Troisième album de Karin Kei Nagano pour Analekta, et pas des moindres : la dernière sonate de Schubert, D 960, en si bémol majeur, un monument parmi les autres chefs-d’œuvre du répertoire. La maturité requise pour affronter un tel univers, où la mort annoncée et prévisible du jeune compositeur s’impose de manière kaléidoscopique (noirceur dramatique du premier mouvement, exubérance rebelle du dernier, etc.), n’est pas à négliger. La jeune femme de 21 ans (au moment d’enregistrer) est-elle familière avec le trépas, sa puissance annihilante mais aussi son pouvoir cathartique sur la volonté de vivre ? On ne le saura pas, car Karin Kei a adopté ici une approche réfléchie et conceptuelle qui se justifie pleinement. C’est lors d’études en architecture qu’elle a ouvert son esprit aux liens étroits entre la musique et l’art de construire des objets physiques. Lignes, harmonie, contrastes, lumière, couleurs, formes, textures, et mathématique bien sûr ! Cette sonate éminemment ressentie devient ici une construction élégante et inspirante, quoique un brin géométrique pour le propos. Cela n’empêche, la pianiste a eu l’idée géniale d’adjoindre une pièce d’Olivier Messiaen, un vitrail délicatement scintillant de notes perlées, Première Communion de la Vierge. Il s’agit d’une ode à la vie, d’ici ou surtout d’après qui s’enchaîne surprenamment bien après la fresque schubertienne. Les deux œuvres, liées par la même tonalité transitoire entre la fin de l’une et le début de l’autre, agissent ici comme une métaphore, oui, d’un passage de la vie à la mort, puis la vie de nouveau. Je ré-écoutais la D 960 de Paul Lewis sur Harmonia Mundi, l’une de mes versions préférées. Je me disais que le drame émotif semblait plus prenant sous ses doigts. Mais Karin Kei Nagano a tout de même fortement réussit à me convaincre de sa vision grâce à une réflexion appropriée et une audace de programmation géniale.
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