Généralement associé aux pays situés à l’est du Danube, le chant polyphonique existe aussi en Europe de l’Ouest. C’est ce que révèle ce rapide tour d’horizon de ses différentes traditions, regroupant la Russie, l’Ukraine et la Géorgie, mais aussi l’Espagne et l’Occitanie. C’est de la partie française de cette dernière que vient Panderovox, une chorale comparable à une petite armée – un peloton, si vous préférez – d’une quarantaine de chanteurs et percussionnistes sous les ordres du lieutenant Greg Duveau. Après une intro quelque peu déroutante au didgeridoo, Duveau et sa bande interprètent au rythme des tambours cinq variantes nationales de chants polyphoniques traditionnels. Comme on peut s’y attendre, les chansons de l’Est sont parfois un peu sinistres, ainsi qu’en témoigne cet extrait du chant géorgien Bindisperia sopeli : « Je reposerai dans ma tombe mais tout le monde s’amusera bien / Je tiens à ce que ma maison ne soit pas détruite et que ma femme ne se remarie pas ». Les chants espagnols et occitans, en revanche, sont optimistes et entraînants. Comme la chorale de Duveau est essentiellement composée d’amateurs, elle n’atteint jamais les sommets sublimes du Mystère des Voix Bulgares (le chœur féminin qui a fait connaître la polyphonie), ni l’inventivité étonnante de formations contemporaines d’avant-garde comme le quatuor de Kiev DakhaBrakha. Toutefois, l’enthousiasme qui anime le collectif est puissant et rend ces Polyphonies Tribales aussi gratifiantes qu’inspirantes.
