FMA 2023 : « De Damas à Montréal », conversation avec Nazih Borish

Entrevue réalisée par Varun Swarup

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Nous nous sommes assis avec le célèbre oudiste Nazih Borish pour discuter de sa prochaine performance au FMA cette année. Originaire de Syrie, Nazih a déménagé au Canada en 2016 et constitue depuis lors un tour de force de la musique contemporaine et du Moyen-Orient à l’échelle nationale.

Nazih Borish joue le 7 novembre à 19h à la Salle Claude-Léveillée de la Place Des Arts

PAN M 360 : Merci d’être avec nous Nazih. Nous sommes très excités par votre prestation au Festival du monde Arabe cette année.

Nazih : Bien sûr.

PAN M 360 : Peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos performances. J’ai vu dans le programme le slogan « De Damas à Cordoue ». Jouerez-vous avec votre groupe ou seul ?

Nazih : En fait, ce sera une performance solo. J’aime jouer avec un groupe, mais avec un groupe, c’est toujours un peu plus organisé, vous savez, et parfois j’aime la liberté que procure le fait de jouer seul. Je peux improviser. Alors je ferme les yeux et quelle que soit ma situation, je jouerai et j’essaierai que le public me rejoigne, rejoigne mes idées, rejoigne la musique. Non pas que tout s’improvise. Je vais jouer quelques compositions et improviser à l’intérieur, je dirais presque 50/50.

Je vais jouer un morceau qui s’appelle Andalusyria. C’est le titre d’un nouveau projet pour nous, et comme cette performance, nous commençons par l’histoire du oud en Syrie, et nous racontons l’histoire des voyageurs qui ont emmené l’instrument de Damas jusqu’en Espagne.

PAN M 360 : Alors, quelle est l’histoire du Oud pour ceux d’entre nous qui ne connaissent pas ? Eh bien, l’histoire simple, je devrais la dire.

Nazih : Alors oui, c’est exactement comme tu dis. Je ne peux vous donner qu’une version simple, car il existe de nombreuses histoires sur comment et où le oud est né. Il porte différents noms en Chine, le pipa, le biwa au Japon et le sitar en Inde, et le oud est véritablement le grand-père des instruments à cordes. Mon dernier projet, The Roots of Strings, tournait exactement autour de cela.

PAN M 360 : Et quelle est votre histoire avec le Oud ?

Nazih : Oh, mon histoire avec le Oud. Eh bien, mon père, il était comme un chanteur pop. Ce n’est pas la pop à laquelle vous pensez peut-être, il n’était pas très, très célèbre, vous savez. Mais il était quand même bien connu et donc il jouait de cet instrument et chantait tout le temps. Mon oncle joue aussi du violon. J’ai donc grandi avec la musique en famille. A cette époque, il n’y avait ni YouTube, ni Internet en Syrie, dans mon pays, rien du tout. La seule chose était la cassette, vous vous en souvenez ?

Je vais vous parler des cassettes, parce que je respecte ces choses. Je garde encore une voiture de 2004 car elle est équipée d’un lecteur cassette. Je le garde par respect, c’est comme ça que j’ai tout appris. Avec mon père, nous écoutions Munir Bashir dans la voiture. Connaissez-vous Munir Bashir ? C’était un oud d’Irak. Pour moi, c’est la philosophie du oud. Parce qu’il jouait sans frontières, sans géographie. En même temps j’écoutais beaucoup Ravi Shankar, Paco de Lucia.

C’est pour cela que j’aime mélanger toutes ces cultures et tous ces styles musicaux sur cet instrument, cet « instrument traditionnel ». Certaines personnes disent, d’accord, vous ne pouvez pas jouer plus que de la musique traditionnelle sur le oud, mais je n’accepte pas cela. Depuis que je suis arrivé ici au Canada et que je suis maintenant fier d’être Canadien, j’ai joué avec de nombreux groupes et de nombreux types de musiques différentes, comme la musique baroque et le jazz. C’est ce dont je rêvais quand j’étais jeune !
PAN M 360 : C’est incroyable. J’admire tellement votre approche. Cette philosophie de la musique est la musique.

Nazih : Ouais, pas de frontières, pas de genres, c’est en fait mon message en tant que musicien. Je veux briser les règles d’utilisation de cet instrument, car c’est en fait un instrument très, très ouvert. Six cordes, pas de frettes. Vous pouvez faire beaucoup de choses. Après tout, la musique n’est que du son. Et je trouve que le public canadien est très intéressé et intéressant à jouer. Ils connaissent notre culture et connaissent de nombreuses cultures différentes. Ils se soucient de la musique et le public ici est très respectable. Vous ne pouvez donc pas jouer n’importe quoi pour eux. Il faut être prudent quand on monte sur scène ici.

PAN M 360 : Et bien, comment prépares-tu ton concert de demain ? A quoi penses-tu? Est-ce que vous pratiquez beaucoup ?

Nazih : Écoutez, la pratique que je fais avant un jour de concert est d’être calme. Ce n’est pas une pratique physique mais physiologique, vous savez. Rester calme, rester concentré. Je fais la pratique physique peut-être 15 minutes avant un concert. Juste pour s’échauffer, c’est très nécessaire.

Mais je m’entraîne pour être prêt à accueillir les gens, car comme je l’ai dit, le public est très, très respectable. Je ne parle pas trop sur scène, certains pensent que je suis timide mais j’essaie de donner toute mon énergie à la musique et c’est tout. Je préfère laisser le public imaginer les histoires. Comme une de mes compositions « Damasrose », c’est le nom de la fleur de jasmin, typique des rues de Damas. Cette image avec la musique est tout ce dont vous avez vraiment besoin pour faire le voyage avec moi.

PAN M 360 : J’ai vraiment hâte de voir votre show et je vous souhaite tout le meilleur.

Nazih : Merci.

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