Ponteix ou la quête d’un bonheur bilingue

Entrevue réalisée par Stephan Boissonneault
Genres et styles : indie pop

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Quand il n’est pas occupé à travailler comme réalisateur et ingénieur du son pour divers artistes de l’Ouest canadien, Mario Lepage travaille en studio sur son propre projet indie-meets-psychedelic-funk, PONTEIX. Installé à Saint-Denis, petite ville rurale de la Saskatchewan, Lepage a choisi l’approche one-man-show pour son tout dernier EP Amélia; cela  signifie qu’il a écrit et joué tous les instruments, une première pour lui. 

Lepage est un artiste francophone qui peut parfois greffer l’anglais à son expression. Il a toujours cherché à obtenir un son bilingue sans faille, un son qui groove. La langue et l’identité qui la sous-tend ont toujours été très importantes pour lui,  il a d’ailleurs coécrit les paroles de cet EP avec Anique Granger, une artiste francophone et audio-documentariste fransaskoise bien connue dans les Prairies, et qui vit désormais à Montréal.

Lepage a eu le temps de discuter avec PAN M 360  d’Amélia avant sa performance au Coup de cœur francophone, et a parlé de certains thèmes poétiques de cet EP  et… pourquoi il n’est pas un fan des anniversaires. 

PAN M 360 : Salut, Mario. Nous avons discuté il y a quelques années à BreakOut West. A l’époque, tu avais sorti un EP intitulé J’orage, et maintenant tu as un album complet, Bastion, et ce nouvel EP. Alors dis-moi, qu’est-ce qui a inspiré  Amélia ?

Mario Lepage : Chaque sortie a comporté ses défis. Je suppose qu’on pourrait les qualifier de défis auto-imposés. Pour cet EP, j’ai essayé de tout faire moi-même, de la prise de son au jeu de chaque instrument, en passant par l’entière réalisation. À  l’exception de la chanson Les années, rendue publique aujourd’hui, j’ai demandé à mon ami Blaise Borboën-Léonard de faire un incroyable arrangement de cordes sur ce morceau, qui lui a donné tout son sens. Ayant produit de nombreux artistes francophones de la Saskatchewan et de l’Ouest canadien, j’avais l’habitude de jouer beaucoup d’instruments sur les disques, et c’est un peu comme ça que j’ai fait les choses cette fois. Je dois avouer qu’il m’est vraiment difficile d’avoir un producteur extérieur quand je fais les choses pour moi-même, quand ce sont mes propres chansons.

PAN M 360 :  Tu as donc décidé de collaborer avec des producteurs à l’avenir ?

Mario Lepage : Pour l’instant, oui, collaborer et m’entourer de producteurs pour réaliser le projet. Donc avec cette sortie, j’ai vraiment développé cette vision à vol d’oiseau de l’ensemble du travail et essayé de le faire comme un tout. J’ai coécrit les paroles avec Anique Granger, qui est une étonnante auteure-compositrice-interprète de la Saskatchewan qui vit à Montréal. Alors oui, j’ai appris beaucoup des gens qui m’ont aidé au fil des ans et j’ai essayé de faire quelque chose d’un peu différent cette fois-ci.

PAN M 360 : Amélia est-il un enregistrement pandémique ?  

Mario Lepage : Non, j’ai commencé à travailler dessus il y a deux ans en enregistrant quelques idées, quelques maquettes. J’ai peut-être enregistré une guitare et un rythme de batterie ou quelque chose comme ça, et je l’ai laissé reposer pendant deux mois ou quelque chose comme ça. C’était  sporadique. La pandémie m’est apparue comme une sorte de flou et j’ai travaillé dessus à ce moment-là. Donc je suppose qu’on peut appeler ça un album de la pandémie, mais pas sur le plan thématique. 

PAN M 360 : Quels sont alors les thèmes des paroles d’Amélia ?

Mario Lepage : Il y en a beaucoup sur l’amour, thèmes que je n’ai pas vraiment approfondis. Par exemple, Les années parle de mon amour éternel pour la femme que j’ai épousée cet été. J’ai écrit cette chanson au moment où j’ai décidé de l’épouser, ou la demander en mariage, je ne savais pas alors si elle accepterait de m’épouser. La chanson Amélia est une réflexion sur les relations, comme les amitiés et la famille. Je me souviens que des personnes m’ont manqué pendant la pandémie et que je me rappelle à quel point nous pouvons être sincères les uns avec les autres sur le moment, mais que nous ne savons jamais vraiment si nous nous reverrons. C’est une chanson qui raconte l’histoire de quelqu’un à qui je n’ai jamais eu la chance de dire à quel point je l’appréciais. Et à ce moment-là, il était trop tard.

PAN M 360 : Prendre les gens pour acquis est un thème très proche de ce que les gens ont ressenti pendant les périodes d’isolement de la pandémie. 

Mario Lepage : Absolument. Je fais toujours une blague sur le fait que je ne suis pas un grand fan des anniversaires parce que c’est  célébrer cette personne pendant un seul jour. Pourquoi un jour en particulier quand ça peut être tous les jours ? Soyons juste super gentils tout le temps !

PAN M 360 : Tes chansons ont toujours été bilingues. La plupart sont chantées en français, certaines sont anglais, mais Les années utilise les deux langues. Est-ce que c’est sorti comme ça ou était-ce voulu ?

Mario Lepage : Quand j’écris une chanson ou que je travaille sur une musique, j’ai tendance à choisir  des phonèmes qui vont bien ensemble. Pour cette chanson, le schéma de rimes en français et en anglais a cliqué, ça a fonctionné. Le mélange phonétique des deux langues s’est fait de manière transparente et naturelle. Et venant de la Saskatchewan, le français est ma première langue, et notre français porte aussi beaucoup d’anglais. Nous y mélangeons beaucoup les deux langues. Je pense que les francophones de la Saskatchewan ont tendance à mélanger les deux langues, et je trouve que c’est très beau. Donc, j’ai l’impression que c’est une sorte d’hommage à la façon dont nous parlons entre nous. 

PAN M 360 : Et c’est de là que vient votre nom d’artiste PONTEIX ?

Mario Lepage : Oui, je suis à St-Denis et Ponteix est une ville francophone plus proche de la frontière américaine. Son histoire est similaire à celle de St-Denis. Je dirais que toutes les communautés francophones, les petites communautés rurales de la Saskatchewan, ont en quelque sorte la même histoire et vivent une situation similaire. Et c’était, phonétiquement, la ville française qui sonnait le mieux à mon avis.

J’ai choisi le nom parce que je voulais quelque chose qui représente la conservation de l’identité, même si on est entouré de quelque chose de différent, qui va à l’encontre de qui vous êtes, de ce en quoi vous croyez, de votre culture. 

À L’Esco (4461 Saint-Denis) le mercredi 10 novembre, 21 h, 19 $.

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