renseignements supplémentaires
La Virée classique 2022 se déploie du mercredi 10 au dimanche 14 août! L’OSM offre au public mélomane, amateur ou connaisseur, un véritable menu dégustation, pour reprendre l’expression de Marianne Perron, directrice de la programmation musicale et proche collaboratrice du maestro Rafael Payare.
Plus d’une cinquantaine d’activités gratuites, 24 programmes en salle.
La première Virée classique sous la gouverne de Rafael Payare ratisse du Grand Nord à la Terre de Feu, de l’Atlantique au Pacifique. Voilà « l’occasion de baigner dans les langues, les musiques et les cultures qui habitent le vaste territoire des Amériques depuis des siècles ». Des chants sacrés autochtones au tango argentin en passant par la culture yiddish, le spectre de l’OSM déborde visiblement le grand répertoire classique aussi ancré dans les Amériques, la Virée 2022 en marquera l’étendue.
Cette thématique des Amériques s’incarne aussi dans la cohorte de ses solistes invités : la soprano trinidadienne Jeanine De Bique, le trompettiste vénézuélien Pacho Flores, le violoniste canadien James Ehnes, le saxophoniste américain Steven Banks, ou encore le pianiste argentino-vénézuélien Sergio Tiempo, le prodige montréalais Bruce Liu.
Ainsi, la Virée classique 2022 décolle au Stade olympique sous la direction de Rafael Payare, le marathon se poursuivra jusqu’à dimanche. Découvrons-en l’esprit avec Marianne Perron, directrice de la programmation musicale à l’OSM.
PAN M 360 : Commençons par la thématique de cette première Virée classique de l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction artistique de Rafael Payare. Que voulait-il souligner d’entrée de jeu?
MARIANNE PERRON : On connaît désormais Rafael pour ses interprétations d’œuvres germaniques, russes, françaises, les œuvres du grand répertoire. On connaît aussi son intérêt pour la création, son désir de participer au développement du répertoire canadien et son ouverture aux compositeurs actuels du monde. Or, quand nous avons commencé à parler de sa première Virée, nous avons eu envie de lui donner une couleur particulière. Rafael s’est dit alors : « Nous sommes en Amérique, nous sommes au Canada, moi je suis Vénézuélien… Il y a un répertoire tellement riche dans les Amériques, du sud au nord! Alors pourquoi n’aurions-nous pas envie de plonger là-dedans? »
Ça représente bien notre communauté, l’OSM, son chef et la communauté montréalaise. Cette sensibilité des Amériques se retrouve partout dans la programmation en salle mais aussi dans toutes les activités gratuites de la Virée où nous faisons appel à des orchestres et ensembles issus de différentes communautés.
PAN M 360 : De quelle manière tout cela s’est mis en place?
MARIANNE PERRON : Nous avons eu énormément de plaisir à plonger dans les œuvres de cette programmation gratuite et en salle. Nous avons choisi d’y présenter des compositeurs issus des Amériques, des compositeurs européens inspirés par les Amériques ou ayant immigré en Amérique tels Erich Wolfgang Korngold et Miklós Rózsa . La Virée porte ainsi cette histoire du développement des Amériques à travers les peuples qui y sont depuis toujours, par les différentes périodes d’immigration, par les métissages entre les cultures d’Europe et des Amériques, entre les cultures au sein même des Amériques.
PAN M 360 : Cette thématique de la Virée s’exprime au-delà des œuvres, les solistes invités y sont aussi profondément liés.
MARIANNE PERRON : Effectivement, nous avons conçu cette programmation en choisissant les œuvres et aussi les interprètes. Nous avons choisi des Canadiens, notamment le pianiste Bruce Liu, le violoniste James Ehnes ou le violoncelliste Brian Cheng. Nous avons également cette formidable chanteuse trinidadienne Janine De Bique, qui fait ses débuts à Montréal avec nous. Nous avons aussi Sergio Tiempo, pianiste vénézuélien et argentin, sans compter
Steven Banks, le formidable saxophoniste afro-américain.Le trompettiste vénézuélien Pacho Flores, ami et collègue de longue date de Rafael Payare, également issu de El Sistema, et qui a créé le concerto au programme avec l’orchestre de San Diego dirigé par Rafael.
PAN M 360 : Le concert d’ouverture au pied du stade Olympique se veut un concentré de cette Virée classique « aux couleurs des Amériques ». Parlez-nous-en!
MARIANNE PERRON : Le concert au stade est effectivement à l’image du festival. Ce programme place les choses en quelque sorte. On commence avec un mouvement de la Symphonie du nouveau monde de Dvořák, inspirée en partie par des chants autochtones et afro-américains lorsqu’il a résidé aux États-Unis – fin du 19e siècle. Nous nous sommes posés la question, d’ailleurs : c’était alors le Nouveau Monde pour qui? Des humains étaient ici depuis plusieurs milliers d’années, alors… ça se reflète dans une poésie autochtone sélectionnée avec soin, celle par exemple de la poétesse Natasha Kanapé Fontaine. Ça s’enchaîne aussi avec Jeremy Dutcher, qui interprétera une chanson traditionnelle des Premières Nations. Nous avons aussi choisi de présenter des métissages créés en Amérique, on a par exemple les danses symphonique de West Side Story de Leonard Bernstein, connu pour son intégration de différentes cultures musicales des Amérique dans son œuvre, on remarquera aussi la présence du jazz dans l’œuvre d’André Prévin.
PAN M 360: En somme, chaque élément de cette programmation nous parle des Amériques, en raconte l’histoire par la musique. Tout un parcours en perspective!
MARIANNE PERRON: La formule de programmes courts permet aux mélomanes de diversifier leur expérience, soit dans des petites salles qui permettent la proximité avec les artistes puis avec un grand orchestre à la Maison symphonique. On est dans un menu dégustation! Les plats sont plus petits mais on en a à profusion.