Tous des virtuoses de la baguette et du maillet, les huit musiciens de l’ensemble autrichien Louie’s Cage Percussion jouent régulièrement avec de grands orchestres de Vienne ou de Graz. Les pièces présentées ici, qui forment un programme de concert, sont de deux des membres de l’ensemble : Sebastian Brugner-Luiz (2) et Florian Klinger (3), ce dernier ayant aussi réalisé un arrangement d’une œuvre de Debussy. Un troisième membre du groupe, Lucas Salaun, offre quant à lui un arrangement de l’ouverture de La forza del destino, de Verdi.
Drôle de titre, pure, pour un programme qui vise précisément à démontrer toute l’étendue des textures sonores que recèle l’extrême variété des instruments de percussion. Si en plus on utilise un malletKAT (xylophone midi), une Keytar (un contrôleur midi à clavier qui se tient comme une guitare) et quelques instruments inventés pour l’occasion, disons que la palette de sons disponibles frôle l’infini.
C’est le cas surtout dans la pièce d’ouverture, Radio Island, où l’on pourrait avoir affaire à un combo jazz, avec piano, guitare électrique et basse (des instruments qui sont pourtant absents). La pièce est aussi truffée d’échantillonnages de voix parlée, dont certains sont extraits de la superbe interprétation de The War of the Worlds de H. G. Wells par Orson Welles, en 1938. La pièce Alphabetic Klimt est également enracinée dans le jazz, son compositeur, Florian Klinger, étant aussi connu comme un excellent vibraphoniste jazz. On peut voir un extrait de la pièce ici :
Le programme reste cependant largement à base de xylophone, de vibraphone et autres glockenspiels. C’est d’ailleurs un peu dommage que l’on n’ait pas jugé utile de nous donner le détail de l’instrumentarium utilisé dans chacune des pièces (bien que les notes y fassent tout de même vaguement référence). Les musiciens utilisent aussi leur voix, en chœur, pour appuyer certaines mélodies. Souhaitant montrer qu’ils sont issues de l’univers « classique », les musiciens nous offrent un Prélude à l’après-midi d’un faune auquel les percussions rendent étonnamment justice, le côté éthéré du poème symphonique de Debussy s’accommodant assez bien des attaques de marimba. L’œuvre de Verdi, quant à elle, subit une attaque de beat disco qui pourrait être un clin d’œil à la Cinquième de Beethoven arrangée par Walter Murphy en 1976. Avec, en plus, le son cheapo de synthétiseur que l’on a choisi pour la partie de basse, disons que ce n’est pas la meilleure pièce du disque. Outre ce dernier titre, ça demeure dans l’ensemble un programme varié et stimulant.