Un titre à la fois, Ichon, sa clique Bon Gamin – Myth Syzer, Loveni et, par association, Bonnie Banane et Muddy Monk – redéfinissent les règles du jeu en brouillant les frontières entre rap, pop, chansons à texte et musiques électroniques. En 2020, l’image de bad boy cultivée par Yann Bella Ola laisse place à celle d’un être humain vulnérable et sensible. Il s’affirme par un style vestimentaire soigné et fluide, jouant avec les codes genrés et assumant sa féminité dans un monde binaire. Pour ce premier album, le Montreuillois, qui s’est mis au piano, a collaboré avec PH Trigano, Crayon et Adrien Pallot. Le résultat, quinze pistes parfois difficilement classables, souvent à la croisée des genres, toutes plus originales les unes que les autres; effleurant la bass music, le funk, le R’n’B et la neo soul. Ichon chante, parle, clame, rappe, surprend par son jeu de diction et la souplesse de son flow. Les mots du trentenaire expriment les maux, l’anxiété généralisée et les sentiments mêlés de jeunes adultes qui font face au besoin de s’accepter identitairement (Presque deux, Miroir, Pas Facile) pour trouver leur place dans une société où l’injonction à être ou ne pas être est reine. Pour se libérer de ces carcans, le rappeur invite à cultiver son originalité, sa différence (911) et surtout reconnaître la fragilité humaine (SOS qui s’empare du sujet délicat du suicide, la mort est très présente sur l’album). Sorti le jour de son anniversaire, le 11 septembre, le clip de 911 dévoile une esthétique léchée qui évoque celle des rappeurs de la côte ouest américaine – entre concepts visuels excentriques et mise en scène de l’absurde. Peut-être parce que lui et moi avons le même âge, je suis émue par sa poésie sans détour, touchée par la justesse de ses textes faisant écho à ma propre expérience. Comme une envie irrépressible de faire tourner l’essai en boucle. Une proposition qui vient du cœur et qui, Pour de vrai, mérite le titre de meilleur album de l’année.
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