L.Teez : quand jazz, soul et hip-hop s’invitent au Studio Blue

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : hip-hop / jazz / soul

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L’artiste montréalais L.Teez vient de lancer l’album Studio Blue, au confluent du hip-hop, du jazz et de la soul. Avec prestation en prime, une soirée de lancement est prévue au Petit Campus ce jeudi 3 novembre. 

Né en France d’une mère montréalaise afro-chinoise d’origine jamaïcaine et d’un père parisien de souche kabyle algérienne, Lee Terki a emménagé tout petit avec sa famille au Québec. Depuis qu’il est tout petit, il baigne dans la musique. Il a étudié pendant six ans à l’école FACE et son père est un professionnel de l’industrie musicale. « J’ai passé beaucoup de temps de mon enfance à écouter de la musique et à être dans des concerts, dans des festivals », fait-il observer. 

Dans son dernier projet, le MC mélange avec aise hip-hop et jazz, deux sillons de la musique très prisés au sein de sa famille. Ici, on ne parle pas seulement de quelques samples tirés de chansons jazz. Dans Studio Blue, on a affaire à une trame de jazz mâtinée de soul, enregistrée en studio avec des musiciens de très bon niveau. On ne s’étonnera pas qu’il ait voulu rendre hommage à Kind of Blue de Miles Davis, un album important dans sa vie. 

Dans sa création, L.Teez est aussi grandement influencé par le cinéma, un art chéri par sa maman cinéphile qui lui a transmis cette passion. « Dans Studio Blue, je fais référence à Annie Hall, Spike Lee et le film Septième Ciel », indique le rappeur.

La ville de Montréal est une autre source d’inspiration: « J’ai toujours habité le Mile-End depuis que mes parents sont à Montréal. La culture de la ville est très présente dans ma musique », poursuit-il. Dans ce Studio Blue, L. Teez slalome entre le rap et le chant, son flow est fluide et efficace. Certaines de ses intonations, d’ailleurs, peuvent rappeler celles du rappeur américain Westside Gunn. Le résultat est franchement impressionnant.

Sous licence chez Hydrophonik Records, L.Teez a collaboré avec de nombreux artistes d’ici pour la création de son album, dont Clerel, Mel Pacifico, Lea Keeley, Burton White et Elmnt. Voilà pourquoi Pan M 360 a discuté avec l’artiste de Studio Blue, de ses influences ainsi que de son processus créatif. 

PAN M 360 : Quelle étape aimez-vous le plus dans votre processus créatif ? 

L.TEEZ : C’est certain que j’aime l’écriture. Cependant, je n’écris pas chaque jour. Il y a des artistes qui le font, mais je n’y arrive pas. Ce que j’aime le plus c’est d’être au studio et de créer les arrangements musicaux. J’aime être en studio avec des producteurs et des musiciens. La créativité est à son comble et j’adore ça. Je m’y sens extrêmement bien.

PAN M 360 : Comment est né Studio Blue?

L.TEEZ : Quand j’étais au CÉGEP, j’ai découvert le projet Kind of Blue de Miles Davis. J’ai trouvé cet album incroyable. La musique de Miles me fait ressentir énormément d’émotions. L’écoute de Kind of Blue m’a ouvert sur le jazz et sur d’autres styles musicaux. Avec mon projet, j’ai voulu rendre hommage à cet album. Aussi, j’ai enregistré Studio Blue dans un studio qui se nomme réellement Studio Blue. C’était un studio avec des outils analogiques. Mon expérience dans cet endroit est mémorable. Je n’avais pas d’autre choix que d’intituler mon projet Studio Blue. 

PAN M 360 : Pouvez-vous m’en dire davantage sur ce que signifie la pochette de Studio Blue?

L.TEEZ : Pour ce projet, je voulais qu’un artiste crée dans le style de Jean-Michel Basquiat, un artiste que j’affectionne beaucoup. La majorité des éléments présents sur la pochette sont des références à ma vie personnelle. Tout d’abord, il y a un clin d’œil à l’entrepreneur afro-montréalais Rufus Rockhead, qui fut le propriétaire du Rockhead’s Paradise, soit un club de jazz ouvert à Montréal il y plusieurs années. Tous les grands du jazz y sont venus par le passé et peu de gens le savent. C’est un petit hommage à cet endroit mythique. Ensuite, il y a aussi un pot à vapeur qui fait référence aux nombreux dimsums que j’ai mangés avec mon père. La nourriture occupe une grande place dans ma vie, je travaille dans le milieu de la restauration depuis plusieurs années. D’ailleurs, on retrouve sur la pochette un pingouin avec une bouteille de vin qui fait référence à ça. Un autre élément est le canon qui représente Arsenal, mon équipe de soccer préférée. Bref, il y a tout plein d’éléments symboliques et je suis très content du résultat final. 

PAN M 360 : 5680 Rue Bach, un morceau qui rend notamment hommage à votre grand-père, est exposé deux parties. Pourquoi avez-vous fait ce choix? 

L.TEEZ : Je voulais avoir une pause musicale au milieu de mon album. Je voulais des cordes pour un intermède. Aussi, je voulais faire une chanson hommage à mon grand-père. Ainsi, j’ai combiné les deux pour faire 5680 Rue Bach. Au début, les deux parties ne faisaient qu’un. La séparation a été faite pour faciliter l’écoute de mes auditeurs. Je me suis dit qu’en séparant la partie instrumentale de la partie rap, ils allaient pouvoir mieux écouter la partie qu’ils souhaitent entendre. 

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PAN M 360 : Selon vous, pourquoi le rap et le jazz se combinent-ils aussi efficacement ?

L.TEEZ : Le rap et le jazz ont une histoire d’amour qui dure depuis bien longtemps. Je crois que ces deux styles se mélangent aussi facilement en raison de leurs racines communes. Ce sont deux genres très émotifs. Les gens se reconnaissent dans le rap et le jazz. Selon moi, c’est pour ces raisons que la combinaison des deux est aussi parfaite. 

PAN M 360 : Il y a aussi de la soul à profusion dans Studio Blue. Alors comment la chanson Never Thought est-elle venue au monde avec Clerel?

L.TEEZ : Depuis plusieurs années, je suis un grand fan de Clerel. C’est probablement mon chanteur préféré de la ville en ce moment. On s’est rencontrés pour la première fois dans une jam session à Montréal. Le producteur de Jessie Reyez, et moi avons construit l’instrumentale, je voulais y mettre la totale, puis j’ai demandé à Clerel si ce morceau l’intéressait. Il a accepté et il est venu en studio. Il a écrit le refrain très rapidement et on a bouclé le morceau. Je suis très fier du résultat. 

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