PAN M 360 a assisté à ce magnifique concert dont la webdiffusion est prévue du 25 mai au 8 juin prochains. Voici notre compte-rendu ainsi que le programme, un must pour les mélomanes et fans de l’OSM. Pour acheter votre accès à la webdiffusion, c’est ici.
Crédit photos: Antoine Saito
NOTRE COMPTE-RENDU
Joué devant public masqué et distancié les 4 et 5 mai derniers à la Maison symphonique, ce programme pour cordes de l’OSM s’avère presque parfait, sauf peut-être l’ordre de l’exécution des œuvres.
On peut comprendre qu’il en fut ainsi, car le soliste au programme était le grand violoniste canadien James Ehnes, se consacrant au Concerto pour violon no.2 en ré mineur de J.S. Bach, précédé d’un extrait de la 2e Partita pour violon seul de Bach, aussi en ré mineur. On doit alors se fier à la partition du même concerto pour clavecin et imaginer ce que le compositeur, fin recycleur de ses œuvres comme on le sait, avait d’abord écrit pour violon. Ce que James Ehnes (lisez notre interview) et ses collègues de l’OSM ont fort bien saisi. Deux douzaines d’instrumentistes à cordes et un clavecin ont procédé à une très solide exécution de cette « extrapolation », James Ehnes fut à la hauteur de son immense talent et de sa rigueur.
Rien à redire, sauf… C’est que nous venions à peine d’être soufflés par la Symphonie de chambre op. 110a de Dmitri Chostakovitch, qui est en fait une adaptation pour orchestre de chambre de son Quatuor à cordes No. 8 du compositeur russe par un compatriote de l’époque soviétique, le maestro et altiste Roudolph Barchaï. Sous la direction du premier violon de l’OSM, soit l’excellent Andrew Wan, près d’une quarantaine d’interprètes ont offert une exécution magistrale de l’œuvre. On devine que les musiciens ont été plus inspirés par cette œuvre moderne et sa direction d’orchestre que ce fut le cas pour le concerto de Bach. La fusion des cordes présidée par Andrew Wan a donné lieu à la cohésion orchestrale, la puissance timbrale, la subtilité texturale et le grand raffinement qui font la différence entre les très bonnes exécutions et les mémorables. Sommet atteint en début de programme, donc.
On ne dira pas que la suite fut un anti-climax, mais l’impact insoupçonné de cette oeuvre sombre et dramatique du génial Chostakovitch a été clairement supérieur au reste du programme. En dernier lieu, ç’aurait dû être au milieu . Autour d’une mélodie de la Renaissance composée il y a très longtemps par l’organiste anglais Thomas Tallis, le compositeur Ralph Vaughan Williams a créé une œuvre moderne quatre siècles plus tard. Les harmonisations sont modernes, les jeux d’intensité des orchestrations sont modernes, la linéarité du tempo et la relative simplicité des phrases mélodiques sont aussi très modernes, typiques des grandes musiques orchestrales composées au début du 20e siècle et dont les acquis sont repris régulièrement dans les musiques de films de notre époque.
Inutile d’ajouter que nos réserves sur l’ordre des œuvres au programme ne peuvent en infirmer l’excellence. Voilà un grand moment ici offert par l’OSM, webdiffusion chaudement recommandée.
LE PROGRAMME
Orchestre symphonique de Montréal
Solistes et chefs:
James Ehnes, violon et direction (J. S. Bach)
Andrew Wan, violon et direction (Chostakovitch et Vaughan Williams)
Oeuvres:
Chostakovitch, Symphonie de chambre en do mineur, op. 110a (arr. R. Barchaï, 24 min)
J. S. Bach, Concerto pour violon en ré mineur, BWV 1052R (21 min)
Vaughan Williams, Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis (16 min)