La violoniste et compositrice Adrianne Munden-Dixon partage sa vie entre Montréal et New York (pas pire comme duo urbain, n’est-ce pas?). Seule avec son violon, elle réussit un tour de force expressif à travers six oeuvres de jeunes compositeurs et compositrices. Generation, de Phong Tran flotte initialement dans les atmosphères planantes d’Arvo Pärt et Morton Feldman, mais se gonfle assez vite de crescendos incendiaires à la Giya Kancheli. En tous les cas, voici un univers enivrant et obsédant qui demeure malgré tout accessible dans son émotionnalité. Maria Kaoutzani, avec Arachne, tisse une toile nerveuse faite de traits saccadés alors que seagrass / reed de Carrie Frey nous entraîne dans un périple électrifiant grâce à une polyphonie de doubles cordes et d’harmoniques autant murmurées que puissamment déclamées. Un autre accomplissement fait de dynamiques extrêmes et de nuances jusqu’au-boutistes, mais qui finissent, tardivement, par s’adoucir dans une finale presque câline.
Adrianne elle-même propose une composition, Zastrugi, un clin d’oeil inspiré par la neige d’un hiver montréalais (zastrugi est un terme faisant référence aux formes que laisse le vent dans la neige). Ici encore, des extrêmes en forme de textures ou de rythmes fortement contrastés se côtoient. Au moment d’écrire cette pièce, Adrianne était également plongée dans l’univers des sonates pour violon solo d’Eugène Ysaÿe. On sent effectivement une sorte de dualité assumée entre abrasion contemporaine et romantisme lyrique. Fabuleux. Lung de Cassie Wieland, comme une douce respiration, nous permet un retour bienfaisant dans l’univers feldmanien alors que dimvoid pour violon et électronique, de David Bird, conclut ce remarquable voyage créatif avec une plongée psychédélique dans un kaléidoscope de couleurs aussi fascinantes que déroutantes.
À ne rater sous aucun prétexte si vous voulez savoir ce que la nouvelle génération de musique savante fait de mieux en ce moment.
Wow