classique occidental / musique contemporaine / période romantique

Festival classique hivernal de l’OSL | Mosaïque nordique : un voyage hivernal tout en contraste

par Alexandre Villemaire

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la température était avec les musicien·ennes de l’OSL pour leur deuxième grand concert de soirée de l’édition 2025 du Festival classique hivernal. La froidure du samedi 1er février faisait écho à l’esprit de ce programme qui était porté pour l’occasion par Jean-Marie Zeitouni qui mettait de l’avant un répertoire d’inspiration nordique.  La « mosaïque » – pour reprendre le titre du concert – qui avait été assemblée mettait de l’avant la pièce Légendes de Jacques Hétu, le Concerto pour piano en la mineur d’Edvard Grieg et la Symphonie no 5 en mi bémol majeur de Jean Sibelius.

L’image de la mosaïque était fort bien à propos pour illustrer ce concert. Les trois œuvres étaient toutes stylistiquement différentes, mais unies et ancrées par un même esprit esthétique, les compositeurs faisant ressortir à leur manière des thématiques liées au folklore et à la nature.

Légendes, du compositeur québécois Jacques Hétu, présentée comme pièce d’ouverture, a été écrite pour les festivités entourant le 400ᵉ anniversaire de la ville de Québec. Il s’agit d’une suite de trois œuvres racontant musicalement trois contes emblématiques du folklore québécois : Alexis le trotteur, Le diable au bal et La chasse-galerie. Au travers des trois courtes pièces, on dénote une même ambiance et un même traitement du timbre avec une prépondérance marquée pour les effets et des lignes musicales confiées aux vents, alors que les cordes soutiennent ces envolées par un tapis harmonique. La dimension programmatique de l’œuvre était particulièrement présente dans les deuxièmes et troisièmes mouvements. Dans « Le diable au bal » qui raconte l’histoire de Rose Latulippe, qui, lors d’une soirée dansante, s’amourache d’un diabolique bel inconnu, la présence oppressante de cet être ténébreux est manifestée par une mélodie espiègle entonnée par les bois avant qu’un air de valse mondaine soit entonné alors pendant que les cordes jouent un accord dissonant. Le même effet est présent dans « La chasse-galerie », tonitruant et cuivré pour exprimer le pacte que les bûcherons font avec le Diable pour aller rejoindre leur famille. Les retrouvailles se font dans une atmosphère de reel et de rigaudon.

Le Concerto pour piano de Grieg est venu apporter un changement radical d’esthétique, proposant un langage plus introspectif, mais intense au niveau du lyrisme. La pianiste ukrainienne Olga Kudriakova a interprété l’œuvre avec ces qualités. Après un départ dans un premier mouvement qui, bien très justement exécuté, nous semblait un peu rude, c’est vraiment dans le deuxième et le troisième mouvement que Kudriakova a démontré sa dextérité interprétative et sa sensibilité.  L’« Adagio » avec son thème élégiaque aux couleurs sublimes rappelant Peer Gynt a offert un moment d’un grand lyrisme, alors que l’« Allegro » expose un entremêlement de différents thèmes à saveur folklorique.

La Cinquième symphonie de Sibelius est venue conclure la soirée en parachevant son essence nordique. Composée en parallèle à la Première guerre mondiale et à la guerre d’indépendance de la Finlande, l’œuvre est marquée par des thèmes chers à Sibelius comme l’amour de la patrie et de la nature. Il fait cohabiter dans sa symphonie ces deux idées contrastantes que Jean-Marie Zeitouni met en relief par une maitrise des dynamiques et des phrasés parfaitement clairs. Après un premier mouvement plus anxieux qui se termine dans une fanfare glorieuse, le deuxième mouvement met de l’avant une forte influence folklorique avec un début tout en pizzicato d’une grande délicatesse qui fait place à de superbes dialogues instrumentaux entre les différentes sections de l’orchestre. Le dernier mouvement reprend cette présence folklorique, notamment avec une grande envolée lyrique qui se conclut sur des accords entrecoupés de longs silences.

Expressif, Jean-Marie Zeitouni a mené l’orchestre dans cette longue traversée de paysages nordiques avec intelligence et précision dans un concert qui fut imagé et qui sortait des sentiers « de neiges » habituels du répertoire de concert.

crédit photo: Gabriel Fournier

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