indie rock / krautrock / math rock / néo-psychédélique / pop-rock / post-rock / punk / rock expérimental

Faits saillants du FME 2021

par Stephan Boissonneault

Ce festival boréal a accueilli certains des artistes les plus fascinants du moment.


Le week-end dernier, à huit heures de voiture de Montréal, avait lieu à Rouyn-Noranda la 19édition du Festival de musique émergente (FME). Pendant quatre jours, les musicophiles ont pu voir et entendre les créateurs de musique qui ont le vent dans les voiles, au Québec et en Ontario. Des représentants de la vieille garde y étaient aussi, comme les porteurs du flambeau post-art-rock The Besnard Lakes et les héros du prog-métal futuriste Voivod. Or, le FME met surtout en scène des artistes dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler. PAN M 360 se fait un devoir de vous présenter quelques incontournables.

Hippie Hourrah

Les fans des formations The Growlers ou Allah Las se réjouiront du son de Hippie Hourrah, le nouveau projet psychédélique-paisible de Cédric Marinelli (Les Marinellis), Miles Dupire-Gagnon (Elephant Stone, Anemone) et Gabriel Lambert (Elephant Stone, Anemone, The Besnard Lakes). Hippie Hourrah transporte l’auditeur dans un brouillard hypnotique. Vous serez émerveillés par les solos de guitare aux effets de boucles et de delay. La formation transcende amplement le bizounage de guitares, cependant. Un sitar-basse produit d’efficaces effets de bourdon, les textes en français semblent légers, mais sont complexes. Hippie Hourrah s’avère la trame sonore parfaite d’un jogging matinal, d’une séance de yoga ou d’une dégustation de produits psychédéliques, si c’est votre truc. Le groupe sera en concert à Sherbrooke en novembre.

Marie Davidson & L’Œil Nu

Marie Davidson fait de l’électro-pop expérimentale depuis 2012, année de parution d’un premier album homonyme. Son plus récent projet comprend un trio d’amis-musiciens de longue date, qui ont tous fait leurs armes sur la scène DIY de Montréal. Leurs prestations valent le coup. Il s’agit d’un retour à l’électro-pop éthérée si particulière de Marie Davidson, mais avec de plus grandes dents. Le nouvel album Renegade Breakdown pourrait servir de bande-son à tout film d’horreur ou de suspense. La voix vaporeuse de Davidson ensorcelle l’auditeur. Les sonorités de ce nouveau projet ne sont pas sans rappeler les gloires classic-rock comme Heart ou Fleetwood Mac, mais elles évoquent aussi l’ambiance sombre d’une discothèque allemande. On écoute cet album fort, tard le soir, après quelques consommations. Marie Davidson & L’Œil Nu font un concert par mois à La Tulipe, avant d’aller tourner en Europe.

Ouri

La prestation de la multi-instrumentiste, DJ et productrice de musique électronique Ouri au FME nous a permis de souffler un peu, après des performances plus tonitruantes. Elle joue d’une foule d’instruments dont la guitare basse synthé, basse et lap steel. Ajoutons à cela sa voix R’n’B langoureuse, et on obtient un résultat saisissant. Son groupe d’accompagnateurs, constitué d’un maître-claviériste et d’un solide DJ au synthé modulaire, est tout à fait digne de mention. La prestation a pris fin sur une note angélique, lorsque le chanteur québécois Antony Carl a harmonisé sa voix à celle d’Ouri sur le simple Felicity, paru il y a un mois.

Yoo Doo Right

Montréal a son lot de formations chouchous post-rock et krautrock. Et elles sont prolifiques. Il y a bien sûr Godspeed You! Black Emperor et Fly Pan Am, mais aussi les nouveaux venus Yoo Doo Right, qui ont lancé en mai leur premier album complet, Don’t Think You Can Escape Your Purpose. Ce groupe est en train de faire sa place. Si A Place to Bury Strangers est le groupe le plus bruyant de New York, alors il en va de même pour Yoo Doo Right à Montréal. Le volume était au max lors de ce concert qui a littéralement résonné dans les rues de Rouyn-Noranda; il s’agissait d’une prestation « secrète » à l’extérieur. Le post-rock de Yoo Doo Right, surtout instrumental, hypnotise le musicophile. Les « interludes » de dix minutes sont axés sur la répétition, pour provoquer un enchantement cosmique chez le spectateur. Les riffs gargantuesques, la basse tonitruante et le rythme martial vous étourdissent, vous incitent à songer à la complexité de la vie et du cosmos… et à en redemander.

Ducks Ltd.

Le son de Ducks Ltd. se trouve entre celui – de type jangle-pop – des Smiths et celui de groupes plus contemporains comme Beach Fossils. La voix du chanteur Tom McGreevy a l’intensité d’une bagarre générale dans un bar, ce qui n’empêche pas la musique du groupe d’être apaisante et chic. Ducks Ltd. compte aussi dans ses rangs Evan Lewis, qui participe à la composition et à l’écriture des chansons. Sur fond de guitare ensoleillée et d’accords mélodieux, McGreevy chante la fragilité de l’humanité. Les accroches indie-rock vous donneront à la fois envie de sauter partout et de songer à ce qui cloche, chez l’autre. Get Bleak, leur premier microalbum du duo, contient des traces de nihilisme, de cynisme et de pessimisme rock. Un album complet, Modern Fiction, paraîtra en octobre.

The OBGMs

Ayant pour nom un sigle correspondant à « Oooh Baby Gimme Mores », The OBGMs est un trio punk-rock de Toronto au son trempé dans la sueur et la fureur. Comme les légendes punks Bad Brains et The Jam, les OBGMs chantent des récits de trahison, de ressentiment et de découragement. Il faut les voir en concert. Toutefois, on se sentira bizarre de ne pouvoir « mosher » au son de leur punk mélodique, compte tenu des restrictions actuelles. Le chanteur Densil McFarlane domine la scène, avec ses mouvements de tête et son attitude DIY. Comme lorsqu’il s’étend sur la scène ou court sur celle-ci pendant toute une chanson. Précisons que le groupe figure sur la liste restreinte des prix Polaris, pour son album The Ends paru en 2020.

Visibly Choked

Beaucoup de groupes ont vu le jour durant la pandémie, par rejet ou par passion. Au nombre de ceux-ci se trouve la formation punk hardcore expérimentale Visibly Choked, de Montréal. Ses membres se produisaient sur l’une des scènes les plus modestes du festival, mais la violence de leur prestation a provoqué une sorte de narcose chez tous les spectateurs. Avec son visage qui se tordait comme sous l’effet d’épisodes de colère aiguë, ainsi que ses sourires provocateurs, la chanteuse Gabby Domingue semblait possédée. La musique de Visibly Choked est radicale; elle se trouve à la frontière du math-rock expérimental et du punk blastbeat extrême. La voix de Gabby provient d’un puits de fureur et de douleur. Tous les spectateurs ne peuvent qu’en prendre acte. On a eu l’impression d’un concert bref, mais il importe d’avouer que cette chevauchée cacophonique nous a fait perdre toute notion de temps. Un simple, Mother Tongue, paraîtra dans quelques jours et un microalbum homonyme sera lancé en novembre. Mais n’oubliez pas : il faut les voir en concert.

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