L’Orchestre Métropolitain a choisi quatre lauréats pour son premier Concours de composition, inspiré par l’œuvre de Beethoven : Marie-Pierre Brasset, Cristina Garcias Islas, Francis Battah et Nicholas Ryan. Lancée en mars dernier, cette compétition vise à commémorer le 250e anniversaire du fameux compositeur allemand. L’an prochain, les œuvres des lauréats seront créées par l’Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le présent dossier vise à vous faire découvrir ces compositeurs et leurs œuvres, interviews de PAN M 360 à l’appui.
Place à Nicholas Ryan, jeune compositeur d’à peine 30 ans natif de Montréal. Avant d’être compositeur, Nicholas est un interprète de la guitare électrique, pour laquelle il a déjà écrit plusieurs pièces de chambre. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait étudié avec Tim Brady, l’un des meilleurs interprètes et compositeurs contemporains pour cet instrument. Il a également été formé par Sandeep Bhagwati et Georges Dimitrov à l’Université Concordia, deux grands défenseurs de l’interdisciplinarité et de l’ouverture de la musique contemporaine sur les traditions non classiques telles que l’électro, le bruitisme, le rock underground, le punk, le post-punk, etc. C’est une vision artistique que partage pleinement Nicholas.
PAN M 360 : Où as-tu grandi et qu’est-ce qui t’a amené à devenir musicien ?
NICHOLAS RYAN : J’ai grandi à Montréal. Difficile de dire ce qui m’a amené à la musique. J’imagine que ce sont de bons amis et de bons professeurs. Ça et la découverte de Xenakis !
PAN M 360 : T’identifies-tu à une tradition compositionnelle ?
NICHOLAS RYAN : Non, pas vraiment. Mais si l’artiste interdisciplinaire Ragnar Kjartansson ouvre une école de musiques nouvelles, je serai son premier étudiant.
PAN M 360 : Dans quelle esthétique t’inscris-tu ?
NICHOLAS RYAN : Une bonne partie de ce que je fais comme compositeur consiste à chercher à traduire en sons des idées tirées des arts visuels ou de la littérature. Parallèlement, l’essentiel de ce que je fais comme artiste visuel consiste à chercher à traduire en images ou en installations des idées venues de la composition.
PAN M 360 : Quels sont les traits principaux de ton travail ?
NICHOLAS RYAN : Son. Silence. Something…
PAN M 360 : Selon toi, y a-t-il une différence entre les compositeurs formés académiquement aujourd’hui et ceux du passé ?
NICHOLAS RYAN : Difficile à dire, parce que je ne crois pas que ma formation universitaire en composition ait été très conventionnelle.
PAN M 360 : Quels sont tes goûts musicaux en tant que mélomane ?
NICHOLAS RYAN : Je suis arrivé à la musique par la guitare électrique qui, pour moi, est un instrument éclectique. Donc, oui, j’écoute de tout, même si ça peut paraître cliché.
PAN M 360 : Quelles sont tes œuvres principales, celles dont tu es le plus fier ?
NICHOLAS RYAN :
Something for James Tenney’s Spectral Canon for Conlon Nancarrow :
Poème Symphonique 2.0 ( BETA) :
Quintet (For 5 Electric Guitars and Audience) :
Elles sont toutes disponibles sur ma nouvelle page YouTube N.M. Ryan. Je publie aussi des micro-pièces sur mon compte Instagram (@n_m_ryan).
PAN M 360 : Y a-t-il un projet global à long terme qui t’anime en tant que compositeur, un héritage que tu aimerais laisser ?
NICHOLAS RYAN : On dit que les musiciens du Titanic ont continué à jouer pendant que le navire sombrait. Si je pouvais trouver le moyen de recréer cette scène, mais dans un avion qui tombe du ciel au lieu d’un navire qui sombre, sans que ni les artistes ni le public ne se blessent, alors je pourrais probablement prendre ma retraite des arts le lendemain matin.
PAN M 360 : Décris-nous la pièce qui sera jouée par l’Orchestre Métropolitain ?
NICHOLAS RYAN : C’est une sorte de mariage entre The Unanswered Question de Charles Ives et Four Organs de Steve Reich. Ce n’était même pas voulu, mais ça s’est présenté comme ça ! Pour l’instant, le titre est Eroisca, mais ça pourrait changer.
La structure a été inspirée par le texte Easter Pome de bpNichol, un artiste pluridisciplinaire canadien né en 1944 et mort en 1988, mais aussi, de toute évidence, par mes réflexions sur la pertinence de Beethoven au 21e siècle.
Avant de conclure, j’aimerais dire à quel point je suis honoré par l’opportunité qui m’est offerte par l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin. J’ai très hâte de voir (et entendre) le résultat !