alt-folk / alt-pop / dream-pop / indie folk / jazz / post-rock

Anti-Jazz Police Festival – Jour 2

par Frédéric Cardin

Deuxième jour (plutôt soir) du plus récent festival musical montréalais, même résultat, ou presque. Encore une fois, trois actes bien campés et complémentaires s’enchaînent agréablement au Ursa, sur l’Avenue du Parc. 

Écoutez l’entrevue que j’ai réalisée avec Martha Wainwright à propos du Montreal Anti-Jazz Police Festival

Martha Wainwright, en guise d’intro, chante une chanson avant de laisser la place au folk-pop apaisant, doux et mélodique de la harpiste/chanteuse Émilie Kahn (ex Emilie & Ogden), en duo avec Thanya Iyer sur son synthé ouaté (Reface CS de Yamaha pour les techno-curieux). On s’installe calmement afin de tenir jusqu’à dépassé minuit. Si on le souhaite bien sûr! Car on arrive et on part quand on veut dans ce festival. Puis, vient le quintette de Ivy Boxall (Christopher Edmonson de son vrai nom), qui joue du clavier et du sax. Piano, basse/guitare, trompette et batterie y sont associés dans un panorama sonore expansif, tendance épique entrecoupée de pauses atmosphériques plus calmes. En termes de technique musicale, c’est très bon. L’ensemble a de toute évidence un excellent potentiel, et il peut bâtir quelque chose de solide. Cela dit, je doit donner une mauvaise note pour l’attitude scénique du leader, qui semblait rarement satisfait de ce qu’il faisait et coupait court à des idées en annonçant que le produit ‘’n’est pas encore prêt’’, et qu’il s’agit d’un ‘’work in progress’’. Malaise. Si tu n’es pas prêt mon pit, faut revoir ta méthode de travail. Les mélomanes n’ont pas acheté des billets pour venir voir une répète (à moins que ce ne soit annoncé comme tel!). Ou bien tu fais avec, tu improvises une finition correcte et tu ne passes pas ton set à bouder et à nous le faire sentir. On appelle ça du professionnalisme. Mais, je le redis, le potentiel est grand et ne reste qu’à être mieux présenté.

Le deuxième acte présente d’abord la Brooklynoise Claire Dickson, qui dévoile une dream-pop trempée dans l’étrangeté et assaisonnée d’alt-folk expérimental. Claire chante avec un belle voix dont on devine à peine l’étendue des possibilités car elle l’utilise généralement dans des lignes soupirées, sussurées et chuchotées qu’elle s’empresse de triturer, d’étirer et de charcuter de toutes les manières grâce à sa lutherie numérique. Quelques petits problèmes avec la logistique de son appareillage ont fait grincer des dents mon amie Monique Savoie (de la SAT), qui était présente et qui en sait quelque chose sur ce domaine. Pour ma part, j’ai assez aimé. L’autre artiste au programme de ce set de 20h30 était Sarah Rossy. Sarah a chanté la veille, en duo avec Eugénie Jobin, et c’était superbe. Cette fois, toute l’attention était sur elle (et ses musiciens, tous excellents), et on comprend très bien pourquoi elle est considérée comme un des étoiles montantes de la scène alt/indie. La jeune montréalaise décoche tout un punch émotionnel grâce à une voix versatile et malléable, en plus d’être belle et tonalement assurée. Mais c’est surtout comment elle l’utilise et la musique qui la soutient, qui épatent. Ses compositions nous ramènent à des esthétiques-sources aussi riches que Zappa, Radiohead, Björk et peut-être même (ai-je rêvé?) Prince, occasionnellement. Je garroche des noms, pour vous donner une idée, mais le produit Sarah Rossy est bien plus que ça. Elle a une forte personnalité musicale, et une belle transparence psychologique qui lui donne un charme irrésistible sur scène. Son ascension ne fait que commencer, croyez-moi.

Ce deuxième jour de festivités se conclut avec le 3e acte, celui de 23h – ish assuré par le quartette Little Animal (pedal steel, basse, batterie, trompette). Puissance sensorielle, constructions musicales lentes mais irrémédiables et sommets cathartiques bibliques nous font hésiter pour les décrire : Post-Rock aux couleurs Jazz ou Jazz aux accents Post-Rock? Peu importe, c’est assez tripant et c’est très contemporain, façon Bad Plus, mais viscéralement montréalais. J’ai dis quartette, mais hier, il y avait quintette, car aux côtés de Tommy (Crane), Joe (Grass), Morgan (Moore) et Lex (French), nous avons eu le bonheur de retrouver David (Binney) au sax, qui a ajouté sa touche de flamboyance tourbillonnante à cet ensemble déjà assez relevé. Binney passe la semaine à Montréal, pour le festival mais aussi en raison du lancement de son album In The Arms Of Light (lisez ma critique ICI), qui aura lieu au bar O Patro Vys le samedi 30 mars. 

Rendez-vous pour le Jour 3, jeudi (quoi? C’est déjà aujourd’hui!). Au programme : Rémi-Jean Leblanc à 17h30, Bellbird et Parker Shper à 20h30, puis Tommy Crane et Simon Angell avec invités (surprises). Et comme toujours, l’ambiance incomparable du Ursa, une toune de Martha, et sa cuisine maison faite avec amour. 

À tantôt.

DÉTAILS, PROGRAMMATION ET BILLETS DISPONIBLES SUR LE SITE DU FESTIVAL

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