De la grande visite hier à la Salle Claude Champagne de l’Université de Montréal: le trompettiste Marcus Printup, membre depuis trente ans du Jazz at Lincoln Center Jazz Orchestra, dirigé par Wynton Marsalis. Printup a accompagné Betty Carter, Madeline Peyroux et Dianne Reeves entre autres. Et il a réalisé une dizaine d’albums en solo durant sa longue carrière.
Inutile de le dire: c’était un privilège pour les étudiant-e-s du Big Band de jazz de l’université de recevoir ce trompettiste renommé pour une classe de maître et par la suite, pour un concert. C’était peut-être aussi un petit brin intimidant.
Sauf que Marcus Printup semble éprouver un plaisir fou à transmettre ses connaissances et à partager la scène avec des apprentis. Le trompettiste est très gestuel sur scène, claque des mains, fait parfois des « high five »aux solistes du Big Band.
Sous la direction d’un autre trompettiste, le Brésilien João Lenhari, l’ensemble universitaire a démarré sur Airagin, du saxophoniste Sonny Rollins, pour se dégeler les doigts, suivi d’une pièce de Marcus Printup, Jojo’s Mojo. J’ai déjà l’impression que le groupe a gagné en concision depuis son concert du 13 mars.
C’est véritablement avec Tutu, écrite par le bassiste Marcus Miller pour un album fétiche de Miles Davis de 1986, que le concert a pris son envol. Avec des arrangements complexes, qui métamorphosent la pièce originale, Marcus Printup s’est livré à de longues envolées de trompette, avec ou sans sourdine, qui ont démontré sa technique fluide, mais aussi sa capacité d’émotion.
Printup ne le cache pas: il est un émule de Miles Davis, de qui il a parfois un peu de mal à se distinguer. En plus de Tutu, nous avons eu droit à Eighty One, du Contrebassiste Ron Carter, et Armageddon, du saxophoniste Wayne Shorter, tous des grands qui ont côtoyé Miles. Sur des arrangements pour big band de Marcus Printup.
Nous avons eu également droit à un extrait d’une suite écrite par Marcus Printup, qui, incidemment, s’inspire de son parcours d’étudiant à l’Université de North Florida. Et, puisque le Big Band a un directeur musical brésilien, il fallait une pièce originaire de ce pays. João Lenhari nous a présenté un arrangement très innovateur de Look To The Sky (Ola pro céu) du grand Tom Jobim.
Les étudiant.e.s du Big Band ont eu à travailler fort sur ces arrangements pas toujours simples. Mais on les sent de plus en plus confortables. Celles et ceux à qui Lenhari a confié des solos ont disposé de plus de temps pour improviser et s’en sont bien tirés. La trompettiste Alice Julliard a eu l’opportunité de dialoguer en solo avec le maître Marcus Printup, ce qui a dû provoquer quelques frissons.
Je retiens aussi le visage souriant de la saxophoniste Maude Gauthier, qui, tout au long du concert, semblait sur un nuage, ce qui ne l’empêchait jamais d’être concentrée et prête à jouer au bon moment.
La Salle Claude Champagne était presque pleine, en partie de donateurs du programme, qui ont été même de constater que leur argent était bien investi. Un concert très agréable et prometteur.