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Dweezil Zappa : Rox(pologie) de Rox(Postroph)y

par Réjean Beaucage

Un concert de près de trois heures durant lequel l’énergie ne passe jamais sous la barre du 110%, c’est ce que la bande à Dweezil Zappa avait à offrir lundi dernier, 21 avril, au Théâtre  Maisonneuve, et qui remet ça à guichets fermés, ce vendredi 25 avril à la Salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm.

La tournée Rox(Postroph)y qu’a lancé Dweezil Zappa l’année dernière, pour commémorer la sortie des albums Apostrophe (‘) et Roxy & Elswhere, fait la part belle au répertoire de ces classiques de 1974, mais « le fils de » commence maintenant à s’octroyer plus de liberté avec la musique du paternel, toujours en demeurant respectueux de la façon de faire de Frank.

Alors oui, bien sûr, on aura la Yellow Snow Suite, mais après une entrée avec  Filthy Habits  (de l’album Sleep Dirt), et on aura une magnifique version de  Cheepnis , mais après A Pound for a Brown on the Bus, de Uncle Meat (que Dweezil présente étonnamment comme « de l’album In New York »). On déborde donc du cadre strict des albums de 1974, et c’est sans compter les interprétations de Push Comes to Shove (de Van Halen),  Livin’ on a Prayer  (de Bon Jovi) ou même Hello (de Lionel Richie). Ces deux dernières mettent en vedette la claviériste et saxophoniste Scheila Gonzalez comme soliste au… gazou!

L’idée de glisser dans le programme quelques surprises comme celles-là rappelle bien sûr que Frank aussi aimait en saupoudrer dans ses concerts (de Baby Love des Supremes jusqu’au Boléro de Ravel, et on sait qu’il aimait bien placer un petit peu de gazou ici ou là, mais amplifié au max dans la caverne Maisonneuve, c’est quand même dur sur le tympan. Dweezil, dans une explication musicologique que Frank n’aurait certes pas reniée, comparera la douce sonorité de l’accessoire à celle du célèbre pétomane ! On ne croyait pas que la réputation de l’artiste français du début du 20e siècle s’était rendue jusque sur la côte ouest américaine… C’est peut-être grâce à Salvador Dali qui, selon ses dires, ne voyageait jamais sans son disque du pétomane.

Gonzalez aura l’occasion de briller dans d’autres pièces, principalement au sax, et si Dweezil ne se prive pas de démontrer son savoir faire dans de nombreux solos de guitare (sur les Gibson SG et Les Paul originales de Frank), le programme fait une large place au talent de ses musiciens. Soulignons surtout la dynamo Zach Tabori, excellent percussionniste et guitariste qui peut aussi chanter les parties très pausées de Frank ou hurler comme le faisait Ricky Lancelotti sur Zomby Woof –  durant laquelle Dweezil a offert un solo rien de moins qu’épique. La claviériste Bobby Victor mérite aussi une mention, tant pour son efficacité que pour son cabotinage constant – un autre rappel des concerts de Frank, où chacun des musiciens offrait un spectacle en soi. 

Au fil du concert, on retrouve aussi le running gag du secret word (« poutine »!) et l’invité surprise, le guitariste canadien Ariel Posen, venu faire un duo avec Dweezil dans Cosmik Debris. Les novices dans l’univers de Frank ont l’occasion de comprendre le sens de sa devise « Anything Anytime Anyplace For No Reason At All » (ou AAAFNRAA) et les afficionados retrouvent le plaisir d’entendre en concert ce répertoire inclassable qui mêle, avec humour et virtuosité, le funk, le jazz, le rock et quoi encore.

Crédit photo: Patrick_Beaudry

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