Opéra McGill | L’univers magique de Cendrillon porté sur la scène

par Elena Mandolini

Chaque année, les étudiant.e.s de l’École de musique Schulich de l’Université McGill montent un opéra. Cette année, il s’agissait de Cendrillon de Jules Massenet, que toute la distribution a su porter avec brio, pour livrer une performance de haut calibre. La soirée s’est déroulée sous le signe de la magie, de l’humour, et de somptueuse musique. Un franc succès!

En entrevue avec PAN M 360 plus tôt cette semaine, Stephen Hargreaves (directeur artistique et musical) et David Lefkowich (metteur en scène invité) avaient confié que cette partition de Massenet recelait des passages qui donnaient du fil à retordre même aux compagnies professionnelles. On reconnait, en tant que membre du public, que certains passages sont difficiles, autant pour l’orchestre que pour les chanteuses et chanteurs. Mais les interprètes donnent l’impression que ces passages sont en fait très faciles. Même les passages les plus rapides, les plus virtuoses, sont interprétés avec solidité et confiance.

On ne peut nier la qualité exceptionnelle de la distribution (impressionnante en nombre, d’autant plus que deux castings se partagent les trois représentations) d’Opéra McGill. Dès les premières mesures, l’orchestre s’impose et offre une performance d’une qualité constante, malgré les plus de deux heures que dure Cendrillon. L’écriture de Massenet est très évocatrice, et l’orchestre sait transmettre musicalement l’intrigue, la grandeur de la noblesse, la mélancolie et la magie que recèle cette œuvre.

Le même éloge peut être fait des chanteuses et chanteurs qui se partagent la scène. On retrouve une belle variété de voix, toutes solides et remarquables. On salue particulièrement la diction parfaite du texte en français : on saisit chaque syllabe. Le texte en anglais est projeté au-dessus de la scène, selon l’usage, mais on aurait également bénéficié du texte français, pour pouvoir savourer encore plus l’humour du livret d’Henri Caïn. Cet humour, qui transparaît d’emblée à la lecture du texte de l’opéra, est sublimé par la mise en scène. Les interprètes s’amusent sur scène, et leur jeu d’acteur fait beaucoup rire. On prend des libertés, on exagère parfois le jeu, mais tous ces éléments ont leur raison d’être et ne font que rendre la soirée des plus agréables. La scénographie et les costumes, respectivement dessinés par Vincent Lefèvre et Ginette Grenier, contribuent beaucoup à transporter le public dans le monde magique de Cendrillon.

Les moments très drôles côtoient des moments extrêmement touchant et somptueux. Les scènes mettant en vedette la fée (Kate Fogg) sont à couper le souffle, tant par leur scénographie magique que par la performance de grande qualité de l’interprète. Également, les duos sont pleins d’émotion, qu’il s’agisse des chants d’amour entre Cendrillon (Bri Jones) et le Prince charmant (MacKenzie Sechi), que celui où Pandolfe (Nicholas Murphy), le père de Cendrillon, lui propose de quitter la maison de la vilaine belle-mère pour retourner à leur vie paisible et campagnarde d’antan. Enfin, les moments impliquant les chœurs transportent le public tantôt à la cour du roi, tantôt dans une forêt peuplée d’esprits et de mystères.

Cette soirée exceptionnelle aura su démontrer à quel point les jeunes étudiant.e.s en musique sont prêt.e.s à relever des défis de taille, et leur capacité à briller et à exceller du même coup.

Cendrillon de Jules Massenet, avec Opéra McGill et l’Orchestre Symphonique de McGill, dirigé par Stephen Hargreaves. Représentations supplémentaires le 27 janvier à 19h30 et le 28 janvier à 14h. INFOS ET BILLETS ICI!

Pour connaître la programmation complète de l’École de musique Schulich, c’est ICI!

Crédit photo : Stephanie Sedlbauer

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