L’éblouissante Isata Kanneh-Mason à la Salle Bourgie

par Rédaction PAN M 360

Le concert de mardi soir à la Salle Bourgie a été tout simplement enlevant. Isata Kanneh-Mason était en ville et a proposé au public un programme remarquablement bien construit et, surtout, virtuose. 

La pianiste Isata Kanneh-Mason, née en 1996, jouit d’une renommée internationale qui est grandement méritée. Sa présence sur scène est hypnotisante. Les yeux de tout le public sont rivés sur elle, alors qu’elle s’imprègne de la musique qu’elle voit défiler dans son esprit. Parce que oui, un des points frappant du concert est le fait qu’elle a joué les quatre œuvres, environ 1h30 de musique, presque complètement par cœur! Elle démontrait non seulement une maîtrise des partitions, mais également des rythmes particuliers des pièces, notamment du Chopin en dernière partie, et semblait vibrer, presque danser au rythme des mesures. Elle a également démontré une concentration solide tout au long du concert, faisant fi des distractions et des embuches des partitions. Elle a excellé à communiquer les émotions et l’intensité du programme.

On pouvait observer une tendance, ou plutôt un fil conducteur tout au long du programme. Les œuvres, en ordre chronologique, racontaient en quelque sorte l’histoire du romantisme. En débutant avec la Sonate pour piano no. 60 (1794-1795) de Haydn, on pouvait en entendre les premières traces. Une œuvre assez tardive, probablement composée pour le pianoforte, l’ancêtre du piano moderne, on remarque l’humour et la qualité des thèmes qui sont typiques de la plume de Haydn. Le chromatisme dans le second mouvement, qui évoluait en une gamme qui semblait disparaître dans la brume, est à noter et a été réalisé avec délicatesse. La seconde œuvre, soit la Ostersonate (1828) de Fanny Mendelssohn, est pleinement romantique, avec de grandes largesses dans les mouvements et intensité qui sait captiver l’auditeur. Le canon durant le second mouvement est tout à fait délicieux, et souligne la clarté des voix tant dans la partition que dans le jeu de la pianiste. 

La seconde partie fait quelque peu écho à la première, avec l’enchaînement d’une pièce plus claire suivie par une pièce plus mouvementée. Les Kinderszenen (1838) de Robert Schumann sont un enchaînement de thèmes assez simples qui évoquent des images de la vie de l’enfant. Ses joies, ses rêves, ses peurs, ses anxiétés, etc. Prenant à forme d’une histoire, peut-être une berceuse, on a presque envie de s’endormir avec l’enfant après la conclusion du poète. La dernière œuvre était la Sonate pour piano no. 3 (1844) de Chopin. Kanneh-Mason a eu l’opportunité ici de démontrer tout son savoir-faire, toute sa maîtrise du répertoire, et toute sa virtuosité à travers le déluge de notes, les montées volcaniques et les délicates descentes qui peignaient un délicieux paysage musical. Les voix qui apparaissaient et qui semblaient disparaître comme par magie gardaient l’attention du public déjà comblé, et les rythmiques particulières du dernier mouvement étaient plus qu’intrigantes. On sentait à nouveau combien cette musique semblait chère à la pianiste. Elle a remercié l’accueil chaleureux du public avec un court rappel, une étude de Chopin (encore lui!), qui était tout à fait majestueuse.

La Salle Bourgie a gâté son public, encore une fois, avec un artiste de renommée mondiale qui a su donner vie au répertoire et au programme. Il est sûr que plusieurs auditeurs verront ces œuvres différemment après avoir vu l’interprétation qu’en a fait Isata Kanneh-Mason.

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