James Ilgenfritz, le contrebassiste et compositeur basé à New York, se présente en tant que leader avec son dernier album, « #entrainments ». Né de sa lutte personnelle et de sa victorieuse récupération après une intervention chirurgicale au cerveau, cette expédition avant-gardiste et sans accords témoigne de l’esprit indomptable d’un musicien confronté à l’adversité. L’habileté musicale d’Ilgenfritz, combinée à une profondeur émotionnelle intense, donne lieu à un album qui fourmille de moments de folie avant-gardiste déchaînée, d’une brillance technique et d’une vulnérabilité brute.
#entrainments s’ouvre avec le mystérieux morceau « #frontmatter », attirant immédiatement l’auditeur vers la contrebasse d’Ilgenfritz qui devient la force motrice, guidant le quartet à travers un labyrinthe de mélodies abstraites et de changements rythmiques inattendus. L’absence d’instruments harmoniques crée une toile vierge, permettant aux musiciens de déambuler librement, dégagés des contraintes harmoniques. Angelika Niescier, Nathan Bontrager et Gerry Hemingway à l’alto saxophone, au violoncelle et à la batterie respectivement, font preuve de sensibilité et d’audace dans leurs choix musicaux, donnant lieu à des improvisations et à une interactivité fascinantes.
L’absence d’un instrument harmonique offre une sensation de liberté, permettant à la contrebasse d’assumer un rôle multifacette, agissant simultanément en tant qu’ancrage rythmique, guide mélodique et catalyseur improvisationnel. L’ajout du violoncelle par Ilgenfritz est un choix intéressant, car la contrebasse et le violoncelle occupent une grande partie de la même plage sonore, mais le violoncelle apporte une dimension orchestrale qui ajoute une touche vraiment charmante sur des morceaux comme « #saladdays » et « #dungeonmaster ». Pour un album avant-gardiste, celui-ci est certainement plus accessible grâce à cet ajout.