À la suite de son album en duo avec la pianiste Marilyn Crispell, The Adornment of Time, paru à l’automne, longue improvisation de plus d’une heure qui prend par moments une dimension quasi initiatique et dont la finale monumentale laisse baba, Tyshawn Sorey nous en propose un second, cette fois avec la violoniste Jennifer Curtis, membre du International Contemporary Ensemble, avec laquelle il joue en tandem semble-t-il depuis plusieurs années. Huit compositions spontanées où Sorey alterne entre la batterie et le piano. Ne venant pas du jazz, la violoniste dispose d’une palette riche et variée où l’on retrouve autant des éléments des traditions folkloriques d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud que des États-Unis et même, il m’a semblé à une ou deux reprises, d’Asie du Sud-Est, auxquels elle donne un coup de plumeau et qu’elle dynamise hardiment en y ajoutant des nuances contemporaines, jazz d’avant-garde ou carrément rock, comme sur la superbe plage IV. À l’occasion, les deux complices se font même lyriques et contemplatifs comme sur la plage VI où Sorey se révèle au piano un coloriste remarquable. Oui, ces deux musiciens présentent de bien belles affinités et le plaisir qu’ils éprouvent à jouer ensemble est communicatif.
