Garden, il s’agira de notre expérience
collective face à la pandémie, soit, comment garder espoir face à la séparation et l’isolement imposés.
Malgré cette thématique sombre, War Garden est musicalement dynamique, avec des mélodies accrocheuses et
un rythme qui bat tantôt avec mélancolie, tantôt avec urgence. Le groupe continue de chérir ces sonorités prisées
par celles et ceux qui seront à jamais attachés à – ou qui découvrent depuis peu – l’héritage sonore dansant,
synthétique, noir et éthéré des années ’80. Tout l’album retient notre attention alors qu’on passe, sans
décrocher, des pièces aux rythmes énergiques et synthés colorés à celles plus atmosphériques, voire shoegaze.
Quelques extraits : sur Tumescent Decoy, des arpèges de synthé se chevauchent et papillonnent autour d’un
rythme assuré et groovy, et la tension monte à mesure que la pièce s’étale dans toute son intensité. Sur la balade
See you again, le twang de style country des guitares se marie de façon surprenante aux synthés plus pop. Et
lorsqu’on entend la pièce Year without a shadow à l’esthétique très Coming-of-age, on se plaît à penser qu’elle
pourrait facilement apparaître sur la trame sonore de l’un des films culte de John Hughes. Finalement, le rythme
est à nouveau dynamique sur la pièce Part the Sea, et la voix de Lew continue d’être juste, fine et sans fioriture –
d’une certaine façon, à la manière des sons de synthés qui l’accompagnent.
Album écrit et enregistré via Zoom, la solitude et l’incertitude fut au cœur de sa conception autant que la vitalité
et la résilience. D’ailleurs, celles et ceux qui achèteront une copie vinyle de l’album recevront une carte de
semences à planter. Pourquoi? En prenant soin des fleurs qui en pousseront et en possédant une version tangible
de l’album, Cold Beat espère nous aider à demeurer en contact avec le monde physique malgré
l’hyperconnectivité à laquelle nous sommes contraints.
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