Que de kilométrage musical parcouru par Julie Doiron depuis les fulgurances distordues d’Erics’s Trip, sur la rive nord de la rivière Peticodiac, jusqu’à aujourd’hui. I Thought of You est, grosso modo, son treizième album solo. À ce corpus s’ajoutent bien sûr l’œuvre d’Eric’s Trip, puis un paquet de collaborations et participations, ici avec Wooden Stars, là avec les Tragically Hip (Music @ Work) et Gordon Downie sur ses trois premiers albums en solo, puis plus récemment au sommet du Mount Eerie de Phil Elverum. Les textes de Madame Doiron reflètent souvent les douceurs et légers aléas du quotidien, qu’elle dépeint candidement : des mitaines oubliées sur le radiateur, un café qui arrive au mauvais moment, un lac sur lequel souffle un vent frais. Les déplaisirs et émois sentimentaux, qui occupent normalement une bonne portion de son fonds parolier, sont omniprésents dans les treize chansons de I Thought of You. Jusqu’à présent, Julie avait fait dans le lo-fi généralement délicat, avec ça et là de brefs éclats amplifiés, notamment sur la séquence d’albums Woke Myself Up (2007), I Can Wonder What You Did With Your Day (2009) et So Many Days (2012). Or, on assiste ici à une sorte de révolution car I Thought of You est traversé par diverses déclinaisons de rock : country dans You gave Me the Key et Good Reason, heartland-sudiste dans Thought of You – où la voix de Julie ressemble à s’y méprendre à celle de Chrissie Hynde –, néo-psychédélique dans Just When I Thought, post-punk dans Et mon amour (en français), slacker dans Cancel the Party et They Wanted Me to Say, blues dans How Can We, grunge dans Ran (qui évoque directo le Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly interprété par Nirvana), proto-grunge à la Neil & Crazy Horse dans The Letters We Sent et folk dans Going Back to the Water. Quand on sait qu’elle s’est entourée des frères Romano, c’est-à-dire le multitalentueux Daniel aux guitares, claviers et percussions et Ian à la batterie, de Michael Feuerstack – qui se produit ces jours-ci avec le Bell Orchestre – à la guitare pedal steel et de notre Dany Placard national à la basse, on ne s’étonne pas que cet album s’avère aussi rock’n’roll. En ce début d’hiver, ça s’écoute en boucle, les pieds sur la bavette du poêle.
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