« Moi j’ai 5 pieds 4 et j’ai pas besoin d’escabeau », chante l’opiniâtre Magdala dans Grind Mode, un titre konpa de son cru. Une collègue me dit que la chanteuse montréalaise a déjà tenté en vain de s’imposer dans les concours de voix de la télé québécoise. Alors ?
Chacun sait que ces concours mènent rarement à une carrière singulière, une infime minorité de chanceux s’imposent à long terme dans la pop locale pour grand public, n’est pas Marie-Mai qui veut.
Encore moins nombreux s’imposent à la manière de Dominique Fils-Aimé, qui fut remarquée aussi dans les concours qui ont la force de caractère pour tracer leur chemin sans suivre les diktats de la pop FM.
Magdala, elle, ne suit aucun de ces deux chemins et pave le sien : voilà le nouveau konpa de Montréal, le nouveau standard, le sien !
Mercredi au Café Campus, dans contexte de Mundial Montréal, Magdala souhaitait convaincre les professionnels venus du monde entier pour conclure des ententes avec les artistes en vitrine, dont Magdala dans le cas qui nous occupe.
Il est temps que cette artiste émerge au-delà du circuit de la diaspora haïtienne – Haïti, Paris, Miami, New York, Montréal, etc. Depuis les années 50, chaque génération de konpa a ses champions, le style n’a cessé d’évoluer sans avoir le crédit qu’il lui revient : la cellule rythmique du konpa est la mère des beats afro-descendants aussi populaires que le zouk, le reggaeton et les afrobeats du Nigeria.
Magdala maintient le rythme et l’esprit du konpa, elle y ajoute des actualisations qui en singularisent la signature : claviers différents du Farfisa traditionnel au konpa (bien que certaines sonorités farfisiennes sont parfois ramenées au menu!) , backbeat plus lourd à la batterie et à la basse, importance accrue de la guitare, intégration de soul/R&B et de dancehall.
Magdala a une voix de mezzo-soprano qui coule de source, sa présence sur scène exhale la sensualité et le pouvoir attractif des stars, son autorité ne fait nul doute. À toutes fins utile, Magdala est prête pour les grandes ligues. Mais, comme on le sait, plusieurs prétendants légitimes aux grandes ligues ne gagnent pas à la loterie du succès de masse… Magdala est relativement proche du but, on lui souhaite d’y arriver car elle a tout pour y parvenir. Pas besoin d’escabeau !