Haley Fohr, mieux connue sous le nom de son projet principal Circuit des Yeux, est une autrice-compositrice-interprète possédant un registre vocal de quatre octaves. De ses débuts lo-fi où elle s’accompagnait à la guitare 12 cordes et lançait des albums expérimentaux sombres, ses compositions sont devenues plus mélodiques, comme on l’a découvert en 2017 sur Reaching for Indigo et en 2020 sur Jacqueline, un album synth-pop/disco/western lancé par son alter ego fictif Jackie Lynn. Le présent album, -io, est une culmination de ce bagage mais avec des pièces qui ont gagné en puissance, grâce à une musique orchestrale capable d’égaler sa voix.
Des extraits : sur la pièce Vanishing, les violons, violoncelles, tuba, trombone et autres instruments d’orchestre s’affirment dignement et confrontent avec violence la voix grondante et caverneuse de Fohr. Sur la pièce Dogma, le rythme est galopant, la mélodie de guitare est western et Fohr s’interroge, de son ton le plus grave, sur la condition humaine et la façon d’obtenir notre salut. Le chant devient lyrique et l’esthétique théâtrale sur Walking Toward Winter, où on imagine acteurs et costumes d’époque, ainsi que sur Sculpting the Exodus où des nappes de synthés et un chœur semblent provenir de la pénombre d’une cathédrale. Puis sur la pièce Neutron Star, où le folk expérimental et les orchestrations classiques se côtoient, les instruments nous donnent l’impression d’accompagner les mouvements d’acteurs imaginés comme s’il s’agissait d’une comédie musicale.
Circuit des Yeux existe depuis plus d’une décennie, mais -io présage un potentiel à venir dont on ne découvrirait ici qu’une infime partie. Il s’agit de l’album le plus accompli et sophistiqué de Fohr, avec des compositions aussi dramatiques que sa voix.