CAPI est le septième album de la trompettiste et compositrice Rachel Therrien. C’est également, et de loin, le plus novateur et expérimental. Quelque part entre l’impro libre, l’écriture contemporaine et l’exploration électro, CAPI est avant tout la mise en musique de la poésie de son grand-père, Charles Lebel-Therrien. Une poésie parfois rude comme la Côte-Nord minérale qui y est souvent célébrée, parfois lyrique comme un coucher de soleil sur l’horizon infini de la Minganie, parfois aussi mordante que le vent qui descend du Labrador. Therrien convie à cet hommage profondément personnel des sonorités électro éclatées, une batterie modifiée, une guitare sinueuse et sa trompette ici planante, ailleurs explosive. Tout cela pour donner vie aux textes de papy, récités/chantés par Caroline Tremblay.
On est totalement poussés hors du monde avec cet album. Si la Côte-Nord est déjà un endroit qui semble avoir été transposé sur Terre à partir d’une autre planète, la musique de Rachel vient confirmer le sentiment d’étrangeté que l’on peut y associer. Fulgurances rock, cris éthérés et ambiances schizophréniques se superposent à des moments de douceur et de contemplation béatifiée, envoûtante.
CAPI est également l’occasion de découvrir le CEM, le Centre d’expérimentation musicale, un organisme dédié aux musiques de créations établi à Saguenay et qui a participé à la réalisation de ce vaste projet qui comprend, au-delà de l’album musical, une série de vidéos à voir sur YouTube et un magnifique livre des textes de Charles Lebel-Therrien. Il est rassurant de constater qu’en dehors de Montréal, grand hub nord-américain de musiques contemporaines, il y a une vie pour les sonorités exigeantes. Bravo!
Soyez prêts à être profondément étonnés et bousculés par ce produit à la fois artistique et historique qu’on n’avait jamais vu venir, si l’on se fiait aux six précédents.