Le nouvel album du chanteur et guitariste Rob Gallagher (alias MC General Rubbish) et du bidouilleur d’ordi Alex « Patchwork » Stevenson, un collègue de Gilles Peterson, amène à se demander si le « funk sarcastique » constitue un genre musical en soi. Le premier simple, Sliders, un hommage truculent au mauvais goût en matière de chaussures, le laisse croire, comme en témoigne l’électro-funk du duo, fourmillant de cloches à vache et de traits punk jazz beuglés par le saxophoniste de King Krule Ignacio Salvadores, sombrant parfois dans une stupeur dub. Voilà la plateforme musicale des déclamations délirantes que débite Gallagher dans un sprechgesang lourdaud, inspiré par la poésie beat, le prêchi-prêcha des prédicateurs de rue, la musique stochastique ou peut-être ce que Jason Williamson des Sleaford Mods (tandem digi-punk brit tout aussi peu convenable) appellerait simplement de la « mauvaise poudre ». Gallagher était autrefois le chanteur du respectable groupe d’acid-jazz Galliano. Plus récemment, il a été l’architecte du mystérieux funk mutant du projet Earl Zinger. Avec ThE DiAboLIcaL LibERTieS, Gallagher prend une tangente étrange et sacrément audacieuse, et il est prêt à vous l’expliquer (de façon délibérément diabolique).
