N NAO est de cette mouvance indie encline aux formes chansons enrobées de « procédés expérimentaux » , pour reprendre un fragment de sa rhétorique sur sa page Bandcamp. En fait, ces procédés sont connus de quiconque écoute de ladite musique expérimentale: sons recueillis sur le terrain et transformés par différents filtres, citations de pop orchestrale « classique », réminiscences baroques, effets de canon, cycles minimalistes à l’américaine, usage de synthés analogiques, sédiments de fréquences générées électroniquement, tempos moyens ou lents, le tout au service d’une voix vaporeuse et de chansons parfaitement consonantes, parfaitement tonales, parfaitement conformes à l’idée de l’harmonie que se fait le commun des mortels. Ainsi, ce fluide coule « sur les rives du rêve, de la romance et de la guérison », le travail de N Nao (Naomie de Lorimier de son vrai nom) a pour objet de révéler les signes, symboles et pensées surgies de son inconscient, le tout assorti de valeurs écoféministes assumées. Quant à la dimension littéraire de cet art, elle est encore embryonnaire. Nous verrons, au fil du temps, si le texte s’impose autant que la voix humaine et l’environnement sonore dans lequel elle évolue. Cet album onirique aux inclinations somme toute folk, ambient ou même prog est une heureuse découverte dans le paysage québécois, encore trop décalé par rapport à cette zone plus exploratoire de formes qui restent quand même attachées à la chanson – on pense notamment à Grouper, Jenny Hval et autres Kaitlyn Aurelia Smith. Naomie de Lorimier (voix, synthétiseurs et guitares acoustiques) est ici accompagnée de Charles Marsolais-Ricard (guitares et échantillonnages), Samuel Gougoux (batterie, boîte à rythmes et percussions) , Lysandre Ménard (piano, synthétiseurs ,voix), Étienne Dupré (basse électrique et basse synthé). À suivre de près sur les rives de l’inconscient.
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