Zen Bamboo passe à une vitesse supérieure avec GLU, premier album réalisé par Julien Mineau – dont les activités avec Malajube sont en suspens depuis une mèche. Nous sommes ici sur un terrain pop-électro-rock-trip-hop-prog-indie on ne peut plus foisonnant. Nous voilà virtuellement en pleine immersion dans un local rempli à ras bord de guitares, claviers, synthétiseurs analogiques, basse et batterie. Une écoute superficielle mènerait à conclure au prolongement forcé de la grande époque de Malajube, fameux groupe avec lequel Zen Bamboo partage assurément les valeurs de l’exaltation et du paroxysme. Une écoute superficielle mènerait aussi à observer un sursaut de nostalgie indie rock ou post-grunge des années 90-2000, et donc à un esprit rock manifeste malgré la multiplicité des références ici répandues sur l’établi. Les trentenaires et quadragénaires se retrouveront illico à l’aise dans cet univers de vingtenaires. Et ces derniers? Ados et adultes millénariaux pourraient fort bien adhérer à cet écho émanant de leur génération. Qui plus est, on nous annonce une « poésie fraîche et maniaque », on souligne « la viscosité pulsionnelle des entrailles » de son auteur, rien de moins. En fait, on absorbe des textes plutôt délirants, beurrés à la manière des jeunes auteurs qui en ont beaucoup à déverser, persillés de vrais bons flashs littéraires malgré les nombreux encombrements. Les thèmes abordés sont tour à tour absurdes, vulgaires, inquiets, angoissés, provocateurs, violents, sanguinolents, larmoyants, suintants, jubilatoires, survoltés. Cet « album tempête » restera fort possiblement confiné au public keb franco vu la langue locale ici déployée, mais… prévoyons l’effet bœuf dans nos pâturages.
