Ane Brun et Elisapie : entre femmes du Nord

Entrevue réalisée par Alain Brunet

PAN M 360 vous convie à une conversation entre femmes du Nord : Ane Brun, jointe à Oslo et qui vient de lancer deux albums de chansons, et Elisapie, artiste inuite installée à Montréal.

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Crédits photos : Stian Andersen et Vanessa Heins

Y a-t-il une sensibilité commune entre femmes artistes aux origines septentrionales ? Avec le concours de notre collègue et ami Jeremy Spellazon, PAN M 360 a cru pertinent de réunir deux autrices, compositrices et interprètes aux origines arctiques, aimés et reconnues au sud du cercle polaire comme on le sait. L’arrière-grand-mère d’Ane Brunvoll, mieux connue sous le diminutif d’Ane Brun (qui se prononce An-ha Broon), était issue du peuple Sami vivant dans les régions arctiques de Scandinavie. Elisapie, elle, est inuite à part entière et curieuse d’échanger avec son interlocutrice norvégienne ayant vécu deux décennies en Suède et envisageant quitter Stockholm pour s’établir à Oslo où vit son conjoint.

Ane Brun et Elisapie ont courtoisement accepté notre proposition que voici, l’autre prétexte étant la sortie imminente de deux albums de chansons inédites, signées Ane Brun, provenant d’un même cycle de création : After the Great Storm et How Beauty Holds the Hand of Sorrow, sous étiquette Balloon Ranger.

PAN M 360 : Merci beaucoup, mesdames, d’avoir accepté notre invitation ! La première question est au cœur du thème de cette rencontre : y a-t-il une sensibilité commune aux artistes du grand Nord ?

ELISAPIE : Oui, je le pense ! Ayant été à Kautokaino dans le nord de la Norvège, j’ai vécu un sentiment étrange à cette époque quand j’ai découvert que l’humour du peuple Sami était le même que celui de mon peuple au Nunavik. Oh ! mon Dieu, c’était si proche ! Je n’y suis pas allée pour chanter mais pour le tournage d’un film documentaire. Mon plus grand regret est de ne pas avoir travaillé assez fort pour faire bouger les choses dans les pays nordiques. Mais, la prochaine fois !

ANE BRUN : Quel était le sujet du documentaire ?

ELISAPIE : C’était un film sur les populations du cercle polaire qui m’a donné l’occasion d’aller en Alaska, en Sibérie, au Groenland, en Norvège et dans le nord du Canada. En Norvège, j’ai pu manger des plats à base de rennes, j’ai adoré ça ! C’était une expérience formidable ! Et toi, Ane, viens-tu du nord de la Norvège ?

ANE BRUN : Non, j’ai grandi à Molde, à mi-chemin entre le sud et le nord de la Norvège, mais la famille de ma mère est du nord, à une heure de route de Tromsø. Sa grand-mère était samie, notre lignée est directe.

PAN M 360 : De façon plus précise, qu’est-ce que le peuple Sami a en commun avec les Inuits du Nunavik ?

ELISAPIE : La première chose que j’ai sentie, c’est le rythme très apaisant. C’est un territoire différent du territoire Sami, mais la présence des gens est assez similaire. Je veux dire que les gens y vivent dans le moment présent. Et aussi quand vous vivez quelque chose avec des Samis et qu’une amitié est possible, celle-ci ne se vit pas à moitié. Comme s’il y avait quelque chose de gravé à tout jamais. Les gens s’ouvrent très vite. Les Inuits vivent la même ouverture dans mon village autochtone. Une fois que vous êtes dans leur monde et leur environnement, tout est ouvert. C’est ce que j’ai ressenti aussi en Norvège, je faisais partie de la famille.

Elisapie. Crédit photo : Jonathan Brisebois

ANE BRUN : C’est bien ! Nous, les Norvégiens, ne connaissons pas la langue samie. Il y a encore une barrière, nous n’avons pas vraiment accès à l’ambiance qui règne là-haut. D’ailleurs, la langue samie est très présente dans le Nord, il y a une présence samie au gouvernement, on entend la langue samie à la télévision, mais elle est toujours sous-titrée.    

ELISAPIE : C’est la même chose ici au Canada. L’inuktitut est l’une des langues les plus difficiles à apprendre. Vous savez, je pensais qu’il y aurait des racines communes à nos deux langues, mais non, la langue samie est totalement différente de l’inuktitut.

ANE BRUN : Personnellement, je n’ai jamais été dans la culture samie, même si mon arrière-grand-mère était samie. Par ailleurs, ma mère a essayé de redécouvrir cette culture, elle a tenté de se rapprocher de certains parents et a commencé à fouiller l’histoire de notre famille, ce qu’elle a fait du vivant de sa grand-mère. Il était assez difficile d’être un Sami durant sa vie, il y avait beaucoup de discrimination. Tu connais la chanteuse Mari Boine ? Même pour sa génération, ç’a été dur. Jusqu’à récemment, les Samis étaient obligés de parler le norvégien, d’aller à l’école norvégienne, il y avait des attentes aussi sur le plan religieux et une forme d’assimilation culturelle. En Suède et en Norvège, la façon dont les autochtones étaient traités est vraiment regrettable. Ç’a changé, mais il n’y a pas très longtemps. J’imagine que certains des ancêtres de ma mère ne voulaient pas vivre en tant que Sami parce que c’était vraiment dur, mais ma mère voulait redécouvrir cette culture et elle a repris contact avec des parents et a ainsi appris à connaître la tribu d’où nous venons. Depuis, les gens de ma génération ont été informés de cette inégalité, mais ça s’est fait tout récemment. Il y a eu un grand film suédois intitulé Sami Blood qui nous a aussi fait beaucoup réfléchir à ce sujet. J’ai moi-même eu l’occasion de chanter avec Mari Boine ainsi qu’avec Sofia Jannok, une autre artiste samie – Sofia a eu l’autorisation de Bon Iver de traduire certaines de ses chansons en langue samie, elle a donc fait un EP de chansons de Bon Iver et j’ai pu chanter en sami avec elle. Avec Mari Boine également. Nous avons écrit une chanson ensemble pour une émission de télévision où des artistes scandinaves étaient jumelés à des artistes samis. Nous avons ensuite eu trois jours pour écrire la chanson, ce qui m’a donné l’occasion de mieux connaître l’étonnante Mari Boine. C’est devenu une belle chanson, dans laquelle elle utilise le chant traditionnel joik.

ELISAPIE : Moi aussi, j’ai rencontré Mari Boine. J’ai fait la première partie de son spectacle en Belgique. Elle a quelque chose de magique, sa présence est presque effrayante !

PAN M 360 : Comment avez-vous pu toutes les deux reconnaître les aspects nordiques de votre métier ?

ELISAPIE : Je pense que c’est inconscient mais… Si j’écris une chanson, il faut que je puisse regarder dehors, je dois avoir une fenêtre pour voir le ciel. D’où je viens, il n’y a pas d’arbres et beaucoup d’horizon. J’ai quitté le Nord quand j’avais 23 ans et il est toujours très présent à mon esprit. La vie est dure dans mon village, le taux de suicide est élevé, les gens essaient de se reprendre en main. Il y a cette dimension nordique partout où je vais et où je suis. Même maintenant, à Montréal, j’apprends à mieux me connaître. Et je pense que mes racines sont beaucoup plus présentes. J’ai trois enfants maintenant, il y a beaucoup de choses que je cherche depuis que je suis mère et, curieusement, je me sens plus inuk que jamais. Je ne vis pas selon les traditions de mon peuple (nourriture, chasse, etc.) au quotidien, mais j’y pense à cette vie quand j’écris mes chansons. J’essaie d’être dans l’instant, de ne pas trop intellectualiser mon travail quand je crée. Je pense que c’est une façon nordique de voir les choses.

Ane Brun. Crédit photo : Stian Andersen

ANE BRUN : Pour moi, l’inspiration du Nord, c’est aussi la nature. Je suis en contact avec la nature. Toi et moi, Elisapie, avons aussi le même âge, j’ai consulté ton profil dans Wikipédia (rires). Nous sommes toutes deux au mitan de notre vie. J’ai vécu en Suède pendant 20 ans et je suis sur le point de retourner en Norvège parce que mon partenaire habite Oslo (où je suis actuellement). Depuis deux ou trois ans, j’ai pu renouer avec mes racines norvégiennes.  La Suède n’est pas très loin, mais elle est différente, tout comme son histoire, alors j’ai eu envie d’y revenir. Je me sens connectée à ces vingt premières années de ma vie, de la même façon que tu te sens connectée à tes racines. C’est pourquoi je parle beaucoup de la nature dans mes textes. J’ai grandi dans un endroit magnifique avec ses fjords, la mer et les montagnes. Et je sais que quand j’écris à propos de grandes émotions, la nature est le premier élément qui se présente, c’est le vent, l’eau, la mer, les vagues, les montagnes, le temps qu’il fait. Je me souviens d’avoir étudié le compositeur norvégien Edvard Grieg quand j’étais adolescente, mes professeurs parlaient de l’importance de la nature dans sa musique et je ne comprenais pas à l’époque. Aujourd’hui, quand je jette un regard sur ma propre musique, je comprends. Le fait d’avoir la nature si proche de moi m’inspire, m’anime.

ELISAPIE : C’est super la façon dont tu parles de la nature ! J’ai aussi beaucoup d’anori (vent, en inuktitut) dans mes chansons. Le vent purifie ! Les éléments naturels peuvent être très rudes dans le Nord mais aussi très beaux et symboliques. C’est la même chose pour moi. Je suis davantage en contact avec cette dimension dans mes chansons.

ANE BRUN : L’obscurité dans le Nord pendant l’hiver est également importante. Nous sommes sur le point d’entrer dans la période la plus sombre de l’année, le soleil se couche à 15 h…

PAN M 360 : Que pensez-vous des artistes du Grand Nord qui habitent dans les grandes villes ?

ELISAPIE : Le Nord ne nous quitte jamais même quand on habite les grandes villes. Le Nord est magnifique, rude, dur, spectaculaire, ces éléments très puissants font de vous une sorte d’étranger quand vous vivez plus au Sud.  Au début, quand j’ai emménagé à Montréal, j’étais tellement excitée de vivre dans une grande ville, de rencontrer des gens nouveaux, d’apprendre de nouvelles langues, de vivre de nouvelles expériences, de manger de nouveaux plats, etc. Mais au bout d’un certain temps, on se pose des questions. Qui suis-je vraiment ? J’avais l’impression de rater tant de choses en ayant quitté ma famille, mes petits cousins, mes amis. Quand la nuit tombe et que Noël approche, je commence à penser à ma famille… tout en demeurant une personne farouchement indépendante. Il y a un côté de moi qui se languit, mais l’autre côté a pris une décision et vit avec ces conséquences. Je suis heureuse là où je suis, mais le Nord est partout dans ma vie personnelle. Même si je suis en relation avec plein de monde, je ne le partage pas toujours. L’écriture de chansons devient intéressante quand elle donne accès à cette petite bulle, plus fragile, plus vulnérable, toute cette culture ancienne devient alors une sorte de rempart. Pour moi, le Nord est une source d’inspiration et de défi.

ANE BRUN : J’avais 19 ans quand j’ai quitté ma petite ville. Je n’ai pas regardé en arrière jusqu’à ce que je commence à me languir il y a quelques années. En Suède aussi, la nature est différente. Je m’éloigne de plus en plus des grandes villes, c’est ce que je fais depuis 25 ans, mais j’y vais encore pour mon travail. Oslo est une grande ville, bien sûr, mais pas aussi grande que Stockholm. Je ne ressens pas la même chose à Oslo. En même temps, les choses avec lesquelles j’ai grandi, je les porte en moi.

Elisapie. Crédit photo : Jonathan Brisebois

ELISAPIE : La première fois que j’ai entendu ta musique, c’était il y a longtemps, un de mes amis me l’avait recommandée, et elle m’a beaucoup frappée. Ta musique me plaît beaucoup, je pense que tu as une voix très singulière. Chaque fois que tu proposes quelque chose de nouveau, c’est très fort. Je suis curieuse de savoir qui sont les artistes que tu as écoutés et qui t’ont inspirée. Nous avons tous beaucoup d’influences, mais il doit y avoir une personne qui t’a aidée à trouver ta voix, cette qualité d’émotion que tu as, à laquelle tu te connectes ?

ANE BRUN : Il y en a de nombreuses ! Il y a d’abord, ma mère. Elle est musicienne, elle chante et joue du piano. Elle est assez audacieuse dans sa façon de chanter… j’ai grandi en l’écoutant, et je n’ai pas chanté ni fait de la musique avant l’âge de vingt ans. Je n’ai pas eu envie de chanter avant d’avoir 20 ans. Ce n’est que tout récemment que je me suis mise à penser à mes influences, mais je sais maintenant que mon enfance exerce une grande influence. C’est un mélange de plein de choses. Il y a les chanteurs et chanteuses de jazz pour leur phrasé, et de grandes stars comme Annie Lennox, mais aussi des chanteurs et chanteuses qui sont plus confidentiels dans leur expression, plus obscurs. C’est donc un mélange de nombreuses choses. Quand j’ai entendu ma voix sur bande pour la première fois, elle m’a plu. Elle s’est beaucoup développée depuis le début. Tout ce temps, j’ai essayé de lui faire prendre de l’ampleur, d’explorer ses possibilités à l’aide d’un microphone, de l’effet de réverbération, etc. et ce que je peux en tirer. Mon son, je l’ai développé en m’écoutant, en essayant de trouver quelque chose de chaud qui permette de connecter.

ELISAPIE : Tu as fait beaucoup d’albums, c’est étonnant ! Où penses-tu être rendue maintenant sur le plan de l’expression ?

ANE BRUN : J’ai sorti deux albums cet automne en essayant de faire deux lancements différents. Le deuxième, qui vient de paraître (le 27 novembre), est plus détendu. J’ai tenté différentes choses et j’ai remarqué que ma voix est plus polyvalente maintenant. Je peux faire beaucoup de choses avec elle, c’est quelque chose que j’ai développé au fil des spectacles. Ces deux nouveaux albums font partie du même cycle. Au départ, je me proposais d’enregistrer un album et j’avais 16 chansons. Les chansons du premier album ont un son plus ample et donnent envie de bouger, beaucoup de rythme avec une production plus élaborée. En studio, certaines chansons ne se prêtaient pas à ce traitement, je les ai donc laissées « petites ». Quand j’ai écouté les enregistrements, il y avait trois « grosses chansons » dont je n’étais pas satisfaite. Je les ai donc refaites et j’ai ensuite ajouté encore d’autres petites chansons; j’en avais assez pour justifier un deuxième album. J’ai donc décidé de faire deux albums à partir du même cycle musical. Ces derniers mois, nous avons sorti une nouvelle chanson chaque mois, nous avions donc beaucoup de simples. Sortir tous ces simples a été une expérience, nous ne savions pas si ce serait trop et, finalement, ç’a très bien marché. Ç’a créé une dynamique. Quand le premier album est sorti il y a quelques semaines, le public était toujours intéressé.

ELISAPIE : Je trouve ça super que tu aies ton propre label ! Et aussi l’idée de sortir deux albums presque en même temps. Les gens ont tellement peur d’essayer de nouvelles choses !

ANE BRUN : Oui ! C’est une bonne chose en fait. Ç’a été très intéressant pour nous en tant que label, nous avons combiné une ancienne et une nouvelle façon de publier ma musique.

PAN M 360 : Pourrais-tu nous parler de ce deuxième album et de ses chansons qui se voulaient plus petites ?

ANE BRUN : Quand mon père est décédé, j’ai tout arrêté. Puis, j’ai commencé à écrire et les grandes questions ont surgi. Le mitan de la vie, mes racines, le fait que mon propre pays, ma petite ville me manquaient, etc. Mes paroles parlent de deuil, mais aussi d’existentialisme. Je suis en quelque sorte mon propre philosophe, mon propre Bouddha. J’aborde beaucoup de grandes questions sur ces albums. Bizarrement, cette année a également soulevé des questions similaires, ces chansons sont donc toujours d’actualité même si elles ont été écrites l’année dernière ! Un journaliste a dit que le plus récent album est très empathique et que le précédent est plus sombre. En effet, les petites chansons nouvelles sont plus empathiques, elles ne voulaient pas être grandes et grondantes, elles se voulaient plus discrètes. C’est ce qu’elles sont censées être pour les gens. Elles sont assez tristes parfois, mais elles sont aussi douces et réconfortantes. Alors que celles de l’autre album peuvent être assez dramatiques. Elles aussi sont reliées aux mêmes grandes questions, mais le résultat est différent.

Ane Brun. Crédit photo : Stian Andersen

ELISAPIE : C’est presque comme si tu te réconfortais toi-même !

ANE BRUN : Comme tu dis !  Et, oui, j’ai essayé quelque chose de différent. Mais toi, Elisapie, chantais-tu quand tu étais adolescente ?  

ELISAPIE : Comme toi, Ane, je n’ai découvert la chanteuse en moi que plus tard, ce qui est une bonne chose. J’avais 23 ans. Nouvelle vie pour une jeune Inuk, crise d’identité et tout le bazar… Bien sûr, je chante depuis que je suis petite, d’abord à l’église… J’aimais ça parce que c’était le seul endroit où je pouvais chanter ! Et nous n’avions pas d’école de musique ou d’autres institutions pour apprendre la musique. Il y avait aussi l’épatant groupe de rock de mon oncle, j’aimais donc déjà la musique quand j’étais adolescente, mais j’étais tellement timide que j’ai mis du temps à croire que, oui, je pouvais chanter.  

ANE BRUN : Je viens de regarder ta session de Tiny Desk, super !

ELISAPIE : Merci ! Ça s’est passé il y a un an et mon dernier album est sorti il y a deux ans. De nouvelles choses s’ajouteront sans doute à mon agenda créatif cette année. Depuis le printemps, je suis censée écrire de nouvelles chansons, mais je n’y arrive pas. Beaucoup de choses se sont produites, en particulier pour les autochtones du Québec. Beaucoup de prises de conscience en même temps que des choses tragiques se sont produites dans l’univers autochtone, à la lumière de Black Lives Matters. Un événement a été très important : une femme autochtone est morte dans un hôpital régional des mauvais traitements qu’elle a subis, l’horreur. Mais avant de mourir, à l’aide de son téléphone elle a pu filmer ces mauvais traitements qu’on lui infligeait, et ç’a créé une onde de choc ici. Il existe maintenant un mouvement appelé Justice pour Joyce (son nom) et il touche de nombreuses personnes, y compris les enfants des écoles primaires. « Bonjour Elisapie, je chante une chanson en inuktitut ! », m’a dit un enfant. À l’école secondaire de ma fille aînée, les enseignants ont parlé de cet événement tragique et de toute cette laideur. Les gens sont aussi de plus en plus conscients de la relocalisation des populations autochtones qui a eu lieu dans le passé et de toutes les horreurs qui ont été vécues dans les pensionnats pendant des années. Toute cette nouvelle prise de conscience est très positive. J’espère que cet hiver, je saurai me taire et écrirai de nouvelles chansons dans ma petite bulle, inspirée par le vent et la nature.

ANE BRUN : Peut-être seras-tu aussi inspirée par ces événements.

ELISAPIE : Oui ! Par un certain espoir et une certaine beauté. Il y a beaucoup de beauté qui demande à s’exprimer.

ANE BRUN : Vas-tu écrire en inuktitut ?

ELISAPIE : J’ai le sentiment que mon inuktitut n’est pas aussi limité qu’il l’était. Notre langue est très simple, très quotidienne. Avoir une approche poétique à la Bob Dylan n’est pas une façon très inuite de voir les choses mais… il se passe tellement de choses que je découvre du nouveau vocabulaire dans notre langue. Ce sera beaucoup plus amusant pour moi de jouer avec les mots. Donc, oui, l’élastique est plus lâche.

ANE BRUN : Peut-être es-tu en partie responsable de cette expansion de la langue.

ELISAPIE : Oui, c’est possible ! Les gens veulent entendre qui nous sommes surtout, pas qu’on vient du froid. Nous sommes aussi des êtres humains avec des sentiments, passionnés, intenses. Nous sommes tous beaucoup plus que des gens qui viennent d’un pays de froid et de neige blanche. Alors, Ane, restons en contact !

ANE BRUN : Oui ! Je vais parler à des organisateurs de festivals de musique pour qu’ils t’invitent en Scandinavie !

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