Les New-Yorkais de BODEGA se sont toujours décrits comme ouvertement prétentieux, et leur attitude n’a guère changé avec ce nouvel effort. Suite de l’acclamé premier album du groupe, Endless Scroll, et du EP Shiny New Model, Broken Equipment a été inspiré par un club de lecture au sein duquel se réunissaient les membres du combo afin d’étudier les œuvres d’un large éventail de philosophes. Si la formation d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui – avec un prof de philo à la basse, ça aide pour la crédibilité intello –, elle n’a guère changé, le guitariste et chanteur Ben Hozie et sa complice et conjointe Nikki Belfiglio menant toujours les destinées du groupe. On a donc droit grosso modo à la même recette art-punk vindicative et arrogante qui nous a enchantés dès la sortie de Endless Scroll en 2018 sur ce nouvel album. Les 12 chansons de Broken Equipment se déroulent en partie dans le New York d’aujourd’hui, déballant des références aux questions contemporaines de ciblage algorithmique, critiquant les médias, le pouvoir et le travail, mais abordant aussi des questions théologiques (l’excellente Statuette On The Console, que le groupe a publiée en neuf langues différentes) et existentielles, ainsi que des thématiques plus personnelles ou introspectives. Cela pourrait être barbant si la bande appliquait cette prétention intellectuelle à sa musique, mais il n’en est rien. Fils et filles illégitimes de Gang of Four, LCD Soundsystem et Parquet Courts, Bodega préfère vous faire danser sans trop se compliquer la vie, tout en maniant habilement présomption et art de la dérision.
![](https://panm360.com/wp-content/uploads/2022/03/Disque-Bodega-500x500.jpg)