Nouvel EP de Luis Clavis : l’été en automne

Entrevue réalisée par Louis Garneau-Pilon
Genres et styles : groove / jazz / soul-jazz / soul/R&B

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L’été est peut-être terminé, mais pas pour Luis Clavis. L’expert de la pop nous présente son nouvel ouvrage solo, Écho d’une vie distante, volume 1, dévoilé le 22 octobre 2021. Sans vouloir faire dans la métaphore du réchauffement climatique, celles et eux qui veulent revivre la saison estivale auront droit à 5 morceaux consacrés à cette saison où les feuilles sont encore vertes et les nuits encore longues.

Artiste au sein de Valaire et Qualité Motel, Clavis s’est adjoint cette fois une équipe peu commune pour mener ce projet à terme : Steven Chouinard (Le Couleur) à la réalisation, Félix Paul (Pockethead) aux claviers, Paul Charles (The Foundation) et Alexandre Paquette (Corneille) à la basse, Elijah Mansevani (Élage Diouf) et William Coté (Misc) à la batterie. La couleur est parfois pop, parfois jazz, toujours groovy à souhait.

PAN M 360 discute avec l’artiste  sur cette sortie ensoleillée malgré la fin des jours chauds.  

PAN M 360 : Expliquez-nous comment s’est créé ce nouvel album.

LUIS CLAVIS : Après avoir été longtemps avec Qualité Motel et Valaire, j’ai finalement libéré un peu de temps pour moi. Deux des membres de mon groupe, qui ont été avec La Patère Rose, produisaient l’album de Fanny Bloom. Ça veut dire qu’il y avait trois mois de libres dans mon horaire. On dirait que quand on a du temps pour soi, on se pose moins de questions et on s’essaye à de nouvelles expériences. Je me demandais si ma place était légitime dans le milieu de la musique. J’avais donc envie d’essayer du nouveau et d’écrire plus en français. Mais surtout, je voulais écrire des morceaux qui étaient plus introspectifs et reliés à ma propre expérience. À la suite de ces trois mois, je me suis retrouvé avec quelques maquettes. Les gens autour de moi étaient intéressés et ça m’a encouragé à travailler sur ce projet personnel.

Par la suite, j’ai approché l’équipe qui joue dans un de mes autres projets, TÕKI, pour travailler sur mon album. Depuis un petit moment, je connaissais Steven Chouinard (Le Couleur), son studio n’est pas très loin du nôtre. Il est venu donner un coup de main à la réalisation. Travailler avec lui à changer la dynamique à laquelle je suis habitué. Je travaille avec des amis d’enfance depuis toujours et je voulais essayer d’autres méthodes. Steven fonctionne de plus en plus avec des groupes en direct. Ça veut dire que pour enregistrer, il le fait avec un band qui joue  et non pas avec les musiciens captés individuellement. Ce n’est pas une méthode nécessairement courante et c’est quelque chose que je n’ai pas fait depuis des années.

PAN M 360 : Donc, il fallait se trouver un groupe?

LUIS CLAVIS : Oui. Généralement, je travaille avec une formule très libre où tout le monde est un peu le réalisateur de l’album et ajoute librement sur les maquettes. Pour Échos d’une vie distante, Steven avait envie d’enregistrer les nouvelles maquettes avec tous les musiciens ensemble.

Pour ça, je suis allé faire un petit recrutement de musiciens un peu moins connus. J’ai trouvé Elijah Mansevani pour la guitare, Paul Charles à la basse, Félix Paul pour jouer du clavier et sans oublier William Coté à la batterie. C’est tous des gens qui ne sont pas bien connus des studios québécois que j’ai combinés pour créer un groupe all-star. Une fois le groupe assemblé, nous avons jammé jusqu’à ce qu’on soit satisfait des chansons pour les enregistrer. 

PAN M 360 : Parlons du style. Qu’est-ce qui vous inspire ce mélange à moitié pop, moitié jazz?

LUIS CLAVIS : Eh bien, déjà, j’ai un bon passé jazz. Valaire, au départ, c’était un quintette de jazz. La couleur un peu plus R&B, c’est parce que l’équipe est habituée de flirter avec ce style. Les membres ont aussi tous leur son unique. Le côté pop vient de tout mon passé musical. J’ai l’habitude d’écrire beaucoup de pop, ce qui est à la fois un mal et un bien… Écho d’une vie distante s’inscrivait dans le désir de faire un EP double. Je voulais que le premier volet soit vraiment plus ensoleillé et positif pour avoir une deuxième partie bien plus introspective et sombre

PAN M 360 : Depuis Valaire, Qualité Motel et ton premier projet solo, comment  ton style a-t-il  évolué?

LUIS CLAVIS : Pour mon premier, l’Homme objet, on ressent beaucoup plus l’influence de Qualité Motel et Valaire. La production est à la fois un peu plus froide et plus surproduite. Avec ce nouveau projet, Je voulais un son qui sonnait similaire au live. Lorsque jouent quatre musiciens ensemble, on s’entend qu’il y a moins de précision et plus de groove

Moi je suis totalement vendu à l’idée de soutenir cette idée de groupe. Je trouve qu’au Québec il n’y a pas assez d’espace laissé aux bands. La plupart des émissions qui diffusent de la musique n’ont pas le budget pour les accueillir. Cette culture ne devrait pas être perdue. Un groupe de musique, c’est un mélange d’idées et de compromis qui devient quelque chose de plus grand. Mais être à la tête de son propre projet, c’est toute une expérience!  C’est plus proche de soi. Chaque microdécision devient rapidement effrayante et excitante à la fois. Un projet solo prend rapidement le contrôle de ta vie si tu ne fais pas attention. Quand tu écris pour toi, tu veux toujours en faire plus. 

PAN M 360 : Pourtant, on compte plusieurs collaborations pour ce projet. Lesquelles vous ont le plus marqué?

LUIS CLAVIS : Ma collaboration préférée, c’est sur la chanson Grande Fin. Le début des paroles de cette chanson me trottait dans la tête depuis 3 ans. Il y a des chansons comme ça que l’on ne peut juste pas débloquer facilement. Steven l’a pris en charge. Avec lui, on a appelé Ariane Brunet et après une lecture, le texte est sorti parfaitement de sa bouche. Parfois, il y a des petits morceaux qu’on ne semble pas réussir a priori et qui ne se complètent que quand on fait appel à quelqu’un d’autre.

PAN M 360 : Parlons du thème qui ressort le plus de l’album : l’incertitude. 

LUIS CLAVIS : L’incertitude, c’est une grande contradiction, et je crois que nous en vivons toutes une en ce moment. Un mélange de fin du monde et d’un bel été. Mes paroles sont ultra fatalistes, mais avec une ambiance festive. On voit que beaucoup de choses vont mal et donc on se rassemble le plus qu’on peut pour essayer de passer à travers tout ça ensemble. Ce n’est pas étonnant qu’autant de gens vivent cette sorte d’anxiété en ce moment. 

PAN M 360 : Vous nous en avez glissé un mot plus tôt, mais quelle est le plan pour l’album qui suit? 

LUIS CLAVIS : Eh bien d’abord, des thèmes différents. Je veux que la deuxième frappe avec la même force que le premier volume, mais différemment. J’ai installé un bon vibe avec mon premier. Le volume 2 vient expliquer ce qui se passe quand on ne peut plus échapper aux introspections. L’instrumentation sera plus froide. Je veux qu’à la fin, ce volume 2 soit plus profond. 

PAN M 360 : Le prochain sera-t-il sur le thème de l’hiver, puisque le premier couvre l’été?

LUIS CLAVIS : J’aimerais bien mais bon… C’est toujours un peu frustrant. En ce moment, je suis dans le jus pour finir le visuel de l’album avec très peu de temps! Il faut toujours attendre au moins un mois et demi avant que les chansons sortent. J’aime quand la musique que je présente soit très proche de ce que je viens de vivre. Pour mes autres groupes, ça ne me dérange pas d’attendre un six mois de préparation pour une bonne sortie. Mais avec mon opus personnel, j’ai envie de tout sortir dès que les chansons sont prêtes. Je voulais que le volume 1 soit un album d’été parce qu’il a été conçu durant cette période. Pour le prochain, je veux en faire un album d’hiver vu qu’il sera fait en hiver. J’ai fait mon premier en été pour l’humeur estivale, mais il sort quand même en fin octobre. J’ai un peu la crainte de faire mon prochain en fin d’hiver, mais qu’ils sortent au printemps! On verra bien.

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