Marie-Hélène Breault et Pamela Reimer rendent hommage aux Événements du Neuf: piano et flûte

Entrevue réalisée par Alain Brunet
Genres et styles : musique contemporaine

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La flûtiste Marie-Hélène Breault et la pianiste Pamela Reimer rendent hommage à trois compositeurs canadiens fondateurs des Événements du Neuf, rituels fondateurs des compositeurs montréalais de la fin des années 70 à la fin des années 80 : John Rea (1944 – ), les regrettés Claude Vivier (1948-1983) et José Evangelista (1943-2023).

Mes Hommages II est la suite logique (ou plutôt naturelle) de Mes Hommages, un enregistrement réalisé en mars 2020 par Breault et Reimer. Le duo avait déjà interprété ce répertoire en janvier 2016 à la SMCQ, dans le cadre de la série Hommage et conclu en 2019 (Collection QB).

Le projet est toujours d’actualité, nous aurons droit à une nouvelle version du projet, soit de nouveaux arrangements pour flûte et piano – réalisés par les musiciennes – d’œuvres phares du répertoire québécois, à savoir Las Meninas et  Portrait of a Man in Elysian Fields  de John Rea, Monodías españolas et Nuevas monodías españolas de José Evangelista, Pièce pour flûte et piano et Pianoforte de Claude Vivier.

À l’instar de sa collègue, Pamela Reimer mène une carrière diversifiée en tant que soliste et collaboratrice, encline à un vaste répertoire,  traditionnel et contemporain. Elle a étudié avec Tom Plaunt, Louis-Philippe Pelletier, Gyorgy Sebok, Lorraine Vaillancourt et Frederic Rzewski. Sa carrière l’a menée à se produire à travers le Canada, mais aussi aux États-Unis, en Écosse, en Nouvelle-Zélande, en Autriche et en Suisse.

Invitée par PAN M 360 à nous en apprendre davantage sur ce programme offert dans le contexte de la Semaine du Neuf, elle répond généreusement à nos questions.
 

PAN M 360 : Tout d’abord, excusez notre ignorance, mais nous savons que Marie-Hélène et vous jouez ensemble depuis un bon moment déjà.


PAMELA REIMER : Pas de souci, on ne peut tout savoir ! Et oui, cela fait 10 ans que nous travaillons ensemble, ainsi nous faisons équipe depuis longtemps. En 2016, nous avons présenté notre premier hommage à cinq compositeurs québécois : John Rea, José Evangelista, Claude Vivier, Ana Sokolovic et Gilles Tremblay. Nous avons ensuite fait un disque double et nous avons découvert que nous aimions beaucoup arranger de la musique. Nous avons alors pris des morceaux de John Rea et de José Evangelista, écrits à l’origine pour le piano, et nous les avons arrangés pour la flûte et le piano.  Nous avons obtenu leur autorisation et ils ont été très heureux de cette initiative. En fait, nous n’avons rien changé aux structures des pièces, mais nous y avons ajouté de la flûte – Marie-Hélène joue parfois de la flûte basse, de la flûte alto et du piccolo. Nous avons le sentiment d’avoir rendu ces pièces encore plus colorées qu’elles ne l’étaient déjà. Cette fois-ci, cependant, nous avons ajouté deux pièces de Vivier qui n’ont pas été arrangées par nous. L’une est pour flûte et piano et l’autre pour piano solo, dans ce contexte d’hommage au compositeur.

PAN M 360 : Les arrangements que vous avez réalisés pour flûte et piano sont donc des transcriptions des partitions originales. Réduction dans certains cas ?


Pamela Reimer : Eh bien, la partie piano n’est pas très différente de l’original. Mais parfois, nous avons pris des mélodies écrites pour le piano et nous les avons déplacées dans les parties de flûte. Ou encore avons-nous ajouté des contre-chants pour la flûte joués par-dessus la partie de piano. Parfois, il s’agit simplement d’une couleur, d’un son différent émanant de la flûte. Parfois, dans certains morceaux plus lents, je joue la pièce et Marie-Hélène produit des sons de sifflet ou encore produit-elle d’autres sons intéressants afin de compléter la musique ou en faire ressortir davantage la personnalité.

PAN M 360 : C’est donc beaucoup de plaisir mais aussi beaucoup de travail !

PAMELA REIMER : C’est très personnel !


PAN M 360 : Comment décririez-vous votre relation artistique avec Marie-Hélène ?

PAMELA REIMER : Eh bien, je pense que c’est en fait l’une de nos forces, c’est que nous sommes toutes les deux des auditeurs incroyables, où nous pouvons être des solistes quand il le faut, mais nous sommes, nous sommes très sensibles au son de l’autre.  Et comme nous travaillons ensemble depuis si longtemps, nous en sommes presque arrivés à un point où nous n’avons plus besoin de nous donner des repères l’un à l’autre. Nous le savons, c’est tout.

PAN M 360 :  Est-ce la première fois que vous interprétez tous les deux ce répertoire spécifique ?

PAMELA REIMER :
C’est la première fois que nous jouons ces arrangements des pièces d’Evangelista et de Rea et nous avons déjà enregistré celles de Vivier.

PAN M 360 : Même si vous y illustrez l’œuvre des trois compositeurs des Événements du Neuf, le programme de votre concert nous indique que vous mettez un accent supplémentaire sur la musique de Vivier. Depuis quand connaissez-vous son œuvre ?

PAMELA REIMER :
  J’ai étudié le piano à McGill, notamment avec Louis-Philippe Pelletier qui fut l’un des pianistes ayant créé plusieurs œuvres de Vivier. Entre autres, il a enregistré Shiraz que je jouerai la semaine prochaine avec Sixtrum, le sextuor de percussion – le  16 mars au Monument National. Louis-Philippe m’avait raconté que lorsque Vivier écrivait Shiraz, il l’appelait au milieu de la nuit pour lui dire : « J’ai trouvé cet accord incroyable, j’ai trouvé cette harmonie incroyable », comme s’il était toujours à la recherche de nouvelles idées et de nouvelles harmonies. J’ai donc l’impression que Vivier fait partie de mon propre héritage, simplement parce que j’ai étudié avec Louis-Philippe. Avec Paramaribo, par ailleurs, je jouerai une autre pièce de Vivier créée par Louis-Philippe, intitulée Prolifération – le vendredi 17 mars au Conservatoire de Montréal.


PAN M 360 : Quel défi représente jouer du piano avec la musique de Vivier ? Parce qu’on ne le voit pas essentiellement comme un compositeur de musique pour piano.

PAMELA REIMER :
C’était un extraverti, il voulait communiquer. Dans sa musique, on peut entendre cette personnalité. Dans la musique pour piano, il essaie de travailler les extrêmes du piano, comme le très, très fort, le très, très silencieux. À l’intérieur de ces dynamiques, il travaille également sur différents caractères. Par exemple, lorsque le piano est  doux, il peut être aussi très sensuel et très intime. Et lorsqu’il est bruyant, il peut être très violent, très agressif. C’est ce qu’il a poussé dans la technique du piano, soit avec les extrêmes. Et c’est fascinant de travailler là-dessus parce que ces changements sont très, très soudains.

PAN M 360 : Ce que vous décrivez se retrouve dans toutes ses œuvres. Parfois très fort et violent, parfois très sensuel et doux, lumineux de surcroît. Il voyageait toujours entre ces deux pôles.

PAMELA REIMER : Et je pense qu’il n’y a pas beaucoup de compositeurs capables de faire cela avec succès.

PAN M 360 : Et il n’y avait pas de fracture entre le passé et le présent. Il a été capable d’accueillir une musique que beaucoup de compositeurs de sa génération et de la précédente rejetaient.

PAMELA REIMER :
C’est intéressant, oui, Pour m’être vraiment immergée dans sa musique, je peux l’entendre, je sais ce que l’on ressent en la jouant. Je peux sentir Bartok, je peux sentir Liszt, je peux sentir tout le passé et c’est un nouveau langage. C’est tout à fait extraordinaire.

DANS LE CADRE DE LA SEMAINE DU NEUF, LE PROGRAMME DE PAMELA REIMER ET MARIE-HÉLÈNE BREAULT EST PRÉSENTÉ CE MERCREDI, 19H30, AU CONSERVATOIRE DE MUSIQUE DE MONTRÉAL

INFOS ET BILLETS ICI

PROGRAMME

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