Festival de Lanaudière : Stick&Bow explore les possibilités sonores du violoncelle et du marimba

Entrevue réalisée par Elena Mandolini
Genres et styles : classique / musique contemporaine

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L’ensemble Stick&Bow est unique en son genre. Composé de Krystina Marcoux au marimba et Juan Sebastian Delgado au violoncelle, Stick&Bow offre un répertoire varié aux sonorités inattendues, qui saura attirer l’attention des mélomanes de tous les horizons. L’ensemble a enregistré plusieurs disques qui démontrent leur maîtrise de plusieurs styles et du répertoire de différentes époques. Stick&Bow est également connu pour ses arrangements et nombreuses commandes d’œuvres.

Le duo se produira bientôt dans le cadre du Festival de Lanaudière. En vue de ce concert dans un cadre atypique (sur une ferme de bisons!) PAN M 360 a parlé à Krystina Marcoux et Juan Sebastian Delgado pour en apprendre plus sur leur ensemble, leur travail, et leur mission musicale.

PAN M 360 : Bonjour! Pour commencer, vous êtes un duo assez atypique. Comment êtes-vous venus à fonder cet ensemble?

Juan Sebastian Delgado : C’est vrai, nous sommes un duo assez atypique! Mais il y a quand même plusieurs similitudes entre le marimba et le violoncelle. Ce sont deux instruments en bois, et qui ont le même registre de 5 octaves. Notre ensemble a vu le jour il y a presque 5 ans (la prochaine saison marquera le cinquième anniversaire de l’ensemble Stick&Bow). Tout a commencé lorsque nous avons trouvé une pièce d’un compositeur argentin, une des seules originalement écrites pour violoncelle et marimba. C’était une pièce contemporaine, on aime beaucoup la musique contemporaine. On l’a jouée, on a aimé ça, et on a décidé de continuer d’explorer le répertoire!

PAN M 360 : Vous dites beaucoup aimer la musique contemporaine. Justement, vous faites beaucoup de commandes d’œuvres, en plus de faire des arrangements. Comment se répartissent les commandes et les arrangements dans votre répertoire?

Krystina Marcoux : En fait, puisque la prochaine saison est notre saison anniversaire, on fait un gros travail de commande. On s’est dit qu’on voulait profiter de l’occasion pour travailler sur de nouvelles pièces et faire un concert entièrement dédié à de nouvelles œuvres. Par contre, normalement, quand on est en tournée, on fait des concerts dont les deux tiers, voire le trois quarts sont des arrangements. Le reste des œuvres sont des commandes. C’est notre équilibre, parce qu’on aime déjà la variété de ce qu’on présente au public. On passe des œuvres classiques aux œuvres d’aujourd’hui en intercalant des pièces de compositeurs actuels.

PAN M 360 : Et que voulez-vous offrir au public en organisant le programme de vos concerts ainsi?

Krystina Marcoux : Ça nous permet de montrer aux gens ce qui est possible avec le marimba, puisqu’il y a peu de répertoire. C’est toujours une surprise pour les gens de voir ce que le marimba peut faire. L’instrument en tant que tel aussi demeure une surprise. C’est une belle façon de mettre les commandes en valeur, en donnant des pistes d’écoute au public.

Juan Sebastian Delgado : Dans la tradition, disons classique, on joue d’habitude de longues pièces, par exemple des sonates avec trois ou quatre mouvements. Des fois, les pièces longues sont géniales parce qu’elles sont comme des voyages. Mais parfois, on va commander des œuvres plus courtes, de quelques minutes seulement. Comme ça, on donne la chance au public de rentrer dans un monde différent. On essaie de s’éloigner d’un monde plutôt académique.

PAN M 360 : Vous avez parlé d’arrangements, que vous faites vous-même. Parlez-nous de votre processus de travail.

Krystina Marcoux : C’est beaucoup de travail! En fait, c’est la chance qu’on a, d’être un violoncelle et un marimba, parce que ça nous donne l’occasion de faire ce qu’on veut. Il n’y a pas de tradition derrière nous, le territoire est neutre. Donc on prend les œuvres qu’on aime, un peu de toutes les esthétiques, que ce soit du David Bowie ou du Beethoven. Et on essaie! Bien sûr, on avait déjà commencé à explorer même avant d’être un duo stable, donc puisque ça fait longtemps qu’on explore, on peut maintenant rapidement déterminer ce qui va fonctionner et ce qui ne sera pas possible. Aussi, on choisit des pièces qu’on adore! Quand on monte sur scène, c’est avec des pièces qu’on aime beaucoup. Lorsqu’on arrange les pièces, on le fait ensemble, dans un studio. Puis il y a aussi des échanges, ou on va travailler séparément et s’envoyer des petits bouts de pièces.

Juan Sebastian Delgado : On aime aussi la recherche. On choisit des pièces qu’on aime, bien sûr, c’est important, mais il y a toujours une conception thématique. Par exemple, dans notre premier album (Résonance, 2019), sur lequel on retrouve surtout des arrangements, ce sont des résonances, des résonances historiques. On mélange une musique de Bach et une pièce de Nina Simone, parce que le jazz a beaucoup été influencé par la musique de Bach. On essaie aussi de trouver des points de relation, des liens intéressants. On part de la musique qu’on aime, et on essaie ensuite d’aller plus loin dans la conception des programmes.

PAN M 360 : Justement, le programme que vous présenterez à votre concert dans le cadre du Festival de Lanaudière est tiré de votre premier album, n’est-ce pas?

Juan Sebastian Delgado : Principalement. Je dirais la moitié des œuvres. Il y a des pièces qui ont beaucoup changé au fil des années, mais on a gardé les mêmes titres, le même cœur. On aime l’idée de ce type de résonances. La résonance entre le marimba et le violoncelle, la résonance entre les traditions, la résonance historique entre les pièces…

Krystina Marcoux : Ça fait quand même cinq ans qu’on joue ce programme, donc il a beaucoup évolué depuis. Présentement, il y a deux grandes résonances dans le programme. Dans la première partie, on part justement de Nina Simone, l’amour de Bach, puis Piazzolla, Gershwin. La première moitié est autour de la résonance du jazz, si on veut. La deuxième partie, ce sont les influences folkloriques. On commence par une pièce qu’un compositeur canadien, Jason Noble, a écrite pour nous. Cette pièce est toujours un succès! Puis on fait toute une boucle, avec Bowie, Beethoven…

PAN M 360 : Et quelle est votre approche de ces pièces? Comment approchez-vous ce voyage musical?

Juan Sebastian Delgado : L’approche historique, la recherche, a aussi un impact ici. Par exemple, on joue du Piazzolla, parce qu’il a eu un impact très fort. Tout le monde joue Piazzolla, mais nous, si on joue Piazzolla, il faut aussi jouer Nina Simone, parce qu’il y a un lien. On essaie de ne pas tout jouer de la même façon. Ça prend une approche différente, au niveau technique, bien sûr, mais aussi au niveau des connaissances, des styles… Il faut vraiment être curieux.

PAN M 360 : Si nous nous tournons maintenant vers le concert que vous donnerez à Lanaudière… C’est sur une ferme! Avez-vous déjà donné des concerts dans ce genre de contexte un peu moins traditionnel?

Krystina Marcoux : Oui, beaucoup! C’est quelque chose qu’on aime beaucoup faire. C’est génial, travailler dans des endroits moins conventionnels, plus intimes… Un de nos premiers concerts était en France, dans une grange, mais une grange quand même adaptée. Elle était tellement belle, on aurait dit une salle de concert! Aussi, on a déjà eu une série de concerts dans des endroits vraiment atypiques de Montréal, par exemple une shop de vélos, un barbershop, dans un appartement… C’est quelque chose qui nous plaît beaucoup. Ça promet d’être très intéressant.

PAN M 360 : Et pourquoi est-ce important pour vous de sortir parfois du cadre plus traditionnel?

Juan Sebastian Delgado : C’est important pour plein de raisons, on pourrait en parler pendant des heures! Pour moi, ça revient un peu à poser la question « pourquoi c’est important de jouer de la musique contemporaine? ». Nous sommes nés dans ce siècle, et même si nous sommes des musiciens classiques à la base, il faut savoir s’adapter, changer, essayer de nouvelles idées. Il faut être plus flexible. Il faut amener la musique à des endroits différents, comme ça, tout le monde peut y avoir accès. La musique, ça ne devrait pas être uniquement pour l’élite qui paye beaucoup d’argent. Pour nous, ça fait partie de notre vie, tout simplement.

PAN M 360 : Pour terminer, que souhaitez-vous faire vivre au public lors de votre prochain concert?

Krystina Marcoux : Je dirais que le public se laisse surprendre. Pour le violoncelle, les gens sont toujours heureux d’en entendre. Pour le marimba, ça peut être parfois plus surprenant, bizarre… Il faut se laisser surprendre par la combinaison instrumentale. Le public qui connaît un peu plus le répertoire classique pourra, lui, se laisser surprendre par les arrangements, qui vont être interprétés un peu différemment. Par exemple. Puisque le marimba ne résonne pas comme un piano, on n’a pas le choix de l’arranger différemment. Aussi, se laisser prendre dans le voyage musical qu’on propose, qui est quand même très large. En une heure, il y aura plusieurs esthétiques. Aussi, on jase beaucoup durant le concert, on raconte des anecdotes sur les pièces. C’est vraiment un moment de partage que l’on veut proposer, dans un contexte intime.

L’ensemble Stick&Bow présentera le concert Résonance dans le cadre du Festival de Lanaudière. Le concert aura lieu le dimanche 30 juillet à la ferme Terre des bisons, à 11h30. Info et billets ICI!  

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