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Le dimanche 9 mars à la Maison symphonique, l’Orchestre philharmonique et Choeur des mélomanes convie le public à un voyage astronomique et méditatif qui le transportera jusqu’aux confins du cosmos et dans la vitalité du monde terrestre et de l’âme humaine. Dans un programme mettant en relief tant l’orchestre que les choristes du chœur, le jeune et dynamique chef Francis Choinière dirigera Les Planètes de Gustav Holst et le Gloria de Karl Jenkins, deux œuvres stylistiquement à l’opposé, mais marqué par une grande énergie, une vitalité et des contrastes. Alexandre Villemaire de PAN M 360 a pu en discuter avec le maestro.
PAN M 360 : Vous proposez pour ce concert deux œuvres qui mettent en évidence à la fois l’orchestre et le chœur avec des langages musicaux variés, mais extrêmement imagés. Qu’est-ce qui vous a mené à choisir ces deux œuvres et pourquoi?
Françis Choinière : La connexion entre Les Planètes de Gustav Holst et le Gloria de John Jenkins est dans l’utilisation de l’orchestration, de l’énergie rythmique et des textures musicales pour transmettre des thèmes cosmiques / spirituels, bien que dans des contextes différents.
Holst et Jenkins utilisent tous deux le rythme comme un moyen de faire avancer la musique. Dans Les Planètes, l’intensité rythmique est une caractéristique majeure, en particulier dans des mouvements comme « Mars » où des rythmes syncopés et implacables animent toute la pièce. Dans le Gloria de Jenkins, la structure rythmique est également puissante, en particulier dans les sections énergiques qui reflètent la nature du texte (Gloria).
PAN M 360 : La suite Les Planètes de Holst est une œuvre marquante du répertoire qui a inspiré énormément de compositeurs de musique de film, comme John Williams dans Star Wars notamment. Quels sont les éléments de langage que le public pourrait reconnaître?
Françis Choinière : L’orchestration et l’harmonie de Holst a une grande influence sur John Williams, ainsi que le développement de motifs. Dans Les Planètes, les cuivres sont souvent utilisés pour créer des effets majestueux et puissants, notamment dans le mouvement « Mars, le Porteur de guerre ». Cette utilisation du cuivre pour souligner la grandeur ou la menace est quelque chose que l’on retrouve dans la musique de film de John Williams, notamment dans Star Wars, où les cuivres jouent un rôle majeur pour souligner l’héroïsme ou la confrontation.
Holst a créé des motifs mémorables pour chaque mouvement de Les Planètes, chaque planète étant représentée par un thème distinct. Les couleurs mystiques de « Neptune » ont une grande influence sur la musique plus mystérieuse de l’espace!
PAN M 360 : Entre la trame sonore de Star Wars et Les Planètes, quelle est l’œuvre que vous avez entendue en premier?
Françis Choinière : J’ai entendu la musique de Star Wars en premier! Holst est venue un peu plus tard dans mon écoute !
PAN M 360 : La période pendant laquelle Les Planètes a été composée est intéressante, car, elle été écrite entre 1914 et 1917, en pleine Première Guerre mondiale. Est-ce que le contexte social et géopolitique de l’époque a eu une influence sur le processus de l’écriture de Holst ou dans la musique même?
Françis Choinière : Le plus évident dans Les Planètes est l’influence directe de la guerre dans le mouvement « Mars, le Porteur de guerre ». Il y a aussi potentiellement un souhait pour la paix à travers des moments de contemplation avec « Venus » et « Saturne ».
PAN M 360 : Parlez- nous un peu de Karl Jenkins pour celles et ceux qui ne seront pas familiers avec son œuvre. Qui est-il et où se positionne-t-il dans la musique des XXe et XXIe siècles?
Françis Choinière : J’ai moi-même découvert son œuvre The Armed Man: A Mass for Peace, qui me fascinait à un très jeune âge. Karl Jenkins est un compositeur dont la carrière est marquée par une fusion de genres musicaux variés, allant du jazz au classique en passant par la musique du monde. Il est particulièrement reconnu pour sa musique chorale et orchestrale.
PAN M 360 : Son Gloria que l’OPCM va interpréter est dans un registre esthétique complètement différent si on compare avec la première partie du concert. Il y a des influences musicales multiples, on pourrait même dire multiculturelles à cause, entre autres, de l’effectif aux percussions et une portée universelle en lien avec son propos. Que vouliez-vous exprimer avec ce contraste stylistique?
Françis Choinière : Karl Jenkins a souvent été influencé par diverses traditions musicales, y compris celles du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Afrique, ce qui donne à son œuvre une dimension mondiale. Il a également exploré l’utilisation de textes sacrés et mystiques issus de diverses traditions religieuses, ce qui renforce la dimension universelle de sa musique.
PAN M 360 : L’œuvre comporte-t-elle des défis particuliers tant pour l’orchestre que pour le chœur?
Françis Choinière : Le Gloria contient des changements de tempo et de rythme fréquents. Ces changements sont parfois subtils, parfois plus abrupts, et il est essentiel que le chœur et l’orchestre réagissent de manière fluide et cohérente. Il y aussi plusieurs styles différents à exécuter dans cette pièce, que ce soit les passages lyriques du 2e et 4e mouvement, ou les grandes parties très cuivrées du 1er et 5e mouvement qui demande une intonation parfaite avec les cuivres, et une bonne balance avec le chœur.
PAN M 360 : Un mot rapidement pour mentionner des éléments de vos actualités personnelles. Vous avez lancé il y a deux semaines votre premier album de compositions originales intitulé Réflexions. Qu’avez-vous voulu exprimer avec ces pièces?
Françis Choinière : Chaque pièce dans l’album exprime une partie de ma vie, que ce soit « Renaissance », qui reprend un thème de mon enfance, ou « Coup de foudre », qui peint un moment spécial dans ma vie. C’est la première fois que je partage cette partie plus personnelle à travers la musique, non seulement avec mes compositions, mais aussi en tant que pianiste interprète.
PAN M 360 : Quels sont les prochains projets qui vous attendent vous et vos ensembles?
Françis Choinière : Pour l’Orchestre FILMharmonique nous serons en tournée avec le concert Bond Symphonique de mai à juin 2025 dans plusieurs villes du Québec et du Canada. En août 2025 nous présenterons un concert autour de l’univers cinématique de Marvel (MCU) et en septembre, dans le cadre de notre série L’univers symphonique du cinéma, nous rendrons hommage à l’œuvre de John Williams.
Nous confluerons notre saison à l’OPCM le 24 mai à 19h30 à la Maison symphonique avec la Symphonie no 2 « Résurrection » de Gustav Mahler avant de nous plonger dans le répertoire de la prochaine saison qui sera annoncée très bientôt!