MUTEK Montréal s’est conclu au petit matin de lundi, voici l’ultime tartine de nos généreuses recensions d’une cuvée somme toute respectable. L’équipe de PAN M 360 conclut ainsi un parcours intensif amorcé mardi dernier.
crédit photo: Vivien Gaumand
Rich Aucoin, hum… pas mal
crédit photo Nina Gibelon-Souchon
Samedi soir au MTELUS, la série Métropolis présentait le performer Rich Aucoin dans son concert intitulé Synthetic, vaste projet discographique du même nom où il joue pas moins de 37 synthétiseurs différents. Ainsi, il reprend les éléments stylistiques de la musique électronique à travers les claviers mis en œuvre. Ainsi il comptait signer les évocations de tous les créateurs l’ayant marqué, Air, Daft Punk, Justice, Cornelius, Aphex Twin, Brian Eno, Wendy Carlos, Vangelis, pour ne reprendre que ses citations dans son interview accordée à PAN M 360. L’idée est excellente, il faut le souligner. Rich Aucoin nous avait habitués à des spectacles de variété immersive, on se rappellera surtout de sa toile de parachute qui se transforme en chapiteau.Or , cette fois, il s’agit d’une approche encyclopédique qui fait se succéder une généreuse collection de citations. Très cool sur disque, peut-être un peu trop dénudé sur scène… On ne peut affirmer que les seules pistes des deux premiers tomes de Synthetic aient soulevé les nuitards en cette soirée de samedi.
Eris Drew, wow en DJ set, bof en live set
crédit photo : Nina Gibelin Souchon
Un peu plus tard au MTELUS dans la nuit de samedi à dimanche, on s’attendait à beaucoup du live set de la DJ transgenre de Chicago Eris Drew, qui avait enflammé la veille l’esplanade Tranquille la veille. Eh bien ce ne fut pas non plus à la hauteur des attentes. On aurait dit que cette musicienne d’expérience, certes une des plus grandes DJ au monde pour le plancher de danse, ait manqué de préparation pour cette performance mal ficelée, entrecoupée de passages à vide qui en freinaient la montée dramatique essentielle aux grandes soirées. Ou bien il s’agissait tout simplement d’une contre-performance dont personne n’est à l’abri, même les meilleurs sur Terre. Son ensemble de claviers, hardware et outils numériques sera sûrement utilisé à meilleur escient, encore faut-il offrir une performance plus dense et plus cohérente que ce à quoi on a eu droit.
Cinthie, wow et re-wow!
crédit photo: Nina Gibelin Souchon
En clôture dominicale de la série Expérience, présentée gratuitement à l’esplanade Tranquille, la Berlinoise Cinthie nous a fait la preuve éclatante de sa réputation béton sur la scène house mondiale. Tous les sons au programme consistaient aux très solides constructions de cette artiste passée maître dans l’art de faire danser les gens. Le contrepoint est parfaitement conçu : percussions légère, harmonies éthérées ou pistes texturales précèdent des motifs de claviers typique du groove housy, les basses s’installent et la grosse caisse finit par s’imposer et fait lever le parterre lorsqu’elle est déclenchée. Décollage immédiat, un voyage sûr assortie de brillantes variations rythmiques, de sonorités au clavier. Assurément, Cinthie sait comment ça marche. Vraiment! Son immense culture de la musique house de la soul/R&B lui permet de varier ses constructions à souhait et de maintenir notre attention du début à la fin, sans essoufflement conceptuel aucun. Le corps et l’esprit sont nourris à ce puits de science qui rend la dance music plus subtile qu’il n’y paraît.
Intercity-Express, Tetsuji Ohno & Manami Sakamoto, bon pour la tête et le corps
crédit photo: Vivien Gaumand
Voilà l’un des meilleurs sets audiovisuels présentés cette année à MUTEK Montréal. Conception de l’artiste japonais Tetsuji Ohno, l’œuvre intègre brillamment différents styles musicaux, house, techno, industriel, bruitiste, ambient, afro-électro, etc. Ses projections audiovisuelles se combinent au son en temps réel, ce qui génère de nouvelles nuances audiovisuelles synchronisées en temps réel – avec le soutien de la partenaire Manami Sakamoto. Les vagues de couleurs et de motifs s’impriment sur les murs de la SAT pendant que la proposition sonore s’avère contrastée et captivante. Tout se module donc à travers la relation qu’ont les fréquences sonores avec les formes visuelles qui leur sont adjointes. Même si conceptuel, cet art électronique possède bien assez de puissance rythmique et une expressivité bien assez viscérale pour écarter tout soupçon de froideur clinique.
Deena Abdelwahded, Tunisie électronique
crédit photo: Vivien Gaumand
La Tunisie produit d’excellents artistes malgré les épisodes chaotiques de son histoire récente (ou peut-être à cause d’eux!), en voici une autre preuve éclatante : la DJ et productrice Deena Abedelwahded injecte à sa techno une sélection bien sentie de rythmes traditionnels du Maghreb. Les percussions y sont pré enregistrées et traitées électroniquement mais conservent leur cachet originel, sans compter ce guembri amplifié que gratte en temps réel un collègue nord-africain. Qui plus est, la productrice sait chanter, fort bien d’ailleurs, usant d’une voix grave et anguleuse qu’elle dégaine au moment opportun dans son set, attitude punk à l’appui. Voilà autant d’éléments qui contribuent à plonger les nuitards ravis dans une quasi-hypnose collective sur le parquet de la SAT.
Pascale Project, synth-pop girl de talent
crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Pascale Project, c’est le projet de la DJ, productrice, musicienne et chanteuse montréalaise Pascale Mercier présenté dans la Satosphère. Ce live set des plus rafraîchissants est traversé par la house de Chicago, l’euro dance, l’acid techno, la synth-pop, la tech-house et plus encore. Un peu comme l’a fait la talentueuse Elise Trouw au dernier FIJM, Pascale reconstruit ses chansons devant nous, ses qualités de multi-instrumentiste en studio nous semblent évidentes même si elle se contente de chanter et de déclencher ses excellents grooves et accroches mélodiques. Cette Pascale Mercier n’a peut-être pas la voix du siècle mais elle respire le talent à n’en point douter.