Au cours des quinze dernières années, le groupe londonien The Heliocentrics a été un collectif en constante évolution, ajoutant à ses propres singles et albums des bandes sonores pour des films psychédéliques (The Sunshine Makers) et s’associant à des artistes comme Lloyd Miller, Gaslamp Killer, Mulatu Astatke, le doyen de l’éthio-jazz, et DJ Shadow (99% Generation, le titre qui ouvre l’album, rappelle de façon frappante Endtroducing…). Relocalisé sur le label de Madlib, avec la chanteuse Barbora Patkova désormais à l’avant-plan plutôt que membre occasionnel, le groupe semblent s’être trouvé, même si sa musique est toujours aussi déstabilisante. C’est un méli-mélo de styles et d’états d’âme (ciné-funk fugace et cosmo-jazz euphorique, krautrock angoissé et musique concrète inquiétante) qui souvent ne sont pas successifs mais simultanés. De plus, le batteur Malcolm Catto et le bassiste Jake Ferguson – les piliers et cerveaux du groupe – appliquent des directives de production apparemment calquées sur le dossier médical du Sgt Pepper, traité pour syndrome de stress post-traumatique. Ça donne un chaos suffisamment contrôlé pour garder l’auditeur sur le qui-vive d’un bout à l’autre.
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