Concours musical international de Montréal 2023 – L’avant-dernière ligne droite des finalistes (1ère partie)

Entrevue réalisée par Alexandre Villemaire

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Le Concours musical international de Montréal, qui consacre son édition 2023 au violon bat son plein et connaîtra son ultime dénouement jeudi soir à la Maison  symphonique. Six finalistes, 4 hommes et 2 femmes, dans la jeune vingtaine et provenant d’Ukraine, des États-Unis, d’Israël, de Corée du Sud et du Kazakhstan. En marge de cette finale qui s’étale aujourd’hui et vendredi, nous avons pu nous entretenir avec les finalistes au sortir de leur répétition générale avec l’OSM et Rafael Payare à quelques heures de leur épreuve.

Pour commencer, voici Dmytro Udovychenko (Ukraine) qui jouera le Concerto no 1 de Chostakovitch, Nathan Meltzer (États-Unis), qui interprétera le Concerto no 1 « À la mémoire d’un ange » de Berg et Michael Shaham (Israël) qui conclura la soirée avec le Concerto no 2 en ré mineur de Sibelius.

PAN M 360 : Quel est votre état d’esprit actuellement à quelques heures de votre épreuve finale ?

Dmytro Udovychenko : Je suis très heureux et je ferai de mon mieux aujourd’hui avec ce merveilleux orchestre.

Nathan Meltzer : En ce moment, je suis en quelque sorte en train de surfer sur la vague de l’expérience de cette pièce avec un orchestre pour la première fois et de me réjouir à quel point les sensations et la sonorité sont formidables. Tout s’est déroulé sans problème. Je suis vraiment heureux de n’avoir eu aucun trou de mémoire [rire]! Il faut en quelque sorte mémoriser toute la partie de l’orchestre parce qu’elle est tellement interconnectée. Je suis donc soulagé que cela ne m’ait pas explosé à la figure. J’essaie de rester dans le moment présent et j’ai hâte de rejouer ce morceau ce soir.

Michael Shaham : Je me suis déjà retrouvé dans cette situation, en finale, à devoir jouer le concerto de Sibelius. Je pense que si je devais faire une chose différemment de cette fois-là, ce serait d’avoir l’état d’esprit que j’ai déjà gagné. Car, quel que soit le prix, je ne vais pas penser au classement que j’obtiendrai ou aux autres concurrents, qui sont tous fantastiques, ce qui est aussi une raison de ne pas y penser. Je vais simplement jouer et m’amuser avec l’orchestre en jouant de ma musique préférée, ce qui est très important. J’essaierai de dire quelque chose au public et aux membres du jury pour que ce soit mémorable.

PAN M 360 : Parmi tous les concertos disponibles dans le répertoire, pourquoi avez-vous choisi celui-ci et pourquoi ? Quels sont les défis de cette pièce ?

Dmytro Udovychenko : Le concerto no 1 de Chostakovitch est mon concerto préféré et l’un des concertos les plus appréciés en général, c’est donc toujours un grand honneur et un défi en même temps pour moi de pouvoir le jouer.

Nathan Meltzer : Il s’agit d’une œuvre assez rarement jouée. Je pense que le Concerto no 1 « À la mémoire d’un ange » de Berg est une pièce étonnante, mais je ne l’avais jamais vue sur une liste de répertoire pour un concours. J’ai donc pensé que c’était une occasion très rare de me plonger dans une œuvre qui ne fait pas partie de la rotation normale des concertos pour orchestres. La difficulté réside en partie dans son obscurité. Ce sont les défis techniques et les idées musicales qui sont très éloignés de la technique classique du violon, telle qu’on l’apprend dans les cours. Il faut donc beaucoup d’imagination et une bonne compréhension de la portée de l’œuvre. Mais c’est une œuvre très intelligente, brillante. Toute l’idée du sérialisme de la Seconde École de Vienne aboutit à ce son vraiment intéressant. D’une manière étrange, c’est une pièce très sérieuse par rapport à des compositeurs comme Chostakovitch et Bartók, où l’on trouve une sorte de brutalité et de sarcasme. J’ai été très surpris d’apprendre qu’il n’y avait pas grand-chose de tout cela dans cette pièce. C’est une pièce très sérieuse et pleine d’expressions, même si son univers sonore est vraiment alarmant.

Michael Shaham : J’ai choisi le Concerto no 2 en ré mineur de Sibelius parce qu’il a marqué mon enfance : lorsque j’ai entendu mon père, qui est violoniste, l’interpréter pour la première fois avec un orchestre. Cela signifie beaucoup pour moi et c’est l’un de mes concertos préférés depuis que je suis enfant. À mon avis, la difficulté de ce concerto réside dans le fait qu’il n’est pas très axé sur le soliste. Je pense qu’il s’agit davantage d’une symphonie que d’un concerto, d’une certaine manière. Je fais vraiment partie de l’orchestre, et nous créons ensemble quelque chose d’énorme, comme une grande montagne. Et ce n’est pas très axé sur l’ego, ce que j’aime beaucoup.

PAN M 360 : Qu’est-ce cela signifie pour vous d’être au CMIM et en quoi ce concours diffère-t-il des autres auxquels vous avez participé ?

Dmytro Udovychenko : Chaque concours est une histoire différente pour moi et, bien sûr, à la fin de celui-ci, j’ai déjà des impressions très fortes ! C’est un voyage extraordinaire et je suis très reconnaissant envers l’équipe du concours et à tous ceux qui participent à cette grande célébration de la musique !

Nathan Meltzer : C’est un grand honneur d’être en finale et je suis très heureux de pouvoir jouer ce morceau. Je suis vraiment enchanté de pouvoir mettre tout ce travail dans l’apprentissage et l’enveloppement de ce genre de mondes sonores. J’ai vraiment hâte qu’il y ait un sentiment de finalité, de jouer et d’expérimenter cette pièce.

Chaque concours est un peu différent et a ses propres spécificités. Ce qui m’a le plus intéressée pour le CMIM, c’est le fait qu’ils recommandent fortement aux concurrents d’amener leur propre pianiste et que la liste des morceaux à jouer est très ouverte, ce qui m’a permis d’interpréter des pièces vraiment intéressantes. Comme j’ai amené mon propre pianiste, j’ai pu considérer le concours comme une occasion de mettre sur pied deux programmes de récital intéressants. Je me suis sentie très épanouie musicalement dans ce concours et je suis vraiment contente d’avoir pu apprendre, travailler et interpréter toutes ces pièces. Et aussi la salle de concert!  C’est incroyable !

Michael Shaham : Honnêtement, je n’ai pas beaucoup d’expérience en matière de compétition. Mais j’ai l’impression qu’il s’agit probablement de la compétition la plus professionnelle qui soit. Je suis très impressionné par l’organisation. L’atmosphère est excellente. C’est exactement ce que j’attendais et souhaitais. J’ai suivi, peut-être avec retard, mais j’ai suivi les dernières éditions de ce concours, et c’est vraiment formidable d’être ici en finale et de rejoindre tous mes collègues et les violonistes que j’admire.

Les portraits des trois autres finalistes seront présentés ce jeudi.

Vous pouvez visionner la finale en direct ici.

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