Ceux et celles qui se sont frottés à Moor Mother savent que son verbe ne laisse pas indemne. Née Camae Ayewa, l’activiste et poétesse résidant à Philadelphie manie la parole comme un glaive dont elle se sert afin de pourfendre les mensonges d’une Amérique où, plus souvent qu’autrement, les citoyens de race noire doivent tenir le bas du pavé. Jusqu’à maintenant, elle a couché sa poésie martiale sur des trames musicales issues de l’avant-garde : jazz de combat au sein de la formation Irreversible Entanglements, explorations électroniques bruitistes en solo, collaborations avec des maîtres du free tels Nicole Mitchell ou les membres de l’Art Ensemble of Chicago… Elle évolue loin des sentiers balisés. Aujourd’hui, avec Black Encyclopedia of the Air, elle semble vouloir se rapprocher de chemins davantage fréquentés. Les déflagrations post-industrielles ont fait place à des sonorités inspirées du rap jazzy ou du trip-hop, les rythmiques se font moins chaotiques, quelques-unes pièces au programme adoptent des structures chansonnières plus aisément identifiables. Est-ce à dire que Moor Mother a fait des compromis dans l’intention de toucher un public plus vaste ? Pas nécessairement. La principale intéressée à beau avouer s’ennuyer de l’époque où l’adolescent américain moyen écoutait du Rage Against the Machine et du Public Enemy – des formations qui avaient un discours aussi révolutionnaire qu’élaboré – sa nouvelle galette concoctée avec l’aide du musicien suédois Olof Melander ne contient aucun refrain fédérateur, aucun hymne au son duquel les foules lèveront le poing. Des artistes hip-hop comme Pink Siifu, Lojii, Elucid et le MC britannique Brother May font tous des passages remarqués, mais la vision du rap que nous propose madame Ayewa demeure radicale et non-conformiste. Moor Mother ne met décidément pas d’eau dans son vin, elle ajoute plutôt de nouvelles couleurs à sa palette.
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